Dès sa création, la scène de Bayssan a synthétisé les différences de vision culturelle au sein du PS Héraultais. Pour le PS départemental tendance Mesquida, un lieu de culture à Montpellier était amplement suffisant. Pour le PS local tendance Duplaa, la scène de Bayssan était une nécessité pour l’Ouest biterrois. En ce printemps 2025, on peut se demander si la tendance Mesquida n’est pas en train de transformer ce lieu en une coquille vide de spectacles et de salariés.
La création de Sortie-Ouest en 2006 aux portes de Béziers est à l’initiative d’un duo très complémentaire, l’artiste Jean Varela et le conseiller général d’alors Jean-Michel Duplaa. Sur la base de la programmation d’une programmation très haut de gamme, l’artiste et le politique s’entendent pour imposer ce lieu dans le paysage culturel héraultais.
Raymond Couderc est alors maire de Béziers, des poches de résistance socialistes existent en périphérie de la ville. Duplaa est le conseiller général local d’alors.
Très vite, la droite extrême locale d’avant Ménard conteste ce lieu par bien des côtés avant-gardistes. Pour elle, Sortie-Ouest est destiné aux « bobos biterrois ». À l’inverse de cette création, elle préconise une concentration des moyens financiers à Béziers. Donc à la discrétion du maire.
Le culturel est déjà l’objet et l’enjeu de luttes économiques et identitaires.
Mauvaise pioche pour la droite, le lieu fait le plein aux niveaux spectacles et fréquentation. Il faut dire qu’il est géré par une équipe compétente et soudée autour du projet initial.
L’équipe de Sortie-Ouest fait la preuve pendant une dizaine d’années que l’action culturelle de qualité est payante pour un territoire.
Arrive 2014 et l’élection de Ménard, rapidement suivie de l’élection de conseillers départementaux d’extrême droite dans la ceinture biterroise. Les attaques contre Sortie-Ouest s’amplifient.
En 2017, la majorité socialiste décide sous la houlette de Mesquida et Vidal, respectivement président et vice-président du Conseil Départemental de l’Hérault de rénover le lieu et de transformer sa structure juridique.
Le but affiché est de « booster » la fréquentation (qui était pourtant conséquente). Le but caché est de reprendre le contrôle d’un projet qui lors de sa création a échappé aux caciques socialistes Héraultais.
Les critiques formulées sont les mêmes que celles de l’extrême droite : programmation élitiste, non connectée avec la réalité locale.
En 2021, la direction du lieu est reprise en main, une grande partie de l’équipe reste toutefois en place.
L’heure n’est pas encore venue de supprimer Sortie-Ouest. Il faut dire qu’une très forte mobilisation a défendu l’esprit de cette structure. Une suppression aurait alors signifié un affrontement direct et public entre la majorité socialiste du Conseil Départemental et sa base électorale locale.
Hiver 2024, les difficultés budgétaires du département de l’Hérault sont le prétexte d’une nouvelle attaque contre la culture. La mobilisation à l’échelle du département fait reculer Mesquida qui mesure que le prix à payer électoralement peut être élevé.
L’attaque frontale est différée, on ne sait pas où le couperet va tomber.
Printemps 2025, l’attaque se précise. Logiquement, Sortie-Ouest, devenu « la scène de Bayssan » est visé.
La plupart des programmations sont annulées et 5 salariés (sur 17) sont menacés de licenciement.
À ce jour, le risque est grand que la scène de Bayssan devienne une coquille vide de programmation et de spectateurs. Elle serait uniquement louée à des tourneurs qui utiliseraient l’infrastructure du lieu.
Si tel était le cas, cet abandon d’un projet culturel territorial ambitieux scellerait un rapprochement idéologique entre la majorité socialiste du département, la droite extrême et l’extrême droite.
Les 5 salariés « licenciables » sont convoqués le 30 avril pour un entretien préalable ils en sauront plus sur les intentions de leur employeur et sur les échéances internes qui leur seront imposées.
Une bataille commence dans le Biterrois, celle de la sauvegarde d’un outil culturel de qualité.
Nous y reviendrons tout au long des prochaines semaines.