En quelques décades la féria de Béziers a connu plusieurs transformations, celles des deux mandatures Ménard ne sont pas les moindres.
À l’origine la féria est une sorte de bacchanale où le vin a même coulé à flot dans une fontaine. Cette féria-là, déjà centrée sur les corridas, était une sorte de grande fête locale à destination interne.
La municipalité Barrau (union de la gauche) met en place une féria d’un nouveau type basée sur des spectacles de qualité tant au niveau équestre, danse, que musical. C’est eux qui canalisent la foule à la sortie des arènes pour la diriger vers le centre historique et lui permettre de découvrir cours et rues.
Avec les mandatures Couderc (droite) la proximité des plages et des vacanciers induit une féria plus commerciale.
Vient alors, le temps des « bodegas privées », où les fêtards se retrouvent par affinités et par lieux.
De fête locale la féria passe progressivement dans la catégorie des évènements nationaux de l’été.
L’idée était alors de concurrencer les fêtes landaises et basques qui se déroulent elles aussi pendant l’été dans une configuration similaire (tradition locale et fort contingent de vacanciers à proximité).
Les trois mandatures Couderc constituent un gros coup d’accélérateur dans le sens d’une fête qui tente d’attirer plusieurs publics différents via la musique, les chevaux, le flamenco, les toros.
Les choix faits par Couderc visent alors à attirer plusieurs publics qui se juxtaposent sans heurts. L’idée de base est que chacun trouve son bonheur dans des lieux et des activités estampillés.
La formule bien que détricotée par rapport à la mandature Barrau reste avenante.
Je me rappelle ainsi la scène intitulée « Béziers invite le monde » qui semble aujourd’hui surréaliste après deux mandatures Ménard.
Car la féria est un marqueur des différences entre une fête libérale de droite made in Couderc et une fête identitaire made in Ménard.
Avec Couderc il était possible de trouver son bonheur au milieu d’un immense rassemblement commercial.
Avec Ménard cet exercice va devenir impossible.
Ménard compte plus d’une dizaine de férias à son compteur. Très rapidement la juxtaposition de droite a cédé la place au monolithisme d’extrême droite.
Avec Ménard Béziers n’invite plus le monde, Béziers à la prétention d’être le monde.
Un monde rempli de fanfares militaires, de messes dans les arènes, de compagnies de CRS qui surveillent les fêtards, de contrôle de police pour mesurer le taux d’alcool.
Dans ce monde-là les préfets participent aux messes dans les arènes, signant s’il le fallait la validation de la dérive des pouvoirs publics.
En l’espace d’une dizaine d’années la féria de Béziers est devenue un lieu inhospitalier où de nombreux Biterrois ne vont plus.
Pas à cause du bruit ou de l’alcool, mais à cause de l’ambiance identitaire et sécuritaire qui y règne.
Je ne sais pas si le touriste de passage fait la différence entre l’avant et l’après-Ménard.
Je pense que de nombreux biterrois qui aimaient ce moment un peu particulier où les amis venaient festoyer ne doivent plus s’y retrouver et ne doivent plus inviter grand monde à leur domicile.
Cette évolution, c’est l’autre marqueur du ménardisme.
Elle se fait là aussi en chassant les gens qui ne sont pas d’accord. Cette exclusion à les mêmes racines que celle qui vise les populations cibles du ménardisme (les pauvres, les Gitans, les Maghrébins).
La différence se situe entre l’auto-exclusion et l’exclusion désirée, souhaitée.
Au final, c’est bel et bien la même politique d’extrême droite qui est en jeu.
Il faudra se le rappeler au moment d’aller voter aux prochaines élections municipales.