C’est paradoxalement en Cerdagne, région de haute montagne des Pyrénées-Orientales, que le passage au poste-frontière entre la France et l’Espagne est le moins accidenté.

Ce haut-plateau, situé à 1200 mètres d’altitude, dominé au nord par le massif du Carlit et au sud par le Puigmal forme un espace qui va du col de la Perche à l’entrée du défilé qui mène à la Seu d’Urgell.

Pour arriver en France, les réfugiés pouvaient emprunter le poste frontière de Bourg-Madame et la route qui mène à Llivia.

Très rapidement des camps improvisés s’ouvrent ici et là autour de Bourg-Madame.

Valcebollère-Osséja

Les réfugiés qui arrivent par Valcebollère ont dû affronter des reliefs de haute-montagne. C’est par là qu’arrive, le 27 février 1939, un premier groupe de 5 miliciens. Ils se présentent à Osséja après une marche clandestine de 20 jours et un franchissement du Pla des Salinas (1800m) sous la neige. Le lendemain c’est un groupe d’une soixantaine de personnes qui se présente. Malgré l’inhospitalité des lieux, les passages vont se poursuivre tant que la voie est libre.

La ville d’Osséjà réquisitionne deux salles de l’école communale pour installer une infirmerie. Elle met aussi en place un camp de rassemblement. Ce camp est très provisoire puisqu’il sera levé le 18 février. Il sera remplacé par ceux de Bourg-Madame et Latour-de-Carol.

Le flux de réfugiés par Valcebollère et Osséjà, loin d’être négligeable, n’est pas comparable à ceux de Bourg-Madame, Llivia ou Latour-de-Carol. Les arrivées se font par petits groupes. Le nombre de réfugiés passés par Valcebollère est estimé entre 5 000 et 8 000 personnes.

Bourg-Madame – Puigcerdà

À Puigcerdà et ses environs, dès le 26 janvier, pas moins de 15 000 personnes se concentrent dans l’attente de l’ouverture de la frontière.

Comme partout ailleurs celle-ci n’ouvrira que le 28 janvier 1939. Exceptionnellement elle a été entr’ouverte un jour avant pour une trentaine d’enfants et leurs accompagnatrices.

Des refugiés traversent la frontière à travers champs dans toute la Cerdagne.

Au cours des derniers jours de la Retirada, les habitants de Bourg-Madame peuvent suivre dans le ciel les attaques de l’aviation franquiste sur les unités républicaines en retraite.

Le 8 février trois avions junkers mitraillent les divisions d’infanterie qui se replient dont la 26ieme de Durruti. Le 9 février, Guil, Das et Prats de Cerdanya sont bombardés.

Au total on estime à 30 000 le nombre de réfugiés qui ont passé la frontière par Bourg-Madame.

Llivia

L’enclave de Llivia va servir à soulager Puigcerdà de ses nombreux blessés. Dans un va-et-vient d’ambulances, ils seront ensuite évacués vers Latour-de-Carol. Le 8 février, les hôpitaux de Llivia sont évacués. Le 11 les franquistes occupent l’enclave.

Llivia aura vu passer un fort contingent d’unités militaires en retraite : 3000 soldats le 7 février, 8 000 le 8 février.

Finalement Llivia aura vu passer près de 60 000 personnes.

Latour-de-Carol

La gare de Latour-de-Carol a joué un rôle central. Tous les réfugiés de Cerdagne y sont arrivés à un moment où à un autre.

Aux premiers jours de l’exode, ce sont surtout les femmes et les enfants qui arrivent à la gare par trains entiers. Dés le 28 janvier 3 convois de 600 personnes chacun entrent en gare.

Tout le monde est vacciné et restauré au buffet de la gare puis des convois sont organisés vers les départements français de l’intérieur.

Avec l’arrivée massive des hommes de troupe, les problèmes deviennent plus compliqués à gérer.

On estime à 20 000 le nombre de personnes qui ont besoin d’un abri et qui n’en ont pas. Les camps en sont dépourvus.

Les combattants de la célèbre division Durruti, la 26ième, composée exclusivement d’anarchistes, sont enfermés dans la citadelle de Mont-Louis. Le même sort est réservé aux volontaires des Brigades Internationales.

La fin de l’exode en Cerdagne

Les routes et les champs encombrés d’hommes, de véhicules et de bétail, donnent une image chaotique de la Retirada en Cerdagne. La présence de nombreuses liaisons ferroviaires a de fait privilégié le transfert au lieu de l’accueil. En Cerdagne plus qu’ailleurs l’exode à été dès le début supervisé par les militaires. L’organisation a prévalu sur la solidarité.

Le 11 février les franquistes occupent la frontière.

Il faudra encore plusieurs semaines pour finir d’évacuer les concentrations humaines de réfugiés en Cerdagne.

Le 10 mars 1939 tous les camps de Cerdagne sont levés, ils auront vu passer plus de 100 000 réfugiés

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