
Témoignage de Houda Gabsi,
Il y a cinq ans, en plein cœur du confinement, mon petit frère a été tué!! Pas par un virus. Pas par une arme entre les mains d’un voyou. Mais par ceux qui étaient censés le protéger : la police municipale de Béziers.
Il n’a pas eu le temps de sortir son attestation. Il n’a pas eu le temps de respirer. Il n’a pas eu le temps de s’expliquer.
Sept véhicules, Pour un homme vulnérable désarmé, respectueux, qui n’a insulté personne. Brusqué. Plaqué. Suppliant. Et brisé.
Aujourd’hui, malgré les éléments, malgré les vidéos, malgré les témoins…
Le juge a préféré céder à la pression politique. Les recommandations ont changé. La vérité a été piétinée.
On nous parle de drogue, de cocaïne, de cœur fragile… Mais il était debout, il marchait, il parlait. Il allait bien. Ce que son corps n’a pas supporté, ce n’est pas une trace dans son sang : c’est la violence, la peur, l’acharnement. C’est l’écrasement de sa corne thyroïdienne et du nerf vague syndrome asphyxique (résultat de l’autopsie).
La cause peut être dite « pluridisciplinaire », mais la cause réelle, celle qu’on voit, qu’on entend, qu’on filme, c’est l’intervention brutale qui l’a étouffé. Pas autre chose.
On parle de justice, mais ce que nous voyons, c’est une machine à blanchir l’impunité. On parle d’État de droit, mais ce que nous vivons, c’est la loi du plus fort, du plus influent, du mieux protégé.
Mais nous n’abandonnerons pas. Nous faisons appel.
Et nous continuerons à crier, même si on tente d’étouffer nos voix. Car ce petit frère aurait pu être le vôtre, le mien, le nôtre.
La justice ne doit pas être une faveur accordée selon les visages, les quartiers ou les noms de famille. Elle doit être un droit.
Et tant qu’elle ne le sera pas, nous serons là, debout. Ensemble. Et déterminés!!
Nous t’aimons Mohamed!!
Houda Gabsi
