Localement et nationalement la nécessité de battre électoralement Ménard et l’extrême droite n’est plus l’alpha et l’oméga de la vie politique à gauche. À Béziers comme à Paris, le danger fasciste est sous-estimé.
Un sondage vient de le rappeler : l’extrême droite caracole en tête des sondages pour les présidentielles, la gauche divisée fait moitié moins, la droite risque de ne pas être qualifiée pour le second tour.
Il n’y a pas encore de sondage local vu l’incertitude des dépôts de liste à droite et à l’extrême droite, mais Ménard peut rafler la mise pour la troisième fois consécutive aux municipales.
À Paris, le RN conforte sa position de faiseurs de roi en indiquant qu’il pourrait ne pas voter la censure si « des éléments de son programme sont repris par le futur gouvernement ».
À Béziers, Ménard négocie avec les états-majors d’Horizons et LR pour écarter une candidature concurrente aux municipales et il négocie avec le RN local pour se partager la mairie de Béziers et la présidence de l’Agglomération.
Dans les mois qui viennent l’extrême droite risque donc de voir un véritable boulevard s’ouvrir à elle. La gauche tant localement que nationalement ne semble pas prendre la mesure de cette probabilité.
Les raisons de cette cécité politique sont multiples, je vous propose de les énumérer pour mieux les identifier.
La première raison est une sous-estimation du danger. Elle est aussi forte à Béziers que nationalement. Pour la gauche le débat en cours est celui du « leadership » interne, pas celui de la conquête de l’opinion.
Pourtant tous les signaux sont au noir.
L’une des caractéristiques du fascisme est que son adversaire est un ennemi. Un ennemi qu’il faut éradiquer. Cet ennemi est déshumanisé, animalisé, privé de sa dignité. Nous l’avons vu à Béziers avec l’affiche municipale « ils arrivent » qui montrait des migrants sous des traits de morts-vivants qui marchaient vers la cathédrale.
Pour parvenir à la fascisation de la société, il faut enrôler, mobiliser, uniformiser, embrigader, encadrer, encaserner. Ces prémices du fascisme sont expérimentées à Béziers depuis deux mandatures par le maire actuel.
Le fascisme est un modèle éminemment sexué, une exaltation de la masculinité associée à la violence. C’est aussi le cas à Béziers avec les affiches municipales. Le bras droit doit se lever et le reste aussi.
Le fascisme émane de la guerre, la prépare, l’encense. À Béziers, Ménard exalte la guerre en Ukraine comme il exalte la guerre à Gaza.
Quand les fascistes descendent dans la rue, c’est pour marcher au pas de l’oie. Nous l’avons vu cet été à Béziers quand quelques militantes anti-corridas se sont faîtes expulser d’un cortège religieux municipal.
Quand les fascistes parviennent légalement au pouvoir, c’est toujours en désignant une partie de la population à la vindicte. Cette logique du bouc émissaire est bien sûr largement utilisée à Béziers.
Les fascistes utilisent les médias comme une arme de guerre. À Béziers, le premier souci de Ménard a été d’avoir son propre moyen de communication « le journal de Béziers » devenu « le journal du biterrois ».
Le fascisme dépolitise, il préfère les petites phrases et le parler « vrai » aux « petites gens ». Le fascisme a ses animateurs vedettes, Robert Ménard en fait partie.
Le fascisme dicte l’agenda des thématiques, il chérit les retournements sémantiques et les antiphrases. Il opère alternativement avec le strass des paillettes, le poids des mots et le choc des photos. De ce point de vue Béziers est un laboratoire.
Le fascisme ne porte pas toujours des chemises brunes. La gauche le sait. Mais elle ne veut pas le voir.
Pour éviter une catastrophe politique, je vous propose de mesurer pendant quelques semaines le danger fasciste localement et nationalement à travers quelques-unes de ses caractéristiques essentielles.
La semaine prochaine ce sera le mythe du chef.