Le président de Reconquête, Éric Zemmour ne s’embarrasse pas des questions de dédiabolisation. À l’inverse, il assume totalement une ligne d’affrontement et de violences.

Pour lui, « La bataille de Callac » était la mère des batailles. Pour nous, c’est surtout la signature néofasciste de Reconquête.

Callac est une petite ville de 2200 habitants située à une vingtaine de kilomètres de Guingamp dans le département breton des Côtes-d’Armor. Un projet baptisé Horizon devait accueillir une poignée de familles de réfugié-es. 

Dès la première réunion publique, en avril 2022, quelques opposants locaux membres de Reconquête font monter la pression. Callac va connaître 2 manifestations et contre-manifestations. Sur les réseaux sociaux, l’extrême droite fait du projet Horizon un enjeu national.

Après avoir subi des menaces de viol et de mort, les porteurs de projet de la majorité municipale viennent d’abandonner le projet.

Je vous propose de revenir sur les conditions politiques de l’abandon de ce projet. Elles éclairent les méthodes néofascistes utilisées par Reconquête.

Le projet d’accueil de réfugiés baptisé « Horizon » est le résultat d’un contrat passé entre le maire divers gauche de Callac et la fondation privée « Merci ». Il visait à accueillir de façon progressive des familles de réfugiés pour redynamiser la commune située en centre-Bretagne ( 75 emplois vacants avaient été dénombrés dans les domaines de la santé, du commerce, de l’artisanat, de l’agriculture ).

Les habitants de la commune étaient plutôt favorables au projet, bien que le maire n’ait pas suffisamment associé la population et tardé à l’informer, ce qui a suscité des interrogations, des craintes surexploitées par les militants locaux de Reconquête.

Le projet était bien accueilli par les associations de soutien. Il suscitait des interrogations de la part de syndicalistes qui questionnaient : le choix des réfugiés, la qualité des emplois proposés, les salaires versés. Néanmoins cette circonspection n’a jamais fait l’objet de déclarations publiques.

Et ça n’a pas empêché la création d’un large front de vigilance antifasciste destiné à soutenir les élus en butte aux attaques de l’extrême droite. Celui-ci regroupait des citoyens, des associations, des partis, des organisations syndicales. La base commune était l’accueil inconditionnel des réfugiés et migrants, la liberté de circulation et d’installation.

Même si les manifestations de rue ont été à l’avantage des progressistes contre la « fachosphère » venue de tout l’ouest de la France, le climat est vite devenu intenable dans le village.

Le harcèlement au quotidien, la violence verbale, les menaces physiques exercées sur les élus et sur les habitants qui s’étaient déclarés publiquement favorables au projet ont été crescendo.

Est-ce pour autant une victoire comme le prétendent Reconquête et RN ? Ce n’est pas si simple que ça, car la préfecture est beaucoup intervenue pour faire échouer le projet.

  • La protection policière était légère, ce que n’a pas manqué de souligner la députée LFI / NUPES de la circonscription. Celle-ci avait été contactée directement par le préfet qui lui avait signifié sa désapprobation de la tenue d’une contre-manifestation.

 

  • Le même préfet ne cachait pas sa préférence pour un autre projet sous contrôle gouvernemental, nettement moins ouvert en termes d’accueil et de suivi. La préfecture n’a jamais interdit les manifestations de la « fachosphère » !, ( alors qu’elle a été interpelée sur cette question par une élue départementale du PCF. )

 

  • Le préfet a retiré Callac des opérations de revitalisation des territoires ( ORT ) menées dans le cadre de l’agglomération Guingamp-Paimpol, « provisoirement », « le temps que ça se calme ». Le même préfet aurait menacé la commune de Callac de suppression et diminution de plusieurs subventions si elle s’obstinait dans le projet « Horizon ».

Il y a donc eu une alliance de fait entre la préfecture et la « fachosphère ». Chacune - avec des intérêts divergents - a œuvré pour faire capoter le projet.

Les militants de Reconquête ont usé de violence et d’intimidation publiques pour obtenir une violence politique. La préfecture a laissé faire en agissant dans l’ombre pour faire échouer le projet.

Cette alliance fonde le néofascisme.

Ce qui s’est passé à Callac est à entendre comme le projet fondateur de Reconquête. Le président de ce parti le revendiquait publiquement dernièrement : « Je veux dire bravo à mes militants Reconquête ! qui ont bataillé depuis le premier jour aux côtés de tous les patriotes pour empêcher ce funeste projet de répartition des migrants à Callac. Vive la France ! ».

 

 

 

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