Les nuages noirs continuent de s’amonceler sur la place du 14 juillet et sur la médiathèque André Malraux à Béziers. Depuis l’élection du maire de Béziers à la présidence de l’agglomération, au printemps 2020, la croisade culturelle avait particulièrement touché l'organisation de la M.A.M. : départ forcé de l’ex-directrice, suppression de plusieurs services, diminution drastique du budget, restriction des horaires d’ouverture au public, réorganisation des services, départ ou mutation de nombreux cadres ou salariés.
Mais une croisade culturelle est par définition idéologique, l’organisation ne suffit pas. Cet automne plusieurs pas ont été franchis vers la reprise en main idéologique de la M.A.M. Un nouveau cycle de conférences "Béziers libère la parole de l’extrême-droite" a été lancé par une conférence sur Olympe de Gouges…et les massacres républicains de 1792.
Au même moment l’ex-nouveau directeur de la M.A.M. (embauché mi 2020, démissionnaire fin 2021) organisait (suivant ses propres mots) : "un désherbage des revues et périodiques". Si désherbage il y a, il est sélectif puisque les journaux "désherbés" sont l’hebdomadaire satirique La pieuvre du Midi et le mensuel progressiste Jeune Afrique.
Le "désherbage" n’a pas touché par exemple l’hebdomadaire Valeurs actuelles dans lequel le président de l’agglomération s’exprime régulièrement.
Acte symbolique s’il en était dans le cadre d’une croisade idéologique : toute la collection des numéros de La pieuvre du Midi a été détruite, mise au pilon. Certes, elle n’a pas été brûlée sur la place du 14 juillet dans le cadre d’un autodafé comme ceux organisés par les nazis dans les années 1930 en Allemagne. Mais, avec cette destruction, le président de l’agglomération boucle un parcours qui l’aura vu passer de la présidence de Reporters sans frontières à la présidence de reporter avec frontière idéologique.
Nous commençons à mesurer ce que signifient les contours de la : "Présidence autoritaire" souhaitée par Robert Ménard.
D’une part cette présidence autoritaire "oublie" que "sa" médiathèque publique est financée par les impôts de tous les habitants. D’autre part cette présidence autoritaire se préoccupe elle de ses impôts (le 7 octobre dernier sur CNews) : "J’ai été invité il y a seulement 4/5 ans (sur Radio France la radio de service public NDLR) et depuis plus jamais : c’est juste mes impôts, ça me met hors de moi". Renseignements pris par le Canard enchaîné, le président autoritaire avait été invité 3 semaines plus tôt le 13 septembre.
Aux restrictions économiques, budgétaires, salariales et idéologiques on peut rajouter la mémoire sélective : la M.A.M. est vraiment devenue la "Médiathèque A Ménard"