France Inter peuple de plus en plus densément ses journaux d’information de sorte de micros-trottoirs fabriqués toujours sur le même mode. Les phrases du journaliste et celles très courtes des interviewé-es s’enchaînent dans un scénario qui semble avoir été écrit avant même le reportage.
Un exemple parmi d’autres à l’occasion d’une fuite de gaz à Grenoble qui a conduit la mairie à mettre les habitant-es à l’abri le temps de réparer.
Journaliste : Dans le gymnase, une agente envoyée par la mairie fait le tour des lits de camp
Agente : Je suis de la ville de Grenoble mais c’était pour vous dire que vous réintégrez votre logement
Anonyme : Très très bonne nouvelle
Agent : Bon retour, bonne journée
Journaliste : Le soulagement pour Samira. Hier soir elle a dû évacuer en catastrophe avec ses trois ados. Ils ont passé la nuit dans des sacs de couchage. Pas évident pour la mère de famille
Samira : Dormir en dehors de chez moi, je vous avoue j’ai du mal
Journaliste : Nuit agitée pour ses filles Lina et Kalissa, l’ainée est encore maquillée de la veille
Kalissa : Ça a été très compliqué de dormir. On a essayé de s’occuper comme on peut sur les téléphones mais au bout d’un moment c’était plus possible, on pouvait plus. Il faisait froid et beaucoup de bruit, personne arrivant à dormir. Juste envie de rentrer
Journaliste : Emmitouflée dans son peignoir Lina n’a qu’une envie retrouver…
Lina : Mon lit et mes animaux parce que j’ai laissé mon lapin et mon chat
Journaliste : La minette a dû rester seule et la famille espère qu’elle n’est pas trop secouée
Lina : J’espère parce que c’est un chat qui dort avec nous de base. On est parti dans la précipitation sans lui donner à manger et à boire comme ça du coup j’ai hâte de le retrouver
Journaliste : Une fois le dernier sac de couchage replié, Samira et ses enfants sont repartis à pied. 5 minutes de marche avant de retrouver le cocon familial.
On n’apprend rien de l’incident qui a conduit à cette situation ni de comment il s’est réglé.
Ça n’avait peut-être pas grand intérêt mais par contre on sait que la minette dort avec Lina.
Ce scénario est reproduit pour chaque inondation, incendie et autres catastrophes. L’objectif n’est pas d’informer mais de faire des auditeurs en espérant que les interviewé-es et leurs proches iront s’écouter à l’antenne et peut-être deviendront des auditeurs.
Ça s’appelle faire le (micro) trottoir.
























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