Quand le mouvement sioniste commence ses opérations de nettoyage ethnique en Palestine, au début de décembre 1947, le pays possède une population « mixte » de Palestiniens et de Juifs. Les Palestiniens représentent les deux tiers de cette population.
En 1947, la Palestine est encore un pays très arabe. Presque toutes les terres cultivées appartiennent aux Palestiniens.
Les dirigeants sionistes ont bien essayé de persuader les immigrants juifs d’aller s’installer dans les campagnes, mais sans succès. Dans leur écrasante majorité, les nouveaux venus préfèrent les villes, petites ou grandes. La plupart des colonies sionistes en milieu rural sont très éloignées les unes des autres. Dans certaines régions, comme la Galilée et le Néguev, ce sont des îles perdues dans la campagne palestinienne.
Ces colonies ressemblent plus à des garnisons qu’à des villages.
En conséquence, la logique et le bon sens imposent que la campagne reste palestinienne.
Dans les villes, les deux parties sont presque à égalité. Comment délimiter deux entités distinctes avec des populations homogènes quand la réalité sur le terrain est telle ?
En février 1947, la Grande-Bretagne transfère la question de la Palestine aux Nations unies. Les intérêts des Palestiniens sont très vite éliminés du processus de partition.
C’est une ONU inexpérimentée, qui n’a que deux ans d’âge en 1947 qui gère la partition. Elle recommande à l’assemblée générale des Nations unies de partager la Palestine en deux États liés entre eux, comme dans une fédération, par une unité économique. Le rapport final prévoit que les deux futurs États seront identiques, à l’exception de leur « balance démographique » intérieure. Tout cela devint la résolution 181 de l’assemblée générale des Nations unies.
Il est clair qu’en votant cette résolution sur la partition, l’ONU ignore la composition ethnique de la Palestine. Au vu de sa population, le futur État juif ne peut logiquement revendiquer que 10 % du territoire.
Dans les tractations qui suivent le vote de la résolution 181, la direction sioniste réclame un État couvrant plus de 80 % du pays, elle en obtient finalement 56 %.
Si aucune flambée de violence importante n’est signalée avant l’adoption par l’ONU de sa résolution de partition du 29 novembre 1947, l’angoisse est particulièrement vive dans les villes mixtes.
Dès que la population apprend que l’ONU a voté à une majorité écrasante la partition de la Palestine, l’ordre public vole en éclat.
Si l’on regarde la carte finale proposée par l’ONU, il est clair que les conditions de la partition conduiront à l’affrontement.
La Palestine doit être divisée en trois. Sur 42 % du territoire, 818 000 Palestiniens ont un État comprenant 10 000 Juifs. Sur 56 % du territoire, 499 000 Juifs partagent un État avec 438 000 Palestiniens. La troisième partie est une enclave autour de Jérusalem placée sous administration internationale en parts égales entre Juifs et Palestiniens (200 000 habitants en tout).
Le rejet catégorique de ce plan par les gouvernements arabes et la direction palestinienne amène Ben Gourion à penser qu’il peut accepter le projet, mais œuvrer contre lui.
Au sein des débats internes au sionisme, Ben Gourion professe que les frontières du futur État seront « déterminées par la force et non par la résolution de partition ».
Au chapitre suivant, la semaine prochaine, nous verrons comment le sionisme a mis en place son utilisation de la force.
N.B : Bien avant les exactions du 7 octobre provoquées par le Hamas, le sionisme a planifié dans le temps le nettoyage ethnique de la Palestine. L’histoire de cette planification est racontée dans cette série hebdomadaire.
Cette série est réalisée à partir d’extraits de lecture du livre d’Illan Pappé « le nettoyage ethnique de la Palestine », édité aux éditions « la fabrique », 370 pages, 20 euros. Je vous en recommande vivement l’achat et la lecture. Le sixième épisode portera sur la guerre de 1947.
P.S : Ce qui est écrit dans ce livre est issu d’archives officielles qui ne peuvent être contestées.



























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