La réquisition de main-d’œuvre fut rapidement exigée par le Reich quand les travailleurs allemands furent mobilisés sur le front de l’est.

La France n’était pas le seul pays concerné, le Service du Travail Obligatoire (STO) concernait tous les vaincus. Dans ce contexte général, Vichy se distingua par l’ampleur de sa collaboration.

Le gouvernement Laval promulgua 3 lois pour satisfaire les exigences du Reich. Il mena en plus une politique répressive vis-à-vis des réfractaires.

Les premières exigences nazies datent de l’été 1942. Les 200 000 hommes et 40 000 femmes qui se sont déjà portés volontaires ne sont pas suffisants pour l’économie de guerre allemande.

Pour faire face aux nouvelles exigences, Laval promulgue la loi du 4 septembre 1942, dite « d’orientation de la main-d’œuvre ». Cette loi rend mobilisables les hommes de 18 à 50 ans et les femmes de 21 à 35 ans pour des travaux dits « utiles dans l’intérêt de la nation ». Elle ne précisait pas l’endroit où devaient s’effectuer ces travaux.

En janvier 1943 le Reich a de nouvelles exigences. Il réclame 250 000 hommes supplémentaires, dont 150 000 spécialistes aux métiers listés. Pour répondre à cette exigence, la loi du 16 février 1943 institue le Service du Travail Obligatoire (STO). Sur le modèle de la conscription militaire, les tranches d’âge nées en 1920, 1921, 1922 sont touchées.

En juin 1943 le Reich exige un nouveau contingent de 220 000 hommes, toute la classe 1942 est réquisitionnée.

En août 1943, nouvelle exigence du Reich qui porte sur 500 000 hommes.

Pour la première fois, le régime de Vichy est ébranlé par le caractère totalement exponentiel des demandes nazies. Il honore très difficilement les exigences précédentes, les réfractaires au STO se faisant de plus en plus nombreux.

Pour résoudre ce problème, le ministre de l’Armement nazi Albert Speer propose d’amener les usines près de la main d’œuvre. Le 18 septembre 1943, un accord est signé avec le ministre français de la production industrielle Jean Bichelonne.

L’accord porte sur un plan de coopération économique franco-allemand. Les travailleurs mobilisés (uniquement des hommes) sont dispensés de partir en Allemagne à condition de travailler en France dans des usines dont la production est destinée au Reich.

Ces « Sperrbetriebe » (ou usine classée S) au nombre de 14 000 vont employer en France 1 400 000 salariés requis par le régime de Vichy.

Finalement près d’un million de requis travailleront de force pour l’Allemagne nazie.

Difficile dès lors de se présenter comme un bouclier contre l’occupant. A l’inverse, Vichy permit à l’industrie de guerre allemande de tourner à plein régime. Ce qui eut pour effet immédiat de prolonger la guerre.

Sur la question de la collaboration par le travail, Vichy révèle son véritable visage. Celui d’un régime autoritaire, aux ordres de l’occupant, pour qui les travailleurs ne sont qu’une variable d’ajustement.

Nous sommes loin, très loin, des promesses émancipatrices de la « Révolution nationale » faites à ses débuts par Vichy à la classe ouvrière.

Après plusieurs décennies, l’extrême droite offre-t-elle plus de garanties ?

Cette contribution est issue de notes de lecture du livre de Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera "Les Patrons sous l'Occupation" publié aux éditions Odile Jacob en 1995

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