Histoire de l’abandon des grands projets inutiles : (4) Plogoff

par | 21 mai 2023 | Société

Plogoff est une commune de Bretagne située dans le département du Finistère. Cette commune rurale anonyme est placée sous les feux de l’actualité, lorsqu’en octobre 1973 le Premier ministre Pierre Messmer planifie la construction de 200 centrales nucléaires en France.

En 1975, un accord de principe est trouvé entre le conseil général et le Conseil économique et social de Bretagne pour implanter une centrale nucléaire d’une puissance totale de 5 200 MW.

En juin 1976, les ingénieurs d’EDF opèrent les premiers forages de reconnaissance, ce qui alerte les populations.

Un comité de défense se monte le 6 juin 1976, à l’initiative du maire de Plogoff, Jean-Marie Kerloch. Le 8 juin les habitants barrent les accès du village et empêchent les géologues et techniciens de passer.

Le 11 septembre 1978, un GFA est créé sur le modèle de celui du Larzac pour empêcher les expropriations. Malgré cela, le site de Plogoff est retenu par le Conseil économique et social de Bretagne et le conseil général du Finistère.

Début mai 1979, le comité de défense installe une bergerie alternative sur le GFA.

Le 30 janvier 1980, les dossiers pour l’enquête publique arrivent à la mairie de Plogoff le matin. Ils sont brûlés l’après-midi. Le préfet loue des camionnettes qui font office de mairie annexe. Ces camionnettes sont protégées par des gendarmes. L’enquête publique commence le 31 janvier 1980.

Les femmes de marins ont un rôle important dans cette mobilisation. Lorsque les camionnettes arrivent, elles entament une guerre des nerfs avec les gendarmes. Pendant les 6 semaines de l’enquête publique, elles se mobilisent tous les jours. Au moment du départ des camionnettes vers 17 h la mobilisation prend un ton beaucoup plus radical.

Le film « Plogoff, des pierres contre des fusils » retrace les différents aspects de la lutte

Pendant l’enquête publique, plusieurs manifestations de masse ont lieu, elles entraînent des affrontements violents avec les CRS.

Sept escadrons de gendarmes mobiles sont stationnés dans les environs de Plogoff, des gendarmes-parachutistes sont envoyés en renfort. Des blindés sur roues sont utilisés pour éradiquer les barricades qui sont régulièrement érigées pour fermer l’accès au village. Les gendarmes utilisent des grenades incapacitantes en grand nombre.

Le 16 mars 1980, 50 000 personnes manifestent à l’occasion de la clôture de l’enquête d’utilité publique.

Le 24 mai 1980, 100 à 150 000 manifestants fêtent la fin de la procédure, 50 à 60 000 restent pour le fest-noz qui clôture la fête.

Le 9 avril 1981, à Brest François Mitterrand candidat à l’élection présidentielle déclare que Plogoff ne figure pas dans son plan nucléaire.

Le 3 juin 1981, le gouvernement Mauroy confirme l’abandon de la construction de la centrale nucléaire de Plogoff.

Le groupe de musique Tri Yann compose une chanson « Kan ar kann » (le chant du combat) en hommage à la lutte de Plogoff.

Le grand projet inutile de Plogoff est tombé grâce à l’ancrage de la mobilisation locale. Cette lutte a su combiner implantation réelle, radicalité durable et ouverture permanente.

Le grand projet inutile de Plogoff aura aussi représenté le lien nécessaire entre mobilisation au long terme et débouché politique.

Aujourd’hui, ce projet inutile est définitivement enterré par le décret d’application du 28 septembre 2007 sur la création du Parc naturel marin d’Iroise. La création de ce parc associe les communes du Cap Sizun aux décisions à prendre concernant la cohérence écologique et socio-économique.

À Plogoff la mobilisation nous a donné raison.

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Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers