(1) Le général, le prix Nobel et la Dame de fer.                                                                                                                                                                                                                                                                             Trente ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale nous retrouvons d’autres protagonistes du libéralisme autoritaire (*). Ils se nomment maintenant néolibéraux et engagent le travail de remise en cause des conquis sociaux. Ces fils spirituels de Carl Schmitt se regroupent sous le vocable de « Chicago boys ».

Le 11 septembre 1973, le coup d’État mené par le général Pinochet (avec le soutien actif des USA et de la CIA) met brutalement et tragiquement fin à l’expérience de l’Unité populaire amorcée en 1970 par la victoire électorale de Salvador Allende.

Le 10 décembre 1974, un an et trois mois après, Friedrich Hayek, économiste libéral reçoit le prix Nobel de sciences économiques.

Le 11 février 1975, trois mois après, Margaret Thatcher rencontre Hayek pour la première fois.

Tout juste auréolée de sa victoire dans la bataille pour la direction du Parti conservateur britannique, Thatcher rencontre celui qui va devenir son mentor économique : Hayek.

Dans cette nouvelle série d’extraits de lecture, je vous propose de mettre en exergue les liens qui vont se tisser entre le dictateur, l’économiste et la future dame de fer, dans ce qu’il faut bien appeler « la scène primitive du néolibéralisme ».

Très vite, Hayek et les « Chicago Boys » vont diriger la politique économique chilienne. Ils vont même écrire la constitution du Chili. Le Chili va devenir pour plusieurs décades un laboratoire du libéralisme.

En août 1979, Hayek demande à Thatcher de faire définitivement plier les syndicats britanniques. Il la presse de couper au plus vite dans les dépenses publiques et de rééquilibrer le budget en 1 an au lieu de 5. Il lui enjoint enfin de suivre l’exemple du Chili. Thatcher lui répond poliment « L’exemple du Chili n’est pas directement transférable ». On sait aujourd’hui ce qui était « transférable ».

Quelques mois après, Hayek déclare dans « El Mercurio » journal chilien qui soutient Pinochet : « Un dictateur peut gouverner d’une manière libérale. Une démocratie peut gouverner avec une totale absence de libéralisme. Personnellement, je préfère un dictateur libéral à un gouvernement démocratique manquant de libéralisme ».

Le Chili de Pinochet occupe une place centrale dans le libéralisme des années 1975 / 1980.

D’où lui vient cette place ? Quel rapport entre le coup d’État de 1973 et le néolibéralisme ? C’est ce que nous allons découvrir dans cette nouvelle série qui se déroulera sur plusieurs épisodes, chaque semaine, à partir d’extraits de lecture du livre « Le choix de la guerre civile » ( une autre histoire du néolibéralisme) paru aux éditions Lux en 2021.

(*) Pour celles et ceux qui veulent faire le lien entre libéralisme autoritaire et néolibéralisme, lire la série « Allemagne années 1930, naissance du libéralisme autoritaire », en ligne sur ce site.

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