Le dernier rapport de prospective du Réseau de Transport d’Électricité français (RTE) est symptomatique de l’incapacité dans laquelle se trouve la technostructure à penser en dehors de la croissance éternelle.
Bien que reconnaissant s’être trompé sur les perspectives d’augmentation de la consommation d’électricité dans un précédent rapport et revoyant les chiffres à la baisse, RTE continue de prôner une croissance de la production.
L’entreprise prévoit pour 2026/2027 que 556 TWh (Tétra watt heure) seront fournis chaque année par les différentes sources contre 455 consommés en France et au mieux 90 exportés. Reste 10 TWh produits pour rien.
Dans le même temps RTE prévoit une augmentation de la production des énergies renouvelables de 9 TWh par an.
Les solutions envisagées reposent sur l’augmentation de la consommation par le développement des usages :
La voiture électrique d’abord, mais pas de chance l’échéance de 2035 pour la fin de la vente de véhicules à moteur thermique est repoussée par l’Europe.
L’hydrogène vert ensuite, mais les industriels ne se précipitent pas, pas assez rentable.
Restent les data center, gros consommateurs d’électricité et aussi d’eau sans parler des hectares artificialisés.
En attendant que ces merveilles sortent de terre à l’horizon 2030, il faut gérer les excédents.
Et ce n’est pas simple.
Les producteurs de renouvelable vendent pour beaucoup leur électricité sur le marché spot. Or en cas de surproduction les prix peuvent devenir négatifs (ils payent pour écouler l’énergie).
Que font-ils ? Ils arrêtent la production.
Problème : ils doivent auparavant prévenir RTE pour qu’il maintienne l’équilibre du réseau mais très peu le font.
Résultat : en avril dernier en réaction à un avis de prix négatif,10 Gwh (Giga watt heure) de production se sont arrêtés instantanément provoquant un déséquilibre important.
Objectif de croissance toujours renouvelé, dérégulation du marché, multiplication des acteurs, tout est en place pour un scénario semblable à ce qui s’est passé récemment sur la péninsule ibérique.
Certaines énergies renouvelables auraient pu être l’occasion de développer une production décentralisée, communale, rendant de l’autonomie aux gens et diminuant leurs factures.
Or, on a choisi le cocktail explosif des autoroutes de l’électricité combinées avec les lois du marché, et l’on voit de plus en plus où ça mène.
Mais peu importe, pourquoi changer une stratégie qui va dans le mur ?





















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