Debout les femmes

par | 28 novembre 2021 | Extrême droite

Dans ma dernière chronique j’avais passé aux rayons X l’intervention d’Éric Zemmour à Béziers et sa promotion d’une école raciste et anti écologique. Or les sondages montrent que les femmes ont bien moins l’intention de voter pour sa candidature. À une époque où un mouvement international se lève contre les violences faites aux femmes, c’est rassurant. Cet identitaire légitime en effet les rapports de domination qu’exercent les hommes sur les femmes, y compris sexuels, dans nos sociétés capitalistes.

Il prête à une soi-disant féminisation de notre pays les maux qui l’accablent et rêve d’une bonne remasculinisation. Concrètement on imagine ce que cela pourrait donner s’il accédait au pouvoir : une perte des droits pour les femmes en termes d’accès à l’emploi et de contrôle de leurs corps. C’est une constante dans l’idéologie d’extrême droite : les droits des femmes sont remis autant en question que les droits des étrangers. Alors imaginez pour une femme étrangère.

Marine Le Pen, son ennemie chérie, à qui il dénie des qualités de cheffe, n’est d’ailleurs pas en reste. Dans une vidéo qui date de 2017 et montre les coulisses de la dernière campagne présidentielle, on assiste à une scène proprement hallucinante. La candidate visite un centre de formation où des femmes apprenties en reconversion professionnelle apprennent à cuisiner. La caméra est positionnée face à la table de travail. À gauche des élèves de nationalité française, à droite des élèves d’origine ou de nationalité étrangère. Au bout de la table Marine Le Pen et la responsable du centre. La présidente du RN explique qu’elle fera si elle est élue appliquer une taxe de 10% pour toute embauche de personne étrangère aux entreprises. En réalité les employeurs comme les travailleurs paient déjà une redevance importante en cas d’embauche de ressortissant étranger. C’est ce qu’omet de dire la candidate.

C’est ce que lui remet en mémoire l’une des apprenties – à droite de la table donc – d’origine africaine qui vit en France depuis 30 ans, dont les enfants nés en France font des études supérieures. Celle-ci ressent de son propre aveu un immense sentiment de découragement en imaginant concrètement ce que signifierait une politique de préférence nationale plutôt que de droit du sol. Sans se laisser impressionner cette travailleuse défend le droit du sol, la liberté de circulation, la diversité culturelle face à la candidate.

Cette dernière reprend quant à elle le vieil argument en forme d’équation de son père :  immigration = chômage et revendique une identité française qu’elle pense menacée par d’autres cultures immigrées. Rien n’est dit sur le caractère structurel et voulu par le système capitaliste du chômage. Sa critique des délocalisations fait l’économie de dire que toutes les entreprises françaises exploitent la main d’œuvre à l’étranger, et qu’en cas de relocalisations massives il manquerait probablement de travailleurs et travailleuses et on verrait alors cyniquement réapparaître le recours à la main d’œuvre étrangère. En gros soit on l’exploite sur notre sol, soit on l’exploite ailleurs.

Revenons à notre scène. Dans la cuisine les autres apprenties de nationalité française -à gauche de la table donc – ne disent mot. L’une d’elle déclarera plus loin dans le reportage avoir été convaincue par le discours de la candidate qui en quelques minutes a transformé sa camarade en concurrente imaginaire face à l’emploi.

Cette scène montre clairement comment les idées d’extrême droite cherchent à créer de la division entre les travailleurs et plus particulièrement les travailleuses. En réalité ces femmes ont les mêmes intérêts et auraient tout à gagner à lutter ensemble pour obtenir des droits dans un secteur, celui de la restauration, connu pour son exploitation de la main d’œuvre notamment immigrée et sa maltraitance notamment des femmes. Que Marine Le Pen, cette candidate femme, elle-même victime du sexisme y compris dans son propre camp, de l’autorité patriarcale de son père, fasse preuve de si peu de solidarité et d’ambition pour ces travailleuses en dit long sur l’impasse politique que constituent les idées d’extrême droite.

Alors, je vous conseille en guise d’antidote d’assister à une représentation de Debout les femmes de Gilles Perret et François Ruffin qui appellent les femmes des métiers du lien, quelles que soient leurs origines, à s’allier et unir leurs forces pour renverser les rapports de domination genrés, racisés et sociaux dans la société capitaliste.   « Depuis la nuit des temps nous sommes le continent noir », dit L’hymne des femmes.

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