La dernière lubie de Robert Menard a fait le buzz : le communiquant a gagné, Cnews, BFM TV et consort marquent encore un point…

Cette fois, le premier magistrat de la ville de Béziers refuse « catégoriquement » de marier un homme au prétexte qu’il est sans papier et sous le coup d’une obligation à quitter le territoire. Le fond du dossier est peu intéressant : Robert Menard, qui soupçonnait un mariage arrangé pour obtenir des papiers a saisi le procureur, l’enquête a été effectuée et conclut à un mariage tout à fait ordinaire, sans doute d’amour donc. Le maire n’a pas le droit de refuser de marier ces deux personnes et il le sait : l’expulsion vers l’Algérie n’est pas de sa compétence et le mariage n’aurait rien changé à l’afffaire : l’homme en question sera toujours expulsable, même après la cérémonie… Mais il a refusé, le couple portera plainte et le maire sera condamné...

La question est plutôt de comprendre pourquoi s’emparer de ce problème de mariage aujourd’hui, 10 jours après les violences qui ont secoué la France suite à la mort inacceptable de Nahel ? Derrière la façade du maire impliqué dans sa commune se cache un idéologue qui instrumentalise l’actualité a des fins politiques. Il souhaite que son camp prenne l’avantage dans l’analyse des événements de la semaine du 28 juin. Robert Menard se place dans une bataille culturelle visant à enraciner ses idées d’extrême-droite. Son objectif à moyen ou plus long terme est d’ouvrir un boulevard à la grande réunification des droites. Par ses paroles bien plus que par ses actes, somme toute assez anodins, il aggrave la fracture sociale dans un pays qui a besoin d’apaisement et de réconciliation avec sa jeunesse populaire.

Les paroles sont des armes, elles ont un effet réel dans la sphère sociale. Ceci a été directement expérimenté à Béziers où, encouragés par les outrances et les polémiques perpétuelles de leur supérieur hierarchique Robert Ménard, des agents de police municipale ont provoqué la mort de Mohamed Gabsi par plaquage ventral lors d’un contrôle il y a 3 ans. Ces agents ne sont toujours pas jugés en juillet 2023 et on peut se demander pourquoi Robert Menard ne fait jamais mention de cet événement dans ses prises de paroles. Pourtant, le parallèle avec la mort de Nahel est évident. A l’échelle d’une ville, la mort d’un homme sous les coups de policiers municipaux mérite sans doute autant d’attention que le mariage d’un sans-papier.

Par ailleurs, que fait Robert Menard en invitant la police de l’air et des frontières à venir chercher cette personne le jour du mariage en mairie de Béziers ? Que fait-il en mentionnant des informations qu’il ne devrait pas posséder sur le casier judiciaire et la condamnation de cette personne ? Pour définir cette attitude il existe un mot du vocabulaire : cela s’appelle de la délation, ce qui est un comble dans la ville de Jean Moulin célébré par un musée dans sa maison natale et un espace réservé à la médiathèque…

Enfin, j’ai souvenir d’un élan de contrition ou Robert Menard annonçait qu’il regrettait des choses qu’il avait dites ou faites dont il avait honte, parce que « moralement ce n’était pas bien »… Et bien, les habitants de Béziers peuvent se rassurer : après ce petit coup de mou passager, Robert a retrouvé la forme et nous présente à nouveau son vrai visage réactionnaire.

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