L'extrême droite s’ancre en France scrutin après scrutin et pourrait faire encore un score historique à la prochaine élection présidentielle.  Face à cette perspective, il est plus que jamais nécessaire de rappeler l’histoire nauséabonde de l'extrême droite française, pour comprendre d'où elle vient et où elle veut nous conduire.

L'histoire glaçante de l'extrême droite  (3ème et dernière partie) : De la création du Front National à nos jours

Le Front National voit le jour le 5 octobre 1972 à l’initiative du mouvement néofasciste Ordre Nouveau qui s’emploie à créer une structure plus large pour constituer une vitrine électorale  avec le courant dit des « nationaux », héritiers du poujadisme et du soutien à l’Algérie française, courant auquel appartient Jean-Marie Le Pen. Ces deux composantes sont rejointes par des nationalistes-européens, des néonazis ou d’anciens collabos. L’orientation du FN est, dès l’origine, nationale-populiste : le FN doit en effet être « le réceptacle de tous les mécontents ». Il s’inspire lui-même du Mouvement Social Italien  qui était un parti fasciste d’extrême droite créé par des proches du dictateur fasciste Benito Mussolini. Le FN d'ailleurs a le même symbole que le MSI.

Ordre nouveau place Jean-Marie Le Pen, alors retiré de la vie politique, à la tête du Front National, avec la certitude de pouvoir le manœuvrer facilement et qu’il ne sera qu’un président éphémère, une simple tête de gondole pour les élections législatives de l’année suivante.

Ordre Nouveau, lui,  retourne à l’activisme et suite au meeting du 21 juin 1973 à Paris et aux affrontements avec la Ligue Communiste, les deux groupes sont dissous. Le Pen profite de cette désorganisation pour renforcer son pouvoir au sein du Front National qui a pourtant éclaté avec la création du parti des Forces Nouvelles,  son principal concurrent. Jean-Marie Le Pen se retrouve alors avec un parti endetté mais aussi amputé de sa base militante. Entre 1974 et 1982, c'est donc la traversée du désert pour le FN alors concurrencé par le Parti des Forces Nouvelles . Il n’arrive pas à décoller tant au nombre d’adhérents qu’aux résultats électoraux.

Du début des années 1980 au début des années 2000, l’extrême droite française est organisée de façon assez simple. Le Front National, qui regroupe plusieurs familles de la mouvance nationaliste (catholiques, païens, anciens de l’Algérie française, nostalgiques du fascisme et du nazisme, anticommunistes, ultra-libéraux…) occupe la plus grande partie de l’espace politique et public de ce courant de pensée, laissant à sa périphérie divers groupuscules dont la marge de manœuvre est très limitée. La mainmise de Le Pen sur le FN et sa réussite médiatique ne laissent alors que peu de place à une autre personnalité ou mouvement venu le concurrencer, obligeant les autres formations à se soumettre ou à engager une longue traversée du désert. 

Le Front National connaît ses meilleures années au milieu des années 1990, que ce soit sur le plan électoral ou au niveau de son appareil militant. C’est alors une machine de guerre, avec un service d’ordre composé en grande partie d’anciens professionnels de la sécurité, mais surtout avec de nombreux militants capables de se mobiliser pour n’importe quel événement

Aux élections cantonales de 1982, Jean-Pierre Stirbois crée la surprise en obtenant 12.6 % des voix à Dreux. Les élections européennes de juin 1984 voit l’extrême-droite obtenir 10 sièges puis 35 sièges à l’Assemblée Nationale aux législatives de 1986. 

Dans les années 1990, leurs campagnes s’orientent sur la dénonciation de la  corruption de grands partis comme le PS ou le RPR afin de rallier tous les déçus. Lors des élections municipales de 1995, le FN commence à envahir la Provence en gagnant certaines villes comme Orange, Marignane ou Toulon. En 1998 la scission provoquée par Bruno Mégret, numéro deux du FN, qui quitte le parti avec de très nombreux cadres et militants pour créer une nouvelle structure, affaiblit momentanément le FN.

Le 11 septembre 2001, le conflit israélo-palestinien et l’émergence de certains communautarismes radicaux bouleversent le champ politique à l’extrême droite, avec d’un côté une extrême droite traditionnelle, restant sur ses bases, et de l’autre des mouvements prêt à passer ponctuellement des alliances inédites : on voit alors des groupes nationalistes s’allier avec des militants en perdition venus de la gauche (Dieudonné, Riposte laïque) ou se prétendant venir de la gauche (Alain Soral). Le FN enregistre alors de nombreuses adhésions de sympathisants, qui ne sont cependant pas prêts à se salir les mains.

La nouvelle stratégie version Marine du FN, devenu RN, Rassemblement National est basée essentiellement sur les médias et la dédiabolisation. Bête médiatique comme son père, elle est présente quotidiennement à la télé ou la radio. Elle réussit à rallier à elle des personnalités médiatiques comme Gilbert Collard, ce que son père n’avait jamais réussi à faire. En interne, elle se débarrasse de tous ceux et celles qui pourraient s’opposer à elle ou dont les positions trop radicales pourraient la gêner dans sa quête de normalisation. La situation actuelle du parti et le positionnement de sa présidente ont recréé un nouvel espace pour les mouvements radicaux, même si la plupart de ces radicaux rejoignent néanmoins le FN.

La période dite de dédiabolisation est en cours et électoralement, çà marche ! Jean Marie Le Pen avait déjà éliminé   Lionel Jospin au second tour des élections présidentielles en 2002.

Grand choc 10 ans plus tard : aux élections présidentielles de 2012, la candidate du FN Marine Le Pen, arrive à 17.90% de voix, plaçant le FN en tant que troisième force politique après le PS et l’UMP. Aux élections législatives qui suivirent, 2 députés FN se sont fait élire.

En 2017, elle se hisse au 2ème tour de l'élection présidentielle face à Emmanuel Macron !

Aujourd'hui, après des élections municipales qui ont vu Béziers, Perpignan et d'autres villes basculer ou se maintenir à l'extrême droite, on ne peut que déplorer qu'une grande partie des français, déçus, se trompent de colère en boycottant le suffrage universel ou en apportant leur voix à l'extrême droite. Héritière de l'anti-républicanisme, xénophobe, raciste et antisémite. L'extrême droite est également populiste, anti-laïque, pétainiste, Algérie française, anti communiste, islamophobe... N'en jetez plus !

L'arrivée d'Eric Zemmour dans la course présidentielle semble élargir encore l'emprise des idées d'extrême droite sur le champ électoral et séduit une grande partie de la droite classique républicaine.

La misère sociale et les difficultés économiques ont toujours constitué le terreau des comportements d'exclusion et de bouc émissaires qui favorisent la montée de l'extrême droite. Et qu'importe si le programme reste flou et inapplicable, l'important est de brosser dans le sens du poil et d'attiser la haine !

La guerre en Ukraine vient complexifier encore plus le débat et l'élection présidentielle sera vraisemblablement bousculée par ce conflit malgré tout les sondages continuent à estimer le vote d'extrême droite autour de 30% ! Du jamais vu !

Attention "Ceux qui oublient le passé se condamnent à le revivre" ! L'objectif de cette série de 3 chroniques avait justement pour objet d'éclairer notre présent politique pour ne pas revivre les heures sombres d'un passé récent.

Mais c'est une autre histoire....  qui s'écrit désormais tous les jours !

Version audio avec illustration musicale sur Radio Pays d'Hérault, à écouter ICI

 

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