À l’écart des grands axes routiers et ferroviaires, La Vajol et Las Illas, deux communes de moyenne montagne des Albères vont entrer dans l’histoire de la Retirada.

C’est en effet par la frontière sauvage que sont passés pour des raisons de discrétion et de sécurité (sur les sentiers reliant La Vajol à Las Illas), les membres les plus éminents des instances républicaines.

Le président de la République Azana, le président de la Généralité de Catalogne Companys, le président du gouvernement d’Euzkadi Aguirre passent la frontière le 5 février 1939. Ces hauts dignitaires de l’Espagne républicaine passent la frontière à pied par le col de Lli qui culmine à 771 mètres d’altitude. Ils sont accompagnés par le chef du gouvernement Negrin et le président des Cortès Barrio.

Avant la Retirada les autorités républicaines avaient investi ces contrées sauvages pour y mettre à l’abri le patrimoine artistique national.

Dès 1937, le gouvernement saisit la mine de talc de La Vajol, appelée « mine de Canta », pour en faire un bunker et y entreposer des œuvres d’art, des pièces d’orfèvrerie et de joaillerie.

Le soir du 10 février, face au danger franquiste imminent, certains tableaux parviennent en France à dos d’homme.

Le président de la République Azana séjourne au mas Barris de La Vajol avant de quitter l’Espagne.

Au printemps 1938, la Généralité de Catalogne avait, elle aussi, saisi le mas Perxers, situé à Agullana, commune voisine de La Vajol, pour y déposer le patrimoine artistique de la Catalogne.

Montserrat Julio a 10 ans lorsqu’elle quitte sa maison de Mataro avec ses parents et des amis. Du côté de Figueres la famille doit abandonner la voiture et trouver place dans un camion. Très vite la route qui mène au Perthus est totalement bloquée, car le flot de réfugiés vient buter contre la frontière fermée. Ils se dirigent vers le col de Lli et Las Illas.

En arrivant à Las Illas, ils découvrent, un grand espace avec, au milieu, un grand feu qui chauffe une marmite. Des jeunes filles de la Croix-Rouge distribuent du lait sous la surveillance des gendarmes.

Julia Serra, institutrice, est partie de Gérone, elle est le 4 février du côté d’Agullana. Elle passe le col de Lli à pied et décrit un accueil chaleureux.

Comme elles entre 5 000 et 10 000 réfugiés sont passés par le col de Lli.

 

Après une interruption liée à la parution des textes de «SOS Poètes», l'enquête sur les points de passage de la «Retirada» revient pour 7 nouveaux épisodes. Ce texte est un extrait de lecture du livre de Serge Barba « De la frontière aux barbelés, les chemins de la Retirada 1939 », édité aux éditions Trabucaïre en 2017.

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