En Indonésie, l’extraction massive du nickel pour l’industrie déloge une tribu ancestrale.
Dans l’île d’Halmatura à 2400 km à l’est de Jakarta vit la tribu des Hongana Manyawa (le peuple de la forêt). 500 de ses membres mènent une vie nomade, sans aucun contact avec la civilisation moderne.
3000 autres membres de la tribu acceptent des contacts limités.
Pas moins de 17 % du nickel mondial vient de cette île indonésienne et le pays est de loin le premier producteur mondial.
Le sort des Hongana Manyawa a suscité une grande émotion après la diffusion de vidéos virales qui montrent les membres de la tribu amaigris, sortant de leur forêt pour mendier de la nourriture.
Les 45 000 hectares de la concession minière permettent de voir ce que coûte pour les humains comme pour la nature cette extraction.
Des explosions à répétition font exploser le minerai. Des hélicoptères tournent sans arrêt, des souches d’arbres sont autant de signes de la déforestation.
Les excavatrices arrachent la terre, le fond des rivières est tapissé d’une lourde boue rougeâtre, les poissons ont disparu de cette eau souillée et polluée.
La constitution indonésienne garantit pourtant les droits fonciers des autochtones. En 2013, la cour constitutionnelle a même donné le contrôle des forêts coutumières aux communautés locales plutôt qu’à l’État.
Dépourvus de titres de propriété les Hongana Manyawa luttent difficilement contre le géant industriel qui leur fait face.
La concession minière appartient à Weda Bay Nickel (WBN) dont l’actionnaire majoritaire est le géant de l’acier chinois Tsingshan. L’actionnaire minoritaire est le groupe français Eramet dont le PDG accompagnait Macron lors de son dernier voyage en Indonésie.
Pour Eramet, interpellé par des ONG, il n’y a « aucune preuve » que des membres de la tribu Hongana Manyawa vivent isolés sur la concession.
C’est sans doute pour ça, parce qu’Eramet se croit seul au monde, qu’il demande l’extension de la concession.
Mais le gouvernement indonésien a fini par admettre le contraire.
C’est la première reconnaissance officielle par Jakarta de la présence de la tribu nomade.
Pour l’ONG « Survival International », la création d’une zone interdite est le seul moyen de protéger la tribu et d’empêcher son anéantissement.
Depuis le début de l’exploitation du nickel en 2019, la zone s’est rapidement transformée en une sorte de Far West excessivement dangereux.
La main-d’œuvre de la mine a plus que doublé depuis 2020 pour atteindre 30 000 salariés.
La plupart des salariés sont des personnes étrangères à l’Indonésie ce qui décuple le non-respect des populations autochtones, le racisme et la violence.
À ce jour 11 manifestants autochtones contre les activités minières ont été incarcérés selon Amnesty International.
Au vu d’un tel tableau, on ne peut que confirmer qu’il n’y a pas d’extractivisme heureux et de mines propres.
Et exiger en conséquence : pas d’extraction minière chez nous entre Lodève et Bédarieux ni en Indonésie ni ailleurs dans le monde.
L’urgence c’est la sobriété et le recyclage !