Le 26 novembre dernier était commémoré en Ukraine l’Holodomor, terme qui désigne l’extermination par la faim de la population Ukrainienne en 1932 / 1933.

Depuis l’ouverture des archives russes, la négation de l’Holodomor a cessé. Son ampleur et le caractère intentionnel de cette famine organisée sont avérés.

En 1927, la Nouvelle économie politique (NEP) mise en place par Lénine au lendemain de la guerre civile a entraîné la mise en place d’une économie parallèle.

En 1927 toujours, Joseph Staline, vient de gagner contre l’opposition de gauche trotskyste. Il réagit par la force et la violence pour reprendre le contrôle du bolchevisme et de cette économie parallèle.

Les premières mesures autoritaires en Ukraine en 1928 / 1929 sont faites sous forme de réquisitions forcées.

La GPU / NKVD, la police politique stalinienne, est alors chargée de systématiser les réquisitions :

  • En désignant des coupables, les koulaks,
  • En organisant à une échelle de masse la saisie des céréales ukrainiennes

L’Ukraine fait face à une première grande pénurie pendant l’hiver 1928 / 1929.

Fin 1929, Staline lance la politique du grand tournant qui favorise un développement rapide de l’industrie, financé en grande partie par l’exportation des céréales ukrainiennes.

La hausse rapide des rendements agricoles est censée être obtenue par la collectivisation forcée de l’agriculture. Pour lutter contre les "réfractaires" des centaines de milliers de paysans sont arrêtés et déportés.

De 1929 à 1931, des révoltes rassemblent près de 950 000 personnes en Ukraine. Cent-dix districts échappent au contrôle du pouvoir central. En février / mars 1930, les paysans révoltés se réunissent en conseils élus et revendiquent une Ukraine indépendante.

Face à une situation qui menace de dégénérer en guerre civile, Staline rejette sur les cadres locaux du parti communiste la responsabilité des violences et des excès.

Au début des années 1930, les effets de la grande dépression liée au krach boursier capitaliste de 1929 atteignent la Russie et l’Ukraine.

Staline y réagit en remettant en cause l’indépendance des républiques socialistes soviétiques favorisée par Lénine.

Les partis communistes des républiques socialistes soviétiques connaissent des purges sans précédent qui accompagnent le tournant "Grand-Russe" opéré par Staline sur les questions nationales.

De 1931 à la première moitié de 1932, près de 80 % des secrétaires de comités du parti sont remplacés ou éliminés par le pouvoir stalinien. Au même moment, Staline organise les "procès de Moscou" qui visent à épurer le trotskysme et toute opposition politique.

La campagne de réquisition des céréales de 1932 se déroule dans un contexte politique, économique et humain dramatique.

Sur un ordre de Staline la "loi des épis" est promulguée le 7 août 1932. Elle permet de condamner à 10 ans de de camp ou à la peine de mort "tout vol ou dilapidation de la propriété socialiste".

Sur les bases de cette loi, au cours du mois de novembre 1932, 5 000 communistes ruraux et 15 000 kolkhoziens sont arrêtés et envoyés au Goulag.

Au cours du seul mois de février 1933, 220 000 personnes sont arrêtées et 190 000 assignées à résidence dans des villages et hameaux qui ne peuvent plus les nourrir. Elles sont condamnées à mourir de faim.

Parallèlement le parti communiste ukrainien est épuré. Plusieurs milliers de ses cadres sont exécutés ou déportés.

Au printemps 1933 la mortalité due à la famine organisée atteint les plus hauts sommets. A la faim se rajoutent le typhus et le cannibalisme.

Au total, en Ukraine, l’Holodomor aurait fait entre 4 et 5 millions de victimes, mortes de faim et d’épuisement.

Parallèlement, Staline exportait 3,3 millions de tonnes de céréales entre 1932 et 1933 pour réussir son "grand tournant" industriel.

 

 

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