Le jeudi 19 juin à une courte majorité, les députés ont adopté un amendement du groupe Droite républicaine– présidé par Laurent Wauquiez – instaurant un moratoire « sur le développement de nouvelles installations de production d’électricité utilisant l’énergie photovoltaïque et éolienne« .
Principalement voté avec les voix du Rassemblement national qui a imposé à Bayrou un passage à l’Assemblée, le menaçant d’une motion de censure si ce n’était pas fait.
Non pas pour sauver nos espaces naturels et dénoncer le capitalisme vert, mais par pur opportunisme électoral et idéologique, et en défendant le nucléaire.
Cet amendement s’est voté contre l’avis du gouvernement dans le cadre de l’examen en première lecture de la proposition de loi portant programmation nationale énergie et climat pour les années 2025 à 2035.
« C’est une grande victoire pour nos idées ! », s’est réjoui Maxime Amblard, député RN, spécialiste de l’énergie et « accessoirement » salarié de Framatome.
Le « bloc central » (Horizons, Renaissance et Modem) n’était pas très présent et les bancs de la gauche étaient clairsemés.
La gauche – Socialistes, Écologistes et La France Insoumise –a eu des arguments qui laissent entendre qu’elle n’a pas conscience de ce qu’il se passe sur le terrain, comme par exemple Aurélie Trouvé affirmant « La France n’aura pas l’électricité dont elle a besoin dans les cinq ou les dix ans qui viennent« .
Or, la France est en surproduction, au point de craindre une grosse panne comme l’Espagne et consomme moins que prévu !
La gauche qui défend emplois et employeurs, comme un des principaux arguments,autrement dit Total, EDF, Engieet autres multinationales…Les énergéticiens se frottent les mains.On croit rêver !
Mea culpa. Cependant certains reviennent sur leurs convictions :
LFI reconnaît les problèmes posés par le photovoltaïque sur les espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) une des notions qui devrait éviter l’artificialisation des sols.
Effectivement, on « naturalise » les villes (sauf à Béziers !)et on bétonne en milieu rural pour installer des centrales qui produisent de l’électricité.
Les socialistes, dont le député Dominique Potier, fer de lance de l’agrivoltaïsme a avoué s’être fait avoir, et les Écologiste sont rappelé qu’il y avait suffisamment de friches industrielles pour le photovoltaïque… Bref, on avance !
En Occitanie, des associations ont essayé de rencontrer quelques élu-es de gauche pour leur expliquer que le problème ce ne sont pas les énergies renouvelables (EnR), mais la manière dont ça se passe, et surtout les endroits où les industriels, avec la bénédiction des préfets, implantent leurs centrales.
Qu’il nous faut penser aux besoins réels et à la sobriété avant d’accélérer la production d’électricité, en la privatisant. Malheureusement ceux-ci n’ont même pas souhaité écouter.
C’est pas gagné et il me semble qu’il ne faut pas renoncer à discuter de ces sujets, sinon, tous les anti-EnR industrielles (tous ne défendent pas pour autant le nucléaire et les énergies fossiles) sans conscience politique, vont voter RN, ou droite extrême.
Après l’éventuelle adoption de cet amendement lors d’un vote prévu mardi 24 juin, la proposition de loi devra retourner au Sénat pour une deuxième lecture. Sans certitude sur l’avenir du texte alors que le gouvernement a indiqué qu’il publiera la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) par décret (sic !! sans discussion) avant l’été.
Tout ceci ne nous empêche pas de reconnaître que deux des arguments du député LR Jérôme Nury auteur de l’amendement pour un moratoire, sont justes : la puissance installée en France est largement suffisante et des études sérieuses sur les impacts des centrales éoliennes et photovoltaïques manquent cruellement.
S’il s’agit de dire « on s’arrête et on réfléchit », on est d’accord.
Légende photo : exemple de bétonisation d’espace naturel pour une centrale éolienne. Un seul socle pour poser une éolienne équivaut en béton à une piscine olympique