Retirada : avant les barbelés, la solidarité (7) : Saint-Laurent-de-Cerdans

par | 8 décembre 2023 | Enquête

Qui aurait pu imaginer qu’à Saint-Laurent-de-Cerdans, qui n’est relié par aucune route avec l’Espagne, cheminant sept heures dans les montagnes, passeraient une quarantaine de mille réfugiés.

Le point de passage de la frontière est situé à Coustouges, qui n’est accessible qu’à pied ou à cheval.

Les différents fronts de Catalogne ( Solsona, Garraf, Manresa ) étant rompus, les unités militaires républicaines se replient en masse. Dès le 26 janvier 1939 un barrage de gendarmerie est installé. Comme partout il est levé le 28 janvier. Les miliciens sont désarmés et restaurés à la salle de bal de l’Union Sandalière qui est transformée en réfectoire. Ils sont ensuite évacués vers Arles-sur-Tech.

La confection d’espadrilles faisait de Saint-Laurent un village à forte tradition ouvrière. Les travailleurs laurentins avaient choisi de s’organiser en coopérative ouvrière qui donne naissance en 1923 à l’Union Sandalière.

Les locaux de cette coopérative vont accueillir les réfugiés pour les nourrir et les soigner. Une infirmerie est aussi organisée dans l’usine.

Le village d’en bas (El Moli) celui des travailleurs et des usines est par nature et tradition enclin à la solidarité. Le village d’en haut (El Castell), mu par des sentiments chrétiens ne sera pas de reste.

Si du côté de l’Union Sandalière il est difficile de détacher un nom, du côté de l’église un nom est à retenir, celui de l’Abbé Bousquet. Nommé curé de la paroisse depuis 1935, il va se dévouer dès les premiers jours de l’exode. Il transforme la colonie de Notre-Dame de la Sort en un hôpital de 100 lits puis, au plus froid de l’hiver, il abritera les hommes du camp voisin dans la chapelle et l’église paroissiale.

Malgré les efforts de tous, Saint-Laurent ne peut héberger les milliers de réfugiés que les autorités s’efforcent de retenir dans l’attente de solutions à l’encombrement des camps du littoral.

Vers le 12 février, les arrivées sont plus clairsemées et annoncent la fin de l’exode. Il n’y a plus que les combattants qui entrent. Les femmes, les enfants et les vieillards, arrivés les premiers, ont été évacués vers l’intérieur via Arles-sur-Tech.

Les blessés et les malades sont toujours accueillis à N.D de la Sort, à l’Union sandalière et à l’hospice situé en face de l’église.

C’est aux environs du 15 mars que les derniers réfugiés seront évacués.

L’exode des Républicains espagnols a marqué la vie de Saint-Laurent au point d’en garder le souvenir en abritant dans les locaux de l’ancienne Union Sandalière le seul musée de la Retirada des Pyrénées-Orientales.

Ce texte est un extrait de lecture du livre de Serge Barba « De la frontière aux barbelés, les chemins de la Retirada 1939 » édité aux éditions Trabucaïre en 2017. Je vous en recommande vivement la lecture.

Partager sur

En Bref

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

Victoires populaires

Le temps de la colère a sonné. Nous faisons partie des 7 Français·es sur 10 favorables à un blocage total du pays le 10 septembre*. Après 8 années de pouvoir calamiteuses, le budget 2026 proposé par Bayrou est une insulte aux travailleuses, travailleurs et aux plus...

CAFÉ CITOYEN

AU CAFÉ CITOYEN PROPAGANDE ET RÉALITÉ       L’actualité nous dicte parfois le sujet du café citoyen. Celui du samedi 06 septembre débattra donc sur le surendettement de l’État français et sur l’embrouillamini du conflit israélo-palestinien. Sur ces 2...

Café associatif Barnabu

Réunion des adhérents vos envies et projets   pour la programmation dela saison 2025/2026  Chers membres, La saison dernière, l’équipe du Barnabu s’est efforcée de vous proposer une programmation dense, diversifiée et de qualité. Comme...

Monsieur le sous-préfet

Jeudi 14 et vendredi 15 août je me suis promené dans le périmètre feria avec quelques amis. Jeudi nous étions trois et six le lendemain. Sur la poitrine nous portions des messages : « Palestine solidarité » ou « Halte au génocide » ou encore « La Palestine appartient...

Au bout du fil de la presse libre

Défendons la presse libre

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1028822
Total Users : 1028822

mardi 2 septembre 2025, 18:18

Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers