18 décembre Journée internationale des migrants : en mémoire de Sanoussy

par | 22 décembre 2024 | Société

Le 24 octobre 2024, le coeur de Sanoussy s’est arrêté. Il avait 34 ans.

Il vivait à Béziers depuis plus de treize ans dans un appartement sans fenêtre : deux pièces minuscules. Un tiers de sa vie en galère.

Il avait effectué une demande de titre de séjour après dix ans de présence en France. La demande avait été refusée, mais un recours devant le Tribunal Administratif avait permis d’annuler la décision de la Préfecture. Nous étions heureux de la décision du Tribunal…

Plutôt que d’accepter sa défaite, le Sous-Préfet de Béziers lui délivrait des attestations provisoires de séjour sans droit au travail, attendant la réunion d’une commission des titres de séjour qui n’était jamais saisie. Depuis deux ans et demi nous attendions cette convocation… Pourquoi Sanoussy n’avait-t-il pas été appelé depuis tout ce temps ?

Je suis allé chez Sanoussy pour réconforter Aminata, sa femme… Elle exprimait sa douleur et son chagrin et c’était beau de voir les femmes qui l’entouraient. La présence des autres, les liens humains sont essentiels.

Elle était triste mais aussi en colère que les secours ne soient pas arrivés assez vite.

Sanoussy gisait à même le sol, devant la porte d’entrée. Il ne fallait pas le toucher car son âge et sa mort “non expliquée“ nécessitaient un passage à l’institut médico-légal de Montpellier. Il fallait donc éviter son corps pour se rendre dans la minuscule pièce d’à côté pour embrasser Aminata.

Il a été difficile de descendre le corps de Sanoussy dans l’escalier bien trop étroit…

Je n’ai pu m’empêcher de penser à cette vie dans cet appartement sans fenêtre depuis treize ans, son travail intermitent le soir pour vendre des burgers et des pizzas, des chicken fries. Treize ans de fast food, ce n’est pas bon pour le coeur…

Je n’ai pu m’empêcher de penser à son rendez vous au centre de santé la semaine précédente : ils lui avaient conseillé de voir un cardiologue, mais Sanoussy n’avait pas pu obtenir de rendez-vous…

Je n’ai pu m’empêcher de penser à De Gaulle, à Alpha Condé, à Mamadi Doumbouya… La Guinée a été le premier pays à s’émanciper de la colonisation française en 1958… La France n’avait pas apprécié, détruisant tout avant son départ, dévissant les ampoules et emportant même les plans des égouts de Konakry. La France a tout fait pour déstabiliser le pays, allant jusqu’à l’inonder de faux francs CFA pour le déséquilibrer monétairement, armant tous les opposants pour favoriser un climat d’insécurité dans le pays…

Il y a un lien entre le Sanoussy de 2024 et le déni français des conséquences pourries de l’empire colonial.

Je suis inquiet pour Aminata qui n’a pas de papier ni ressource et pour Mamadou, leur fils, qui n’a que trois ans. Que vont-ils devenir ?

Partager sur

En Bref

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

[sibwp_form id=1]

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

L’actualité de votre Carmagnole

La Carmagnole invite Laurent Mauduit Chaque publication de Laurent Mauduit, co-fondateur de Mediapart, apporte son lot de révélations sur les rouages de notre système économico-politique et les implications de nos élites. Son dernier ouvrage n'y déroge pas.Dans cette...

Ciné débat – Alimen’terre 2025 Carnon

le 07/11/2025 à Carnon,dans le cadre du Festival Alimen'terre,  nous organisons un ciné débat autour du film réalisé par Mickael Denis-Shi " Leurs champs de coeur".Mickael est le Directeur de  FNE Ile de France. Son documentaire est fondé les témoignages...

Que reste-t-il de la France coloniale ?

Salut,Cette semaine, pendant que les gros capitalistes repoussent les modestes tentatives de leur faire payer leurs impôts comme des citoyens normaux, on continue à construire et déployer ensemble un outil coopératif de diffusion cinématographique original et pas...

Un mur de stade à Montpellier

photo de Jacques Petit envoyée par un de nos lecteurs, Stade du Père-Prévost, rue Beau Soleil, quartier Beaux-Arts à Montpellier

Au bout du fil de la presse libre

Défendons la presse libre

  • L'extrême droite déverse sa haine du monde au nom de la liberté d'expression, qu'elle confisque en rachetant organes de presse, tv, radios, maisons d'éditions, festivals etc... Face à la bollorisation, des médias indépendants ont décidé de s'organiser. Depuis le 15 octobre, vous pouvez accéder au portail des médias indépendants lancé par Basta ! et au portail d'abonnement et de lecture commun, La Presse libre,  initié par Arrêts sur image, Reflets info, Next, Rue89, Politis et Médiacités
  • Vous pouvez également aider au financement de la presse indépendante par le biais de la plateforme j'aime l'info en soutenant le média de votre choix; ou en contribuant au fonds pour une presse libre initié par Médiapart qui soutient des projets de médias indépendants et a permis de créer le fonds Ripostes, première aide juridique pour défendre les médias indépendants attaqués par les puissants; ou encore en participant financièrement à Un bout des médias, association citoyenne dont la mission est de promouvoir l'indépendance des médias.
  • Face à la montée de l'extrême droite Splann ! s'associe à Street Press pour couvrir le "bataille des municipales" (Splann !)

Focus sur un média indépendant

Vox europe : Créé par des journalistes issus des quatre coins de l’Europe, Voxeurop est un média en ligne indépendant. Il est le premier à être géré par une coopérative européenne de presse. Pour informer à hauteur d’Européens, il rassemble une communauté ouverte de journalistes et éditorialistes, traductrices et traducteurs, médias partenaires, ainsi que des lectrices, lecteurs et membres fidèles de plus de 30 pays.

Parutions

 

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1038399
Total Users : 1038399

vendredi 7 novembre 2025, 10:41

Jean-Philippe Turpin