Roses, 20 000 habitants l’hiver / 100 000 habitants l’été, risque d’être une des premières stations balnéaires méditerranéennes à être privée d’eau cet été.

Petit à petit les pièces d’un puzzle qu’on pensait inimaginable il y quelques années à peine se mettent en place. Cette fois-ci nous vous amenons de l’autre côté de la frontière, en Catalogne sud, dans la plaine de l’Ampurdan.

L’Ampurdan est une plaine agricole bordée par la baie de Roses.

On devrait plutôt dire « était » une plaine agricole tant la question de la sécheresse y est prégnante.

Il y a quelques jours à peine, les agriculteurs qui bloquaient l’AP7 (l’autoroute qui file vers Barcelone) pointaient les risques d’un conflit de l’eau qui représente une véritable bombe à retardement.

Assujettis à des restrictions drastiques, ils dénoncent avec incompréhension la consommation des stations balnéaires du bord de mer comme Roses. Ces stations, construites pour un tourisme de masse ont établi leur modèle sur une surconsommation d’eau potable.

Les agriculteurs ont été les premiers à poser la question du partage de l’eau dans un territoire où cohabitent agriculture de masse et tourisme de masse.

Il suffit de traverser la plaine de l’Ampurdan pour constater la sécheresse qui y règne. Les grands champs limoneux, autrefois fertiles, qui représentaient une zone de maraichage extrêmement importante, sont aujourd’hui devenus des zones sablonneuses sèches. À cette heure, la question ne porte plus sur le volume de production, mais sur l’existence même d’une production.

Les agriculteurs ne pourront plus arroser leurs cultures, ils pourront seulement maintenir leurs arbres en vie.

Fin février la communauté des usagers de l’eau de la Muga, un des fleuves du haut Ampurdan a sonné l’alerte : « Le bassin de la Muga, est l’épicentre de la sécheresse en Catalogne, il se trouve dans une situation très préoccupante . . . C’est le bassin le moins arrosé du pays ».

Le bassin de la Muga possède une retenue. L’eau est actuellement à moins de 10 % de la capacité du barrage. Il est probable que d’ici trois mois la retenue soit à sec. Il n’y aucune possibilité de faire venir l’eau d’un autre lieu dans ce bassin versant.

S’il ne pleut pas de manière significative, la même communauté des usagers de l’eau prévoit qu’il n’y aura pas d’eau potable pour approvisionner la population résidente d’ici à la fin du mois de juin.

La consommation maximale d’eau, déjà limitée à 200 litres par personne et par jour (toutes activités confondues) devrait passer à 180 litres dès la semaine prochaine.

Francesc Camps, l’un des responsables du comité des usagers de l’eau indique : « Certaines activités économiques comme le tourisme subiront également des restrictions sévères ».

Parallèlement, la Catalogne est passée de 6 millions à 8 millions d’habitants en 20 ans.

Les mêmes « solutions » qui sont mises en place à Barcelone sont préconisées ici : approvisionnement de l’eau potable en bateau, unités mobiles de dessalement de l’eau de mer. Le tout, sans chiffrer bien sûr la réalité, le coût, la faisabilité et la pertinence.

Ces pseudo solutions tournent le dos à la question qui va devenir incontournable et à laquelle il va falloir répondre : la côte méditerranéenne a-t-elle les moyens hydriques d’entretenir « en même temps » le tourisme de masse et la satisfaction des besoins de la population sédentaire ?

Il est évident que si cette question se pose aujourd’hui avec acuité à Roses et sur la côte de l’Ampurdan. Elle concerne toute la côte méditerranéenne avant et après la frontière.

Pour ce qui concerne l’ex-Languedoc-Roussillon les mêmes causes vont créer les mêmes problèmes :

  • Sécheresse chronique et durable,
  • Afflux permanent et régulier de population dans les départements littoraux,
  • Tourisme de masse entre Argelès à l’ouest et le Grau du Roi à l’est,
  • Répartition de la consommation entre résidents à l’année et résidents saisonniers,
  • Agriculture et /ou tourisme ?

Face à ces questions majeures pour le vivre ensemble, force est de constater que les pouvoirs publics en Catalogne comme en Occitanie en sont réduits à attendre qu’il pleuve dans la croyance capitaliste que les stocks vont se refaire.

Ils oublient simplement que la nature ne gère pas ses stocks comme un supermarché.

 

 

 

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