Une autre histoire – 2 Octobre 2018, assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi

par | 28 septembre 2023 | Société

Le 2 octobre 2018, voilà exactement 5 ans, le journaliste Jamal Khashoggi est assassiné à l’ambassade d’Arabie Saoudite à Istambul dans des conditions particulièrement affreuses qu’aucun romancier d’espionnage n’aurait osé imaginer.

Son corps a été découpé en morceaux. Ses restes n’ont jamais été retrouvés. Ankara a aussitôt accusé le prince Mohamed Ben Salmane, homme fort de Riyad, d’avoir commandité le meurtre de cet opposant virulent.

Ce mardi 2 octobre 2018 à 13h14, Jamal Khashoggi pénètre dans le consulat saoudien à Istanbul. Des images de vidéosurveillance diffusées par le Washington Post en attestent. Le journaliste saoudien, qui vit en exil aux Etats-Unis, a dû se rendre au consulat, selon sa fiancée, pour y effectuer des démarches en vue de leur mariage. Il n’en ressortira pas vivant.

« Conformément à un plan prémédité, la victime Jamal Khashoggi a été étranglée à mort dès son entrée au consulat », affirme le procureur turc dans un communiqué. « Le corps de la victime a été démembré et on s’en est débarrassé suite à sa mort par strangulation, là encore conformément à un plan préparé d’avance », poursuit-il.

Selon CNN, des agents saoudiens auraient alors tenté de dissimuler la mort de Jamal Khashoggi grâce à un sosie. La chaîne américaine a diffusé des images de vidéosurveillance montrant un agent saoudien – identifié par un responsable turc – quitter le consulat par une porte arrière et portant les vêtements dont était vêtu Jamal Khashoggi à son arrivée, ainsi qu’une barbe factice.

Il s’agissait, selon ce responsable turc cité par l’AFP, d’une « tentative de dissimulation » visant à faire croire que Khashoggi avait bel et bien quitté le bâtiment. Le royaume a, en effet, longtemps affirmé que Khashoggi avait quitté le consulat vivant, avant de céder à la pression internationale et de révéler sa mort, puis la préméditation du crime.

Qu’est-il advenu du cadavre du journaliste dissident ? Le 7 octobre, soit 5 jours plus tard, le Washington Post, citant un responsable américain, affirme que « le corps de Khashoggi a été probablement découpé et mis dans des caisses avant d’être transféré par avion hors du pays ».

Selon un éditorialiste du quotidien Hurriyet, le corps a été « coupé en 15 morceaux » par un médecin légiste faisant partie du commando saoudien, avant d’être sorti du consulat. Mais il se trouverait toujours dans un endroit inconnu à Istanbul. Les médias turcs affirmaient que la police avait retrouvé un véhicule du consulat saoudien, équipé d’une plaque d’immatriculation diplomatique, « abandonné » dans un parking souterrain d’Istanbul. Le consulat saoudien n’a pas autorisé sa fouille, selon la chaîne NTV.

La chaîne turque AHaber a de son côté diffusé des images de vidéosurveillance montrant selon elle des employés saoudiens du consulat brûler des documents au lendemain de la mort de Khashoggi.

Depuis, si on est cynique, disons-le : que rien ne se passe, c’était prévisible. Mais ça n’en est pas moins choquant. Et c’est encore plus choquant quand on met cette inaction en regard de la barbarie des faits.

Il faut la rappeler. C’est un scénario digne d’un film d’horreur, gore, sanguinolent, à la Stephen King. Sauf que c’est la réalité. Le 2 octobre 2018, à 13h14 Jamal Khashoggi pénètre dans le consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul.  A 13h39 il est mort. Et les circonstances sont atroces.

Khashoggi était le correspondant au Moyen-Orient du Washington Post. Il critiquait les atteintes à la liberté d’expression et la répression exercées dans le Royaume. Les autorités d’Arabie saoudite, à commencer par le prince héritier, ont vu dans cet homme un danger pour leurs intérêts et la pérennité de la dynastie des Saoud.  En dépit de sa jeunesse et de ses velléités de modernisation de la société séoudienne, MBS apparaît désormais comme le représentant brutal d’un système archaïque et fragile. Tout d’un coup, à cause de la mort d’un journaliste, l’opinion publique découvre qu’il est aussi à l’origine de l’agression du Yémen voisin, avec des dizaines de milliers de victimes innocentes et des millions de personnes menacées de famine et d’épidémie sans parler des dizaines de journalistes et blogueurs  toujours détenus.

De nombreuses plaintes ont été déposées contre MBS en France, et aux Etats-Unis sans grand succès jusqu’à aujourd’hui.

L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions et des interdictions de voyager pour les 18 personnes suspectées d’être impliquées dans le meurtre qui s’appliquent dans l’ensemble des 26 pays de l’Espace Schengen.

Toutefois, à la différence d’autres pays européens, la France n’a pas interdit la vente et la livraison d’armes à l’Arabie Saoudite. normalisation dangereuse d’un homme brutal. Le 26 octobre 2018, le Président Macron avait d’ailleurs  déclaré :  « Quel est le rapport entre les ventes d’armes et M. Khashoggi ?».

En rencontrant le Prince héritier sur le territoire français en juillet 2022, pendant que des dissidents saoudiens restent injustement détenus, piégés dans le pays par des interdictions de voyager, et ciblés à l’étranger, le Président Macron a contribué à la normalisation  dangereuse d’un homme d’une  extrême brutalité .

On n’est pas prêt de voir aboutir les plaintes contre MBS et encore moins de le retrouver  devant une cour internationale pour être jugé entre autres pour l’assassinat de Jamal Khashoggi !

… Ce sera peut-être une autre histoire à vous raconter !

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