À Béziers, comme à Paris, le fascisme peut s’installer sans le bruit assourdissant des bottes.
On ne devient pas fasciste sans avoir un ennemi, pour s’imposer, le fascisme doit d’abord s’opposer.
Les démocrates pensent qu’il est légitime que des opinions différentes existent. Ils n’appellent pas leurs antagonistes « ennemis », mais « opposants ».
En démocratie, personne n’empêche son opposant d’exprimer ses idées et de demander l’approbation du plus grand nombre. L’opposant est quelqu’un qui peut accéder au pouvoir.
Cette tendance de fond démocratique est très utile au fascisme. C’est pourquoi il prend soin de ne pas affirmer ouvertement qu’il est fasciste.
Les démocrates, surtout de gauche, souhaitent que le fascisme n’existe plus, qu’il appartienne au passé et qu’il ne revienne pas. Partant de là, ils ignorent tous les signaux qui montrent qu’il est toujours là.
Ils désignent les fascistes comme des « réactionnaires » des « nationalistes ». Ils se refusent à employer le mot « fasciste », car ça pourrait réveiller de vieux fantômes.
C’est regrettable, car pour les fascistes se faire passer pour un opposant n’est utile que pour pénétrer le système.
Une fois à l’intérieur ils peuvent tomber le masque et désigner des ennemis.
À la différence de l’opposant, l’ennemi n’a pas besoin d’avoir une identité précise, ou même un nom. Il peut être représenté par des catégorisations floues et générales telles que : « immigrés », « islamistes », « droits de l’hommiste », « wokistes », « féministes », « écologistes » . . .
À Béziers, le maire utilise abondamment ces catégorisations.
Pour que le glissement sémantique de l’opposant vers l’ennemi soit efficace, il faut abandonner les subtilités langagières et opter pour un discours qui parle soi-disant « vrai ».
Parler vrai pour un fasciste c’est énoncer des soi-disant « vérités » qui ne peuvent être contestées : « les arabes volent le pain des français », « tous les immigrés sont des violeurs et des voleurs », « les immigrés viennent en France pour se faire refaire le nez », « tous les musulmans sont des terroristes » . . .
Transformer un individu en un groupe anonyme permet alors de le transformer en ennemi et de le comparer à un animal : parasite, porc, bonobo, vermine, cafard . . .
Quand cela suscite l’indignation, les fascistes disent que c’est une blague, voire que les démocrates n’ont pas d’humour.
Les fascistes s’indignent bien sûr de toute généralisation à leur encontre. Si un des leurs prend un fusil et tire sur des gens dans la rue, c’est un électron libre qui ne reflète pas la norme.
Dans ce jeu rhétorique, un blanc qui viole une femme n’est représentatif que de lui-même, alors qu’un immigré noir le sera de tous les Noirs et de tous les immigrés.
Cette façon de parler de l’ennemi dispense de tout dialogue.
Le fasciste s’évertue à saper constamment la possibilité d’un dialogue avec la catégorie choisie, car il lui faut convaincre que sa culture et celle de l’ennemi sont irréconciliables, qu’il est inutile d’entretenir le dialogue.
Certains fascistes sont adeptes de la théorie du complot. Ils assimilent l’ennemi à un pouvoir caché, inaccessible, mal défini, qui veut notre perte.
Un des moyens modernes de transformer des ennemis fragiles en menaces, de donner l’impression d’être encore plus fragiles. C’est de mettre ces fragilités en compétition.
Mettre ces fragilités sur un pied d’égalité, supposerait de s’attaquer à un système, le capitalisme, ce que ne fera jamais le fascisme.
Leur projet est simple, plus les gens se sentiront victimes et menacés, plus ils s’uniront pour se défendre et se tourneront vers un chef pour les guider et les protéger.
Ils lui enverront alors un message messianique : « sauvez-nous ! »
C’est le rendez-vous de la semaine prochaine.























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