Le maire de Béziers a récemment utilisé le terme « l’autre France » pour qualifier ses opposants. Dans la croisade idéologique qui est menée à Béziers depuis deux mandatures, on peut se demander si le qualificatif « l’autre France » n’est pas l’antichambre de « l’anti-France ».
Proféré par le maire de Béziers, le qualificatif « l’autre France » n’est pas une tentative de localisation géographique des départements ou territoires d’outre-mer.
C’est une caractérisation politique, agrémentée dans ses propos par les désignations de : « pisse-vinaigre », « haineux », « grincheux », « râleurs », « jamais contents »…
Dans ce dénigrement quasi quotidien, le seul qualificatif qui manque est celui de « mal baisé » ou de « sales connes », mais on peut y arriver.
Cette autre France qui n’est plus la sienne ne trouve aucune grâce aux yeux du maire de Béziers. Elle représente un héritage dont il faut se débarrasser, dont il faut faire table rase.
À cet héritage désuet, obsolète, il oppose la « vraie France », celle de la messe, de la corrida et de toutes les traditions.
Peu importe que la messe et la corrida ne concernent qu’un public restreint d’aficionados, ce qui compte c’est le grand remplacement.
Dans le grand remplacement idéologique et culturel proposé, il y a un dominant et un dominé. On est loin, très loin, d’une culture de points d’équilibres dans la cité.
À Béziers, le dominant impose au dominé : la crèche à la mairie, la messe aux arènes, le défilé du 11 novembre aux écoliers, la participation des associations aux choix de la municipalité…
Cette logique du dominant et du dominé touche bien sûr d’autres aspects de la vie dans la cité.
Pour l’essentiel la différenciation se fait au nom de la majorité contre la minorité. Comme Ménard s’estime majoritaire, il détermine lui-même les sujets sur lesquels le consensus n’est plus nécessaire.
Dans cette logique les minoritaires n’ont plus droit de cité. Le plus bel exemple est l’impossibilité qu’un encart soit alloué aux opposants au conseil municipal dans le journal du Biterrois.
À Béziers, les opposants ont des droits dans l’espace privé, de moins en moins dans l’espace public. Le meilleur exemple de ce glissement politique a été l’interdiction de manifester dans le centre-ville, faite aux militants anti-corrida du Colbac pendant la dernière feria.
Interdiction qui était alors municipale et préfectorale.
Le fond de soupe réactionnaire qui justifie ces agissements est bien sûr lié à une inversion des normes et des valeurs.
La crèche est interdite par la Loi de 1905 dans l’enceinte de la mairie, mais les laïques se trouvent accusés d’empêcher l’expression de « la beauté de Noël ».
Cette inversion se fait au nom d’une pseudo majorité puisée dans les sondages diligentés par la maison-mère Bolloré tout au long de ses chaînes d’info.
Peu importe si la réalité est tordue, dévoyée, au bénéfice d’une croisade idéologique.
Pourtant, plus de 50 % des français ne se reconnaissent dans aucune religion, ils se déclarent athées ou agnostiques.
La bascule vers le qualificatif « anti-France » et tout ce qui va avec (sanctions et répressions) n’est heureusement pas du ressort exclusif du maire de Béziers. Les lois principales sont votées au niveau national.
Au vu de la propension de Ménard à vouloir s’emparer des sujets régaliens, on peut toutefois se demander ce qu’il se passerait si le RN occupait l’Élysée et s’il était majoritaire à l’assemblée nationale.
Un tel changement d’échelle décuplerait les propensions de Ménard à mener sa croisade idéologique.
Si tel était le cas, la notion « autre France » ou « anti-France » pourrait prendre une autre tournure qu’actuellement.
C’est pourquoi Ménard et le RN doivent perdre les prochaines élections locales et nationales.


















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