« D’autres pourraient penser que lorsque mes avions bombardent les villes rouges, je fais la guerre comme tout le monde, mais ce n’est pas le cas. Dans les villes et les campagnes que j’ai déjà occupées, mais pas encore purifiées, nous devons accomplir la tâche nécessairement lente de rédemption et de pacification, sans quoi l’occupation militaire sera pratiquement inutile. Je ne m’intéresse pas au territoire, mais aux habitants. La reconquête du territoire est le moyen, la rédemption des habitants est la fin ».

Paroles du général Franco à l’ambassadeur italien Roberto Cantalupo, 4 jours après le bombardement de Durango.

Avant Guernica la petite ville de Durango est détruite par la légion Condor nazie : 127 civils meurent immédiatement sous les bombes, 131 succombent à leurs blessures. Durango marque le début des expériences en matière de blitzkrieg conçu pour briser le moral de la population.

Un mois après Durango, la même légion Condor renforcée par l’aviation fasciste italienne attaque Guernica le lundi 26 avril 1937. La ville de Guernica avait une haute valeur symbolique pour les putschistes. Elle représentait ce qu’ils combattaient : la liberté et les privilèges basques.

Au travers de l’anéantissement de la ville, ce sont ces libertés qui étaient visées.

Le bombardement de Guernica est le premier tapis de bombes alternant « bombes explosives » et « bombes incendiaires ». Le lundi est jour de marché à Guernica, les franquistes attaquent délibérément la ville et sa population ce jour-là. En 3 heures, 60 tonnes de bombes incendiaires sont lâchées. Les habitants qui fuient sont mitraillés.

Le gouvernement basque recense 1654 morts quasi exclusivement civils et 800 blessés. Face à la pression internationale, les franquistes brandissent la thèse « du bombardement par erreur ».

Peut-on charger par erreur 60 tonnes de bombes incendiaires, pendant 3 heures sur des avions ?

Avant l’insurrection manquée de la Garde civile locale, le 6 août 1936, le seul accident mortel dans la ville de Badajoz se produit le 22 juillet lorsque des miliciens abattent un propriétaire terrien d’extrême droite. Le 7 août les franquistes lancent des raids aériens qui bombardent la ville et sa population civile. C’est alors que les représailles républicaines commencent. Elles feront dix victimes en tout. La ville est submergée par les réfugiés.

On dénombre 1700 défenseurs, dont un tiers de soldats, les autres sont des miliciens pauvrement armés. Les forces nationalistes comptent près de 5000 combattants expérimentés.

Le 14 août les rebelles putschistes entrent dans la ville après un pilonnage d’artillerie. Des miliciens se réfugient dans la cathédrale ils sont tués à la baïonnette sur les marches de l’autel. Des centaines de prisonniers sont regroupés dans les arènes, les franquistes installent des mitrailleuses autour de la piste et commencent à tirer sur la foule rassemblée.

Dans l’après-midi et la soirée du premier jour, 800 personnes sont exécutées par groupes de vingt. Dans la nuit 1200 autres personnes sont amenées dans les arènes. Il y a beaucoup de civils innocents et apolitiques.

Le deuxième jour des franquistes hilares sont spectateurs des exécutions dans les arènes, sur les gradins. Bien que très peu de franquistes aient été tués à Badajoz les exécutions se poursuivent à un rythme effréné pendant des mois.                                       

Le mardi 18 août, 400 personnes qui avaient fui au Portugal sont ramenées à Badajoz, plus de 300 sont exécutées.

L’historien Francisco Espinosa Maestre indique que parmi les forces du général Yague, l’attaque de Badajoz a fait 44 morts et 141 blessés soit 185 victimes au total ; côté républicain il situe le chiffre à plus de 9000 victimes. Il y a eu plus d’exécutions à Badajoz entre août et décembre 1936 qu’à Huelva et Séville réunies, alors que la population de Huelva était de 12,5 % supérieure à celle de Badajoz, et celle de Séville de 600 % supérieure.

Le déchaînement de violence infligé aux habitants de Badajoz reflète la fureur de l’armée rebelle putschistes quand elle rencontre une résistance mais elle sert aussi à récompenser les hommes de la colonne en leur permettant de violer, piller, tuer et boire à leur guise et en toute impunité.

Pour réaliser ce travail de mémoire sur la réalité de la reconquête franquiste, je vous propose des extraits de lecture de l'excellent livre de Paul Preston ''Une guerre d'extermination, Espagne 1936/1945'' paru en livre de poche aux éditions texto en 2019.

Ces extraits seront mis en ligne en exclusivité sur le site d'EVAB chaque semaine pendant 8 semaines consécutives

 

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