Bien avant la France, l’Italie a été le laboratoire d’une conquête du pouvoir via la banalisation de l’extrême droite. S’arrêter sur l’exemple italien c’est tenter de cartographier les différents chemins électoraux pris par l’extrême droite pour arriver au pouvoir.

Dès le début des années 1990, Berlusconi unifie pour son propre compte la droite conservatrice et réactionnaire avec les organisations postfascistes et nationalistes. Celles-ci sont alors ultra minoritaires.

A la fin des années 1990, le même Berlusconi expérimente plusieurs formes de « droites plurielles » qui associent libéraux, nationalistes et postfascistes. Il réalise ce que Chirac et Sarkozy avaient imaginé sans pouvoir le réaliser.

En 2000 le cartel électoral « Casa delle libertà » (maison des libertés) est mis en place, en 2009 un second cartel « Popolo della libertà » (peuple de la liberté) le remplace. Tous les ‘’alliés’’ de la victoire électorale du 25 septembre 2022 étaient déjà présents au début des années 1990 ( Forza Italia, MSI, Lega), à l’exception de Berlusconi les leaders de ces formations ont tous été remplacé.

Ces alliances électorales ont amplement contribué en Italie à banaliser l’extrême droite.

Les élections de 2018 marquent un tournant au sein de cette alliance électorale. La Lega de Salvini, qui était jusqu’alors largement minoritaire, absorbe les votes de Forza Italia de Berlusconi et à un degré moindre ceux de Fratelli d’Italia de Meloni ( parti qui succède au MSI).

Les dernières élections nationales de septembre 2022 rendent encore plus volatils les suffrages à l’intérieur de cette coalition. Meloni absorbe à son tour les suffrages de Berlusconi et Salvini. L’abstention reste à un niveau extrêmement important

La première leçon de ce regroupement des droites Italiennes, c’est que les majorités changent à l’intérieur de ces coalitions. En 30 ans nous sommes passés d’une position ultra dominante de Berlusconi, à la suprématie de Salvini, pour arriver à la victoire de Meloni.

Comme Berlusconi avait ouvert la route à Salvini, Salvini a ouvert la route à Meloni.

Dans cette séance de chaises musicales, ce regroupement électoral n’évite pas le dégagisme interne dans une droitisation permanente.  

Pour ce qui est de l’avenir et dans une telle configuration : soit Meloni répètera une nouvelle fois une logique libérale autoritaire, soit elle optera pour une logique postfasciste.

Rien ne permet en cet instant d’indiquer ce que fera Meloni, mais on peut dire qu’elle est confrontée à deux choix.  Un qui l’amènerait vers une option de type Hongrois où Polonais, qu’on peut caractériser comme conservatrice autoritaire. L’autre qui l’amènerait vers une option de type postfasciste.

Si l’on compare les situations françaises et italiennes on peut remarquer que le RN est depuis plus de 30 ans dans une logique de refus d’alliances électorales larges où il ne serait pas d’emblée majoritaire. De fait le RN a pour le moment fait le choix de caporaliser d’éventuels alliés sous sa férule.

L’avenir nous dira si d’autres partis de droite ou d’extrême droite accepteront d’être inféodés au RN lors des prochaines séquences électorales.

Il nous dira aussi si le RN peut faire une sorte « d’aggiornamento » électoral qui le ferait opter pour un cartel électoral ‘’made in Italy’’.

D’ici là il est évident que la victoire de l’extrême droite en Italie, les choix qui vont être faits par Meloni, vont inévitablement peser sur les questions stratégiques électorales hexagonales : a gauche comme à droite !  

 

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