L’éducation judéo-chrétienne, ses rigidités, ses inexpliqués, ses frustrations, sa culpabilité n’avait pas empêché une politisation de la jeunesse, souvenirs brûlants de la guerre d’Algérie, de la Baie des Cochons, de l’assassinat de Kennedy, de l’explosion culturelle.

On refaisait le monde dans la cour de récré du lycée, quelle effervescence !

Notre réflexion était celle d’adolescents, non partidaire, nourrie de nos lectures, le Monde, Hara Kiri, des discussions des parents.

Manquait juste la liberté : la sexualité, la contraception, l’avortement,la place de la femme. La sujétion aux dominants et à leur repli sur eux-mêmes était nécessaire, intégrée.

Aussi, quelle joie de pouvoir défiler ensemble, quelle richesse de slogans rafraîchissants : »sous les pavés, la plage », « il est interdit d’interdire »… Les AG dans les facs, les sit-in, le calme des forces de l’ordre dans une ville bourgeoise de province . La musique, la fête, Woostock. Et la tronche des parents !

Une bouffée d’oxygène à laquelle nous nous sommes adonnés, dans un vertige d’américanisation progressive et de perte insensible de la solidarité.

Je pense au gouffre qui sépare les adolescents que nous étions, sûrs du progrès en route, qui avons tout jeté du passé, de sa culture, du sens critique que nous avions reçu, et ceux d’aujourd’hui, à l’éducation massacrée, à l’avenir professionnel obéré, à l’espoir de survie annihilé par le capitalisme facteur du changement climatique, nos enfants, nos petits-enfants…

Vite, un nouveau Mai 68 pour brûler les dinosaures que nous sommes devenus !     

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