À Béziers comme à Paris le fascisme développe sa stratégie du mythe du chef qui fait et qui sait tout.
Pour les fascistes du monde entier, la première étape consiste à bannir le concept de « leader » tel qu’il est utilisé dans la démocratie.
Dans leur mythologie, la démocratie bourgeoise s’est emparée de l’idée de guide que véhicule le mot « leader » (führer en allemand) et l’a fourvoyé.
La notion de représentation temporaire est totalement extérieure au fascisme. C’est pourquoi il oppose au concept de « leader » celui de chef.
Le « leader » inspire et indique une direction mais certains peuvent choisir de ne pas l’emprunter. La conséquence qu’en tire les fascistes c’est que si un « leader » peut être contesté, c’est qu’il n’a pas le pouvoir.
Le chef, lui, ne négocie pas. Il donne la direction à prendre et cette direction n’est pas négociable.
Dans la mythologie fasciste, pour gouverner, il faut être un décideur, quelqu’un qui agit, qui entraîne les autres. C’est pourquoi le chef ne fait pas semblant de prendre en considération les dissensions qui surgissent.
Le chef ne discute pas car c’est du temps perdu. Comme il ne discute pas il peut agir vite, même s’il se trompe.
Au-delà du socialisme et du communisme, la hantise des fascistes est le parlementarisme, ils y opposent un pouvoir renforcé.
Ce pouvoir favorise la concentration des votes autour de quelques figures fortes savamment mises en lumière. Ces figures fortes polarisent les opinions et opposent systématiquement deux camps l’un à l’autre
Le fascisme abhorre les espaces participatifs horizontaux (partis, commissions, comités, collectifs, conseils), ils incarnent à ses yeux une dilution du pouvoir.
À l’inverse, pour les fascistes celui qui gouverne doit agir avec le plus de latitude possible.
C’est pourquoi ils font la promotion d’un pouvoir concentré entre les mains d’un homme fort (très souvent) ou d’une femme forte (très rarement). Cet homme où cette femme doivent être capables d’identifier les besoins de la multitude et d’y répondre individuellement. Ce qui est bien sûr impossible.
Pour prendre le pouvoir, ils font aussi la promotion d’un fonctionnement moins dispendieux et plus efficace.
La démocratie, avec ses multiples strates de concertation génère pour eux une perte de temps et d’argent.
Ils n’hésitent pas à dire que le chef, lui, fait faire des économies puisqu’il décide tout ou presque.
Dans l’idéal fasciste le système de gouvernement le plus efficace reste la dictature. En attendant, quitte à faire avec, il faut discréditer la démocratie.
Pour les fascistes le dernier avantage à avoir un chef plutôt qu’un « leader » : c’est que les citoyens alignent leur conduite sur celui ou celle qui les gouvernent.
Dans les bréviaires fascistes, un peuple dirigé par un « leader » est bruyant, indiscipliné. Il exige d’être écouté, de discuter.
À l’opposé un peuple qui s’est choisi un chef s’en remet à lui. Le fascisme moderne à compris qu’en ces temps d’incertitude, le désir inconscient de soumission à un maître, peut-être exploité.
C’est sans doute là, le plus gros danger au niveau local comme au niveau national.
La semaine prochaine ce sera l’outil de la communication
Localement et nationalement la nécessité de battre électoralement Ménard et l’extrême droite n’est plus l’alpha et l’oméga de la vie politique à gauche. À Béziers comme à Paris le danger fasciste est sous-estimé. Cette série à pour but de contribuer à réaffirmer la prégnance de ce danger.