Qu’est-ce qui pousse une personne à vivre les horreurs de la guerre alors qu’elle n’est pas obligée de la faire ? Pourquoi quitte-t-on une vie confortable et sans danger pour subir toutes sortes de souffrances et de violences ? Pourquoi lutter pour un pays qui n’est pas le vôtre alors que personne ne vous a demandé de le faire ?

Félicia Browne et Edit Bone deux bonnes copines, firent connaissance à Berlin en 1928. Elles y vécurent 7 ans et y furent témoins de la prise du pouvoir par les nazis. Felicia, artiste d’origine britannique avait 26 ans. Quelques années plus tard, toutes les deux seraient les personnages principaux de l’histoire la plus émouvante de la guerre civile en Espagne.

Edit Olga Hajos était née à Budapest le 28 janvier 1889. Elle ne put réaliser son rêve de devenir avocate à cause des barrières sociales dont les femmes étaient victimes au début du 20e siècle. Elle se maria quatre fois dans sa vie. Point en commun en commun entre toutes ses unions : Edit n’habitait jamais sous le même toit que ses maris.

En 1914, à l’âge de 25 ans, Edit devint la première femme hongroise à être reçue en médecine. En 1919, elle partit pour la Russie avec une délégation de la Croix-Rouge. En 1927, elle épouse à Berlin Herman Bone qui décèda en 1931.

En 1928, l’artiste Felicia Mary, 26 ans et d’origine britannique, arriva dans la capitale allemande. C’est ainsi qu’elle rencontra Edit, toutes les deux allaient devenir inséparables. Elles habitèrent Berlin pendant 7 ans. Elles y furent témoins de la prise du pouvoir par les nazis.

En mai 1936, les deux amies prirent la décision de se rendre en Espagne. Elles y arrivèrent en juillet, lors des Jeux olympiques populaires de Barcelone, évènement sportif à caractère antifasciste, dont l’ouverture était prévue le 18 juillet 1936.

Le coup d’État militaire suspendit l’évènement sportif. Les deux amies prirent la décision de rester et de s’engager.

Edit travailla comme photographe au Daily Worker. Felicia décida de s’engager comme milicienne.

Quelques semaines plus tard, Felicia fut tuée par les balles ennemies alors qu’elle essayait de secourir un camarade blessé. Elle avait 36 ans. Elle fut la première victime anglaise du conflit.

La nouvelle de sa mort secoua la société anglaise. Aussitôt après, on assista à une vague de solidarité.

Edit Bone rentra en Angleterre fin 1936. Elle poursuivit son combat pour la cause républicaine et fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, l’une des voix les plus fortes contre le fascisme.

En 1946, pour la première fois depuis son départ en 1919, Edit retourna en Hongrie. En 1949 elle fut arrêtée et accusée d’être une espionne du gouvernement britannique. Elle fut jugée et condamnée sans preuve, puis incarcérée dans une prison de Budapest pendant 7 ans.

En 1956, une révolution éclata en Hongrie visant à faire tomber le gouvernement stalinien. Le 1er novembre, un groupe d’étudiants prit d’assaut la prison et la fit libérer.

En 1958, elle rentra en Angleterre et publia « 7 Years’ Solitary », un pamphlet contre le stalinisme.

Edit Bone mourut à Londres en 1975.

Peu avant son départ pour le front, Felicia avait dit à son amie : « Je n’ai peur de rien. Je me bats pour un pays différent, mais la cause reste la même ».

C’est sans aucun doute la plus belle épitaphe qui aurait pu lui être dédiée.

Nous clôturons avec cet hommage aux combattantes internationalistes cette courte série, et nous vous invitons à lire le livre dont est issue cette chronique.  

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