« Il est temps que tout le monde se décide à rendre les armes, à déposer les armes matérielles, mais aussi à désarmer et démobiliser les esprits . . . Haut les mains, tous »

Filippo Turati, leader socialiste, discours à la chambre, 24 novembre 1920

L’escalade a commencé après le massacre de Bologne. La progression n’a pas cessé, la trajectoire est sans ambiguïté. Aussitôt après la tuerie, sur une place encore jonchée de cadavres et de corps blessés, les fascistes se sont disposés en colonne et mis en marche à travers les rues de la ville en chantant leurs hymnes.

Face à l’augmentation du nombre de leurs adhérents -des milliers en l’espace de quelques jours-, ils ont refusé de rendre les armes.

Mussolini a immédiatement dépêché à Milan Rossi et Morisi afin qu’ils coordonnent l’organisation des escouades.

Les formations paramilitaires fascistes, dont Mussolini avait rêvé pour satisfaire sa volonté de puissance, germent désormais par génération spontanée.

Le 23 novembre 1920 le conseil municipal socialiste de Bologne démissionne, la gestion provisoire de la ville est confiée au préfet qui pactise avec les faisceaux de combat. La chasse aux sorcières rouges a alors débuté.

Le 28 novembre les fascistes partent rosser le chef de la ligue du Mont Paderno.

Le 4 décembre, lors d’une assemblée des associations antibolcheviques les fascistes clament : « Les barbares dehors ».

Le 7 décembre la chambre du travail de Castel San Petro est saccagée.

Le 9 décembre un conflit armé éclate à Monzuno.

Le 18 décembre les députés socialistes Bentini et Niccolai sont attaqués et bastonnés.

Le 19 décembre le même sort est réservé au député Misiano.

Partout les actions des escouades fascistes sont un retournement. Le sortilège rouge est brisé.

La violence s’est propagée le long de la via Emilia à la vitesse de la contagion. Près de Rovigo, les faisceaux, appuyés par les propriétaires terriens, se sont répandus selon l’axe Cavarzere-Cona-Correzzola-Bovolenta ; à Adria, les escouades ont chassé les coopératives de journaliers ; à Modène elles ont attaqué les conseillers municipaux ; à Carpi, la chambre du travail ; à Bra, non loin de Cuneo, les fascistes ont poursuivi et rossé les gardes rouges à l’intérieur de la mairie.

En passant de la défensive à la contre-offensive, le fascisme grandit irrépressiblement dans toutes les provinces Italiennes.

Mussolini l’a lui-même proclamé dans les colonnes de son journal : ils seront bientôt invincibles.  

 

( Extraits de lecture du livre d’Antonio Scurati ‘’M l’enfant du siècle’’aux éditions Les Arènes )

 

 

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