Spécial 8 mars : les combattantes de la colonne Durruti

par | 13 janvier 2023 | Société

Au moins 424 femmes, toutes membres de la branche catalane du syndicat CNT, s’engagèrent dans des unités qui se battaient en première ligne du front en 1936 en Espagne.

Douze centuries, en tout 1200 personnes, constituaient le premier noyau de la colonne Durruti, qui atteignit plus de 3000 combattants.es.

La colonne quitta Barcelone le 24 juillet 1936. Le 25, elle était en Aragon, le 26 les miliciens.es occupèrent Bujaraloz et Pina de Ebro près de Saragosse. Les premières attaques aériennes de l’aviation allemande et italienne commencèrent le 27 juillet.

Pendant les mois d’août, septembre et octobre, la colonne tint ses positions et surmonta les différentes offensives de l’armée rebelle. À la chaleur de l’été succéda le froid.

Peu à peu, les miliciennes se familiarisèrent avec leur nouvelle vie sur le front. Elles occupèrent souvent des postes durs et éloignés. La nourriture n’était pas abondante et la propreté rare.

Le problème principal était le manque d’armement. Elles n’avaient pas d’armes, ni anciennes, ni modernes, ni grandes, ni petites, et quand elles en trouvaient, elles n’avaient pas de munitions.

Les miliciennes occupaient donc des positions inhospitalières face à un ennemi bien armé, mais elles savaient que si elles ne tenaient pas, tout ce pour quoi elles s’étaient battues et celles et ceux qu’elles aimaient seraient anéantis par l’ennemi.

Pendant l’été 1936, le secteur aragonais du front connut l’expérience de la révolution. À mesure que la colonne avançait, la société se transformait. Le communisme libertaire était proclamé, l’argent aboli, les propriétaires de gauche comme de droite expropriés. Les outils agricoles, les bâtiments et le travail furent collectivisés.

Peu à peu, une nouvelle société prenait forme, une société d’autogestion qui devait être celle du futur. Les nouvelles autorités organisèrent tout à partir de la base. Grâce aux bénéfices collectifs dégagés, des écoles, des hôpitaux, des fermes expérimentales furent construits.

Tout au long de ces semaines du petit été de l’anarchie, les combattantes furent témoins de la réalisation de tout ce dont elles avaient rêvé depuis des années.

La révolution sociale engagée par les miliciennes et miliciens libertaires fut stoppée par la militarisation du front et par la doctrine républicaine « On gagne la guerre d’abord et on fait la révolution après ».

À la mi-décembre 1936, le militaire de carrière et membre de la CNT, José Manzana fut nommé à la tête de la colonne Durruti en Aragon. Avec ce nouveau commandement, la militarisation ainsi que la fin de la révolution sociale commencèrent.

On a souvent écrit que Durruti était à l’origine de la décision de chasser les combattantes du front de l’Aragon et en particulier de sa colonne. On sait aujourd’hui que les choses ne se passèrent pas ainsi. L’anarchiste et chef politique Antonio Ortiz, reconnut que ce fut lui et pas Durruti qui donna l’ordre du renvoi de toutes les combattantes du front de l’Aragon. Il justifia sa décision par les épidémies de maladies vénériennes que le manque d’hygiène propageait.

La milicienne Casilda Hernaez, lieutenante dans la 153e brigade mixte de l’Armée populaire républicaine en 1938, rappelle dans ses « mémoires » les accusations de prostitution qui avaient visé les miliciennes sur le front.

Le fort caractère machiste de la société des années 1930 ainsi que le discours discriminatoire envers les femmes se virent renforcés par la presse de l’époque. Finalement, lors de la militarisation des colonnes de volontaires, la plupart des combattantes furent retirées du front ou reléguées à des tâches secondaires.

Malgré ce changement politique, 160 femmes de la colonne Durruti restèrent au sein de l’armée républicaine jusqu’à la fin de la guerre civile.

Cet article est un extrait de lecture du livre  » Les combattantes » paru aux éditions Syllepse, écrit par Gonzalo Berger et Tania Ballo, édité en août 2022,

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Didier Ribo

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