Super Cervières est la mère de toutes les batailles contre les grands projets inutiles. Il était normal de commencer cette série par un hommage aux pionniers du Briançonnais.

Cervières est située à 9 kilomètres de Briançon sur la route des Grandes Alpes, au pied du col de l’Izoard.

Dès 1961, des projets de station de ski alpin sont imaginés dans la haute vallée de la Cerveyrette dans le cadre du Plan Neige national.

Les Plans Neige sont décidés de 1964 à 1977, ils ont pour but de créer des stations de sports d’hiver de haute montagne afin d’attirer les devises étrangères. Ils entraînent l’expropriation des habitants des lieux.

De 1967 à 1969 dans l’optique du plan neige un groupe financier belge tente d’acheter les terres de la haute vallée à des prix dérisoires. Les habitants de Cervières refusent.

En décembre 1969, l’Association pour l’Étude et la Sauvegarde de la vallée de Cervières (AESC) est créée, toujours active de nos jours elle édite un journal « La Paparelle » et formule des contre-propositions, parmi lesquelles la mise en valeur du patrimoine et la protection de la nature qui ne sont pas incompatibles.

La mobilisation des habitants de Cervières est la première à générer une révolte non violente animée par des agriculteurs pour la maîtrise du foncier.

Cette révolte s’organise sur le mode de la désobéissance civile.

En décembre 1969 au moment de la création de l’association, le mégaprojet de station de sports d‘hiver nommé Super Cervières est lancé. Située au niveau de la plaine du Bourget à 1850 mètres d’altitude, cette station est destinée à être reliée à Montgenèvre.

Pour la réaliser, 1150 hectares de terrains privés et 5350 hectares de terrains communaux sont menacés. Soit la moitié des terrains de la commune qui a une superficie de 11 000 hectares pour une centaine d’habitants.

22 agriculteurs qui élèvent un millier de vaches et de moutons vont devenir les fers de lance de l’opposition au projet de mégastation. Ils sont rejoints par la population du village, de la vallée, du Briançonnais.

Avec le temps, la mobilisation déborde de la vallée et prend un aspect national sous la forme d’une pétition et de pressions sur la préfecture.

La mobilisation trouve un soutien de poids avec le vulcanologue Haroun Tazieff.

Le conflit est très médiatisé pour l’époque (début de la télévision de masse). Il incarne le refus du centralisme jacobin contre les populations locales et la ruralité.

En 1977, après 16 ans de luttes le projet de mégastation de sports d’hiver avorte sous la pression conjuguée de la population, des soutiens extérieurs et des élus locaux.

Cervières est aujourd’hui encore une des rares vallées alpines préservées des équipements lourds qui défigurent les montagnes et accompagnent les stations de sports d’hiver.

Cette victoire contre la spéculation immobilière va générer d’autres luttes et d’autres succès que je vous propose de revisiter chaque semaine sur le site d’EVAB.

La semaine prochaine c’est le Larzac.

Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur la mobilisation de Cervières, il faut écouter l’excellente émission radio « Affaire sensible » de Fabrice Drouel diffusée il y a six mois sur France Inter.                                                        (Émission radio qui est à écouter en podcast sur le site de France Inter ou sur You Tube.)

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