Les lobbies ont vraiment de la ressource, de la force, de la puissance en fait du pouvoir...le pouvoir ! Le pouvoir de faire prendre à nos institutions publiques des décisions qui vont à l'encontre de la recherche médicale, de la santé publique, de l'intérêt général voire d'un futur vivable sur cette planète !

Les exemples sont nombreux qui pourraient illustrer cette mainmise des lobbies et en particulier de l'industrie chimique sur les politiques publiques.

Il en est ainsi de la dernière conclusion de l'EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) concernant l'utilisation du glyphosate, qui, avec 800 000 tonnes déversées chaque année sur nos champs et espaces verts, est l’herbicide le plus utilisé sur la planète, popularisé par Monsanto sous la forme du Roundup.

Rappelons qu'en mars 2015, un groupe de 17 experts indépendants décident d’éplucher toute la littérature scientifique associée au glyphosate. Le constat est sans appel. La molécule est très probablement cancérogène pour les humains et les animaux.

Évidemment Monsanto réfute et tire à boulets rouges. Cette évaluation ne serait que de la pseudo science. Les chiffres parlent pourtant d’eux-mêmes.

Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer, agence de l'OMS ) classe donc cette substance comme "cancérigène probable pour l'homme" dès 2015.

L'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm),  six ans plus tard, confirme les soupçons de cancers en particulier ceux du système lymphatiques, de la prostate, des reins et de la vessie mais aussi de possibles liens avec les maladies de Parkinson et d'Alzheimer.

D'autres voix se sont élevées en particulier celles des mouvements écologistes pour réclamer son interdiction qui avaient eu, campagne électorale oblige, l'oreille de notre président.

D'ailleurs, à peine élu, Macron en 2017 avait promis de bannir ce produit d'ici la fin de 2020 avant de faire volte-face sous la pression de la FNSEA. Ce syndicat est un lobby tout aussi puissant que Monsanto désormais propriété de Bayer.

En Europe, le lobbysme bat son plein au service de Monsanto à coups d’études controversées, et d’enfumages caractérisés. La Commission européenne (CE) capitule et autorise en 2017 l'utilisation du glyphosate  jusqu’au 15 décembre 2022 puis  la renouvelle jusqu'au 15 décembre 2023.

La date approche donc dangereusement pour Bayer qui ne se fait par contre aucun souci. D'ailleurs, avec raison, puisque bingo, le 6 juillet dernierl’EFSA livre ses conclusions pour éclairer la Commission européenne et les États membres concernant la prolongation du maintien du glyphosate sur la liste des substances actives approuvées dans les pesticides dans l’UE.

 ... et rebelote !

Et oui, bonne nouvelle pour les accros au pulvérisateur, cet herbicide ne préoccupe pas l'EFSA qui n'a pas "identifié le domaine de préoccupation critique en ce qui concerne les risques pour l'homme, pour l'animal ou pour l'environnement " ! Ben voyons !

Pas de problème pour l'EFSA d'être en parfaite contradiction avec le CIRC ou l'Inserm et toutes les études indépendantes.

 Les conclusions complètes seront publiées d'ici la fin du mois de juillet 2023 et les documents de référence relatifs à l'évaluation des risques et à l'examen par les pairs devraient être publiés entre la fin du mois d'août et la mi-octobre 2023. Forcément avant fin décembre !

Mais ne doutez pas du résultat et de la décision de la Commission Européenne, le boulot a été fait, en amont, par Bayer et ses affidés. C'est donc reparti pour un certain nombre de tours !

La réalité, c'est que  l'agriculture intensive n' est pas en mesure de se passer de cet herbicide car elle s’appuie entre autres sur l’utilisation de désherbants chimiques. Ce modèle agricole est pris en otage par des pratiques addictives, largement recommandées par les laboratoires pharmaceutiques et autres FNSEA. Il  s'éloigne de l'agriculture paysanne respectueuse de l'environnement et de la biodiversité dont font partie l'humanité. 

Les agriculteurs ne sont par ailleurs pas les seuls concernés. On estime qu’une interdiction du désherbant coûterait près d’un demi milliard d’euros à la SNCF, qui devrait utiliser d’autres techniques pour nettoyer ses voies. Et cette fois encore, ce sont les consommateurs qui paieront la facture si le roundup disparaît.

Mais alors que faire à notre échelle ? En attendant que le glyphosate soit définitivement interdit, (et espérons que ce soit rapidement le cas), on n’est pas complètement démuni.

La solution, c’est de s’orienter dès que possible vers des produits issus de l’agriculture biologique, cultivés sans ajout de pesticides ou d’herbicides. Des milliers d'agricultrices et d'agriculteurs l'expérimentent depuis longtemps et démontrent son efficacité .

Ce type d'agriculture préserve la terre, la respecte, l'enrichit,  lui permettant de produire une nourriture saine pour la meilleure santé de toutes et de tous.

Et en plus, on n'enrichira pas l'industrie chimique, que du bonheur ! 

A propos, le CIRC, toujours lui, vient de classer l'aspartame, un édulcorant artificiel utilisé dans les sodas, comme "peut-être cancérogène pour l'homme".

Espérons que l'Europe ne va pas nous rejouer pour ce produit la même partition que pour le glyphosate !

 

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