Bien avant les exactions du 7 octobre provoquées par le Hamas, le sionisme a planifié dans le temps le nettoyage ethnique de la Palestine. L’histoire de cette planification est racontée dans cette nouvelle série hebdomadaire.
David Ben Gourion a dirigé le mouvement sioniste du milieu des années 1920 jusqu’à la fin des années 1960. À ce titre il est un des architectes de l’État sioniste.
Né en 1886 en Pologne, Ben Gourion était déjà un sioniste ardent lors de son arrivée en Palestine en 1906.
Il accède aux pouvoir en tant que dirigeant syndical, tout en œuvrant à construire les mécanismes de l’État juif en gestation.
En 1937, quand les Britanniques offrent à la communauté juive un État sur une fraction de la Palestine, Ben Gourion accepte leur proposition comme un bon début. Mais il aspire à la souveraineté juive sur la plus grande partie du territoire palestinien.
Ce type d’État purement juif ne pouvant être obtenu que par la force, il théorise la notion du moment propice, l’attente d’une conjoncture historique favorable pour traiter « militairement » la réalité démographique du terrain : la présence d’une population indigène majoritaire non juive.
En 1942, Ben Gourion déclare que les sionistes revendiquent toute la Palestine mais rajoute qu’il est impossible de faire pression sur la Grande-Bretagne au moment où elle lutte contre le nazisme. Il limite ses ambitions pendant la Seconde Guerre mondiale.
En août 1946, Ben Gourion réunit la direction du mouvement sioniste à Paris. Il revendique l’indépendance, même sur une seule partie de la Palestine.
Il explique qu’il faut d’abord créer un État viable et y assurer une prédominance juive. Cet État initial étant « naturellement » amené à s’agrandir.
Cette conception de conquête graduelle ne va pas changer au cours des soixante années suivantes.
À partir de 1946, Ben Gourion dessine un ensemble exhaustif d’objectifs stratégiques qui visent à raffermir et unifier les plans et scénarios sur l’avenir. Il joue un rôle crucial dans la conception de la perspective sécuritaire d’Israël.
Il introduit des changements structurels dans le mécanisme de prise de décision du sionisme qui le placent au sommet d’une pyramide jusque-là assez lourde et inefficace.
En 1946 toujours, au 22ième congrès sioniste, il obtient le portefeuille de la défense et celui de fait de Premier ministre.
Il fait vivre démocratiquement les prémices de l’État sioniste mais s’appuie aussi sur des organismes clandestins.
En février 1947, la Grande-Bretagne prend la décision de se retirer de la Palestine et de transférer la question à l’ONU. Les Britanniques n’avaient guère le choix : après l’Holocauste, il ne leur serait plus possible de réprimer le soulèvement sioniste qui couvait comme ils l’avaient fait face au soulèvement arabe de 1936.
Ben Gourion comprend dès 1946 que les Britanniques vont partir. Il se dispose en conséquence et élabore une stratégie générale contre la population palestinienne. Cette stratégie devient le plan C (en hébreu Guimel car dans l’alphabet hébraïque la troisième lettre est le G).
Le plan C était une version fusionnée des deux plans antérieurs A et B qui à la demande de Ben Gourion avaient déjà envisagé la conquête de la Palestine en cas de retrait britannique.
Le plan C visait de plus à préparer les forces militaires sionistes aux campagnes offensives à mener sitôt les Anglais partis. Il indiquait que toutes les informations nécessaires à l’exécution de ces actions étaient dans les dossiers de village (voir épisode précédent).
Quelques mois plus tard, le plan D scelle le destin des Palestiniens sur les futurs territoires occupés.
Il prévoit leur expulsion totale et systématique de leur patrie et prépare la guerre de 1947.
Cette série sur le nettoyage ethnique de la Palestine est réalisé à partir d’extraits de lecture du livre d’Ilan Pappé « le nettoyage ethnique de la Palestine », édité aux éditions « la fabrique », 370 pages, 20 euros. Je vous en recommande vivement l’achat et la lecture. Le cinquième épisode portera sur la guerre de 1947.
P.S : ce qui est écrit dans ce livre est issu d’archives officielles qui ne peuvent être contestées























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