Le 26 septembre 1945, voilà exactement 77 ans, Béla Bartók, compositeur et pianiste hongrois, s'éteint à New York d'une leucémie. Il a 64 ans.

Ses parents sont musiciens, il le sera aussi ! Belà Bartók prend ses premières leçons de piano avec sa mère. A 11 ans il se produit pour la première fois en public, dans un concert de bienfaisance de l'école qui emploie sa mère. Il est acclamé !

S'en suivra tout un apprentissage qui le mènera du Conservatoire de Vienne au Conservatoire de Budapest.

Il faudra attendre octobre 1901 pour son premier vrai concert avec la Sonate en si mineur de Liszt. Il compose aussi mais ses premières compositions ne reçoivent pas les encouragements de ses professeurs pétris d'esthétique allemande.

C'est avec la Symphonie Kossuth que Bartók devient célèbre du jour au lendemain. Celle-ci connait un grand succès à Budapest puis à Manchester mais provoque aussi un scandale : elle ne sera jamais rejouée du vivant du compositeur.

Nouveau scandale avec son Allegro Barabaro inspiré du folklore. Peu apprécié en Hongrie sa musique est jouée dans de nombreuses salles européennes.

En 1905, il décide avec Kodály, de dresser un inventaire complet des chants populaires et des mélodies folkloriques. Après avoir parcouru la Grande Plaine et la haute Hongrie, ils publient en 1906 « Vingt chansons paysannes hongroises ». Cette musique est à la source de son inspiration. Transcrites puis recomposées avec des rythmes plus libres, il joue sur les dissonances pour faire ressortir le rythme martelé de ces œuvres.

Bartók continue à enseigner au Conservatoire. Il commence à être estimé par l'élite musicale européenne.

Il est surtout célèbre pour ses compositions pour orchestre comme la musique pour cordes , percussion et celesta, le divertimento, la musique de ballet le mandarin merveilleux, son concerto pour orchestre, ses concertos pour piano, ses pièces pour quatuor à cordes et sa Suite de Danses. Il a composé plus de trois cents pièces pour piano, dont une partie est écrite dans les cahiers Mikrokosmos, conçus comme des méthodes pour débutants.

Il a toujours affirmé un sentiment patriotique (mais antinationaliste) contre l'emprise de la culture allemande qui colonise la Hongrie.

En 1939, après une tournée aux États-Unis, il choisit d'émigrer  afin de fuir la montée du nazisme en Europe. Il s'installe à New York mais alors commencent les difficultés financières car les critiques ne lui étant pas favorables, il fait peu de concerts et il ne tire que peu de ressources des leçons de piano qu'il donne.

Atteint d'une leucémie, sa santé décline et il décède ce 26 septembre  1945 sans avoir pu terminer toutes les commandes en cours ni être retourné dans son pays natal.

Cet homme d'une fierté ombrageuse, ascétique et volontaire, refusa tout compromis, tant humain qu'artistique en choisissant  la voie d'une indépendance farouche et quelquefois hautaine.

Comme compositeur, il était hongrois avant tout même si sa musique s'est construite sous diverses influences : celles de Bach, Strauss, Liszt, Beethoven et Debussy mais surtout de la musique folklorique. Il ne se contenta pas de retranscrire ces chants mais les recomposa à l'aide d'harmonies et de rythmes libérés.

Dans le langage musical de Bartók, les éléments issus du folklore jouent un rôle très important, presque déterminant, à côté d'autres éléments non folkloriques. Ses sources folkloriques sont multiples : hongroises, roumaines, slovaques, ukrainiennes, arabes, bulgares... Et le bilan de son activité de folkloriste est encore plus éloquent : il a recueilli près de 3500 mélodies roumaines, nombre supérieur à ceux des recueils hongrois et slovaques, sans parler des collectes accidentelles ou isolées (arabes, turques, ukrainiennes, serbes et bulgares). Mais, dans son style, la fréquence d'éléments hongrois est nettement prédominante

Cet homme, cet humaniste, témoin ardent de son temps, adversaire farouche de tout sectarisme, partisan non moins farouche de l'égalité, se référait aux traditions les plus nobles du passé hongrois. Il a été un fervent patriote, toute sa vie et tous ses actes en témoignent.

Si elle lui a été fatale de son vivant, cette liberté lui a assuré l'admiration reconnaissante de tous les jeunes musiciens d'après 1945, soucieux d'échapper à la tyrannie néoclassique. Car si sa fin fut misérable et assez obscure, elle  fut suivie d'une gloire posthume immédiate et fulgurante.

De tous les compositeurs du XXème siècle, c'est Béla Bartók qui, dans son style, a réussi le plus parfaitement la grande synthèse de toutes les sources musicales, a jeté un pont entre passé et présent, entre Orient et Occident, entre les hommes « primitifs » et ceux qui se trouvent aujourd'hui à divers niveaux de l'échelle sociale. La dimension potentiellement infinie de son style fait de lui le messager de la liberté.

Je le cite pour finir,: "Mon idée maîtresse véritable, celle qui me possède entièrement depuis que je suis compositeur c'est celle de la fraternité des peuples, de leur fraternité envers et contre guerre, tout conflit"

Un propos d'une grande actualité ....

....mais c'est une autre histoire

Version audio avec illustration musicale sur Radio Pays d'Hérault, à écouter ICI

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