« Les interventions multiples et répétées du maire de Béziers dans la gestion de l’ASBH ne peuvent avoir qu’un effet, celui de faire partir les investisseurs présents et détourner ceux qui souhaiteraient investir à l’avenir. » (Thierry Mathieu, Midi Libre, 5 novembre 2025)
On peut ne pas partager le positionnement de centre droit du candidat aux prochaines municipales biterroises, mais on doit reconnaître que son diagnostic sur les intrusions répétées du maire de Béziers dans la gestion du club de rugby professionnel de L’ASBH est pertinent.
C’est d’ailleurs parce qu’il se réclame du centre-droit que le point de vue de T. Mathieu est à considérer.
Version locale, c’est un peu comme si un patron français du CAC 40 formulait une expertise sur le fonctionnement du MEDEF.
Les intrusions du maire de Béziers dans la gestion de l’ASBH sont multiples et répétées, elles vont de subventions disproportionnées, à des dons déguisés en passant par un refus d’un investisseur émirati, une municipalisation du club et un droit de blocage dans le montage financier actuel.
Ces errances multiples ont été pointées par la Cour régionale des comptes.
La dernière intrusion municipale en date fait suite à une série de défaites sportives peu glorieuses à domicile et à l’extérieur. Un club de supporteurs s’est insurgé contre la gestion sportive et administrative des dirigeants actuels en demandant leur éviction et en appelant à un boycott sportif (un autre club de supporteurs a refusé le boycott).
En bon populiste le maire de Béziers a cru qu’il se devait d’accompagner cette revendication.
Le monsieur plus du populisme a même été encore plus loin en contactant les propriétaires du club et en leur demandant la tête de l’entraîneur principal et du directeur sportif.
Fort de son droit de blocage il a obtenu satisfaction.
Croyant satisfaire sa base électorale il a ensuite revendiqué avoir annoncé lui-même la nouvelle aux joueurs.
Au-delà de l’éternel côté « matamore » du personnage, on ne peut qu’être surpris du mélange des genres et se poser la question : quand, pourquoi et comment un maire d’une ville peut-il intervenir dans un club sportif professionnel qui ne lui appartient pas ?
T. Mathieu ne donne pas de réponse à cette question centrale : « qu’est-ce qui fait agir le maire de Béziers ». C’est dommage, il faut donc le faire à sa place.
Le maire de Béziers intervient dans un champ qui n’est pas le sien, ainsi que tous les leaders d’extrême droite. C’est leur ADN.
L’extrême droite, comme Robert Ménard, est étrangère à la séparation des pouvoirs.
Il suffit pour s’en convaincre de suivre le « one man show local » du maire de Béziers pour s’en convaincre.
Cette propension maladive est comparable à la volonté d’intervenir seul sur tout de Trump.
Ce culte du chef qui sait tout et qui répond à tout a amené le maire de Béziers à annoncer « lui-même aux joueurs » (comme il le dit fièrement dans Midi Libre) la nouvelle de la dernière exclusion au sein de l’ASBH.
Sans parler des incidences humaines au sein du club, on peut se demander quel actionnaire va supporter qu’un trublion vienne patauger en permanence dans son pré-carré.
Dans le fonctionnement de base capitaliste, les actionnaires dirigent. Je ne connais pas d’actionnaires qui acceptent d’être renvoyés à un rôle de payeur sans contrôle.
C’est pourtant ce que demande le maire de Béziers aux actionnaires actuels du club.
La conclusion de cette saga est connue d’avance, Ménard a fait partir les actionnaires passés, il fera partir les actionnaires présents et fera fuir les actionnaires futurs.
C’est en cela que l’ASBH est une bombe à retardement.
Il n’est pas exclu qu’elle explose pendant la campagne des municipales de mars prochain.
Si c’est le cas, les dommages seront collatéraux.
Je serai étonné que le maire de Béziers soit épargné. Chevaucher le populisme s’apparente à un rodéo.
Dans ce débat de société, la gauche locale se doit d’intervenir et d’exprimer son point de vue.
Comme le dit T. Mathieu, un club de rugby professionnel doit être indépendant dans sa gestion sportive, administrative et financière.
Mais il faut rajouter : quand des actionnaires choisissent d’investir financièrement dans un club sportif, ils en assument seuls, comme tous les patrons, les avantages et les inconvénients.
Une municipalité n’est pas là, pour diriger à leur place ou pour pallier leurs manques.



























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