Le 3 février 1830, voilà exactement 192 ans, à Londres, le sultan turc Mahmoud II reconnaît l'indépendance pleine et entière de la Grèce et entérine les protocoles qui définissent ses frontières. C'est l'aboutissement d'une longue et sanglante guerre d'indépendance menée par les Grecs avec le soutien des Occidentaux.

Après quatre siècles d'occupation ottomane, dès 1821, les deux forces sociales grecques, la bourgeoisie d'un côté et les familles chrétiennes orthodoxes liées au tsarisme russe de l'autre, partent à l'assaut du pouvoir ottoman.

Un an plus tard, les Grecs proclament unilatéralement leur indépendance et appellent les nations chrétiennes à leur secours. C'est le début d'une longue guerre d'indépendance contre les Turcs.

Cette révolution grecque  est un des chaînons des révolutions  nationales-libérales qui éclatent l'une après l'autre  en Europe et qui mettaient en cause le principe légitimiste de la monarchie absolue et des empires. Elle résistera pendant 8 ans aux forces militaires ottomanes largement supérieures en créant des institutions  étatiques sur les territoires libérés et en portant l'affaire grecque devant les instances internationales.

Mais à la persévérance dans la lutte armée s'ajouta un puissant mouvement d'aide morale, matérielle et militaire venus de toute l'Europe,  expression du libéralisme européen. Cette situation menaçaient l'entente fragile entre la France et l'Angleterre non seulement sur le principe de la monarchie mais surtout sur la question de l'avenir de l'Orient.

C'est donc une alliance franco-anglaise avec la Russie qui se manifeste contre l'empire Ottoman et ses alliés : destruction de la flotte ottomane lors de la bataille de Navarin en 1827 par une flotte franco-russo-britannique qui provoqua un véritable carnage en une soixantaine de navires ottomano-égyptiens. Mais surtout victoire de la Russie dans la guerre russo-turque.  En séparant la cause de la Grèce de la victoire russe, l'habile manœuvre diplomatique de la Grande Bretagne aboutit à la création d'un État grec indépendant placé sous la protection des puissances alliées. Nous sommes donc le 3 février 1830.

La Grèce moderne a peu à voir avec la Grèce antique la Grèce antique dont s'enorgueillissent ses habitants, encore moins avec la Grèce byzantine qui a éclairé les derniers siècles de l'Antiquité et le haut Moyen-âge. La nouvelle Grèce, elle,  se compose du Péloponnèse, de la région d'Athènes et des îles Cyclades. L'Albanie et la Macédoine du nord  en sont exclues. La côte occidentale de l'actuelle Turquie ont quant à elles perdu leurs populations grecques, de même que la «Grande Grèce» (Syracuse, Tarente, la Sicile et le sud de l'Italie) et bien sûr Byzance (aujourd'hui Istambul).

Pour les habitants de cette petite Grèce, c'en est fini de quatre siècles d'occupation ottomane. Mais de nouvelles difficultés ne tardent pas à surgir...

Si cette création même avec des frontières exiguës est une des premières victoires du principe des nationalités, en même temps c'est une défaite du mouvement libéral. La tentative d'organisation du nouvel État sous une République présidentielle est un échec. Le comte Jean Capo d'Istria, l'un des meneurs de la guerre d'indépendance, avait été élu président provisoire dès avril 1827. Mais les conspirations qui se tramaient contre lui, favorisées par la France et surtout l'Angleterre qui se méfiait de sa politique considérée comme trop favorable à la Russie, aboutissent à son assassinat.

Aussitôt après, les Occidentaux imposent au nouvel État de renoncer à la République et imposent à ce nouvel État la monarchie absolue avec un monarque de leur choix Otton 1er, prince bavarois second fils du roi Louis 1er de Bavière. C'en est fini et pour longtemps de la république en Grèce.

Un an après l'intronisation du roi Othon 1er, la Grèce se donne un drapeau. Il porte les couleurs de la Bavière, pays d'origine du souverain (le bleu et le blanc), une croix qui évoque la religion officielle du pays (l'orthodoxie chrétienne) et neuf bandes qui rappellent les syllabes de la phrase grecque  (la liberté ou la mort).

Dès sa majorité, le nouveau souverain s'entoure d'Allemands et gouverne en monarque absolu, ce qui n'a pas l'heur de plaire à ses sujets. Il tente d'apaiser leur mécontentement en accordant une Constitution en 1844. Cela ne suffit pas et il est en définitive renversé par un coup d'État militaire en octobre 1862.

L'audace ayant des limites, les Grecs, toujours sous influence anglaise, se donnent un nouveau roi en la personne de Georges 1er (17 ans), deuxième fils du roi du Danemark Christian IX. Il est élu et va s'atteler dès lors à agrandir son royaume. En dépit de son assassinat à Salonique, le 18 mars 1913, sa descendance va se maintenir presque sans interruption sur le trône officiellement jusqu'en 1973. Les dirigeants successifs de la junte militaire au pouvoir de 1964 à 1973 s'attribuant le titre de régents.

Voilà quelques années,  les Grecs avaient lancé une sorte de nouvelle guerre d'indépendance, sans succès.

mais c'est une autre histoire !

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