« L’affrontement oppose une Italie de politicards stupides à l’Italie saine, forte, vigoureuse, qui se prépare à donner un coup de balai définitif à tous les insuffisants, à tous les gâte-métier, à l’écume infectée de la société italienne . . . Bref, nous voulons que l’Italie devienne fasciste ».

Mussolini, rassemblement de Crémone, 24 septembre 1922

« Au premier coup de feu, le fascisme tout entier s’effondrera ». Voilà ce qu’aurait dit le général Badoglio. Au premier coup de feu de l’armée régulière, le fascisme est censé s’effondrer d’après le général Badoglio. Et pourtant, quatre généraux expérimentés et quatre vétérans bardés de décorations se réunissent par un après-midi d’automne à Milan pour organiser une insurrection armée contre l’État.

Le Duce du fascisme prend la parole et explique à ses invités pourquoi il les a réunis. Il les a réunis parce qu’un État incapable de se défendre n’a pas le droit d’exister.

L’Italie est une nation, mais elle n’a pas d’État. Par conséquent, le fascisme lui en donnera un. Mussolini a clairement affirmé lors du congrès fasciste d’Udine, le 20 septembre : « Notre programme est simple, nous voulons gouverner l’Italie ».

Pour les factieux, la milice est prête, réformée par la violence d’une armée en guerre, la prophétie de la violence se réalise, il existe une violence qui libère et une violence qui enchaîne, la masse est un troupeau, le siècle de la démocratie est terminé, l’État libéral est un fantoche, le fascisme représente l’Italie jeune, forte, virile, le choc est inévitable, le moment est propice, l’heure de l’attaque est arrivée, celle de la prophétie aussi.

La décision est prise : action violente. La date précise sera toutefois choisie après le grand congrès qui se tiendra à Naples le 24 octobre. Il ne reste donc qu’à examiner les modalités de l’action.

Mussolini tire de sa poche une feuille de papier. À la stupéfaction générale des chefs fascistes, il lit la proclamation à lancer aux fascistes lors du déclenchement de l’insurrection.

Il l’a sur lui depuis plusieurs jours : « Fascistes ! Italiens ! l’heure de la bataille décisive a sonné ».

A la fin de la réunion Mussolini retient Balbo, il lui confie.

« Si Giolitti retourne au pouvoir nous sommes foutus, souviens-toi, à Fiume, dans une situation similaire, il n’a pas hésité à faire tirer au canon sur d’Annunzio. Il faut brûler les étapes. Les préparatifs doivent être terminés avant la fin du mois ».

 

( Extraits de lecture du livre d’Antonio Scurati ‘’M’’ l’enfant du siècle aux éditions Les Arènes )

 

Chaque mardi en exclusivité sur EVAB, vous avez rendez-vous avec la série ‘’M’’ qui va vous faire revivre les évènements qui ont fondé le fascisme, en Italie, au siècle dernier.

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