Fascisme : la bascule vers la fin de l’État de droit (5)

par | 20 avril 2025 | Histoire

Au moment où en France et dans le monde la droite extrême et l’extrême droite remettent en cause l’État de droit, il est temps de se rappeler comment le fascisme procède pour le supprimer. En Italie, l’assassinat du député socialiste Giacomo Matteotti aurait pu signifier la fin du fascisme. À l’inverse, il a signifié la fin de l’État de droit.

Italie 1924 : meurtre de Matteotti (5) l’hallali

20 juillet 1925, un an après le meurtre de Matteotti, un mois après le congrès du Parti national fasciste, Giovanni Amendola leader de l’opposition de droite, figure de l’opposition démocratique connue sous le nom de « sécession de l’Aventin », se trouve à Bagni di Montecatini, station thermale huppée et renommée où il fait une cure.

Amendola est installé au grand hôtel « la pace ».

À l’inverse de son appellation, le jardin du grand hôtel « la pace » est envahi de jeunes hommes sur le pied de guerre.

Les squadristes de la région qui sont parmi les plus féroces fascistes de Toscane ont assiégé l’hôtel après avoir appris qu’il hébergeait Giovanni Amendola.

Amendola,, le principal objet de leur haine depuis l’assassinat de Matteotti.

Le leader de la droite est contraint de s’enfermer dans sa chambre, protégé par 3 carabiniers.

Ces derniers mois ont été un véritable calvaire pour Amendola. Cela fait maintenant un an que les parlementaires qui se sont retranchés par protestation sur l’Aventin espèrent une intervention du roi pour mettre fin au gouvernement de Mussolini.

Mais depuis un an le roi Victor-Emmanuel III n’a pas eu la moindre réaction.

Amendola s’est obstiné dans une opposition inactive mais inflexible, inébranlable mais immobile.

Dans sa protestation non-violente, il a la conviction qu’il importe de détourner les masses populaires de la lutte contre le fascisme. Il espère obstinément que le roi va nommer un nouveau gouvernement.

Amendola est enfermé dans sa chambre. La direction a bloqué les entrées, mais un certain nombre de chemises noires tentent d’escalader le mur, tandis que d’autres lancent des pierres sur les fenêtres.

Assiégé depuis le matin du 20 juillet, Amendola accepte de se mettre à l’abri dans l’après-midi. Cette issue lui est offerte par Carlos Scorza chef fasciste de la province voisine de Lucques.

Accouru précipitamment à Montecatini pour conjurer le péril d’une autre affaire Matteotti, Scorza n’est pas un génie. Au vu de la tension existante il comprend assez vite que la mort d’Amendola peut être un problème pour Mussolini.

Il propose une sortie en catimini. Le chef de l’opposition de droite s’enfuira par une sortie secondaire, en cachette escorté par des miliciens fascistes qui le protègeront d’autres miliciens fascistes.

À la gare de Pistoia, un train doit conduire le fugitif, jusqu’à Rome.

Amendola quitte l’hôtel, monte dans une voiture pour se rendre à la gare. À la sortie de la ville de Montecatini un tronc d’arbre barre la chaussée. Une dizaine d’ombres sortent du fossé. La vitre arrière explose sur le visage d’Amendola. D’instinct, il lève le bras pour se protéger la tête, découvrant son flanc gauche.

C’est le moment où une pointe de lance se fiche dans ses côtes. Les agresseurs veulent s’acharner et le tuer mais deux voitures arrivent en sens opposé.

Sans le vouloir elles mettent fin à l’embuscade.

Le lendemain, Victor-Emmanuel III en qui Amendola et ses proches ont placé tous leurs espoirs est informé des circonstances, des faits et de l’identité des personnes impliquées dans la tentative de meurtre.

Une fois de plus, il ne bronche pas, il ne lève pas le petit doigt.

La semaine prochaine nous clôturerons cette série par un dernier épisode qui rendra compte de la capitulation démocratique et de la fin de l’État de droit en Italie pendant une durée de 20 ans.

Partager sur

En Bref

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

Action Palestine biterrois samedi 24 mai journée de solidarité

Aux sympathisants AFPS 34 du biterrois  - 15 mai 2025 - Commémoration de la Nakba et hommage aux victimes du génocide à Gaza - Initiative organisée en même temps dans plusieurs villes de France dont Montpellier avec l'AFPS 34, pour énumérer les 55 000 victimes...

Le 14 juin, CAILLOUX sera en fête avec Ricochets

Chers adhérents, chères adhérentes, chères associations amies, à toutes et tous, d'ici ou d'ailleurs, l'association CAILLOUX est heureuse de vous convier à partager un moment culturel et festif, le 14 juin, au hameau de Cazelles (34210 Aigues-Vives), de 15h à 1h....

A69 : projet de loi de validation, un scandale démocratique

Bonjour  #A69 - UNE ATTAQUE INÉDITE CONTRE LA SÉPARATION DES POUVOIRS : soyons nombreux à demander à nos députés de voter contre cette loi indigne ! A la veille du vote au Sénat nous vous mettons ci-dessous la lettre ouverte que nous avons adressée aux sénateurs....

Au bout du fil

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1018923
Total Users : 1018923

jeudi 22 mai 2025, 16:40

Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers