La prégnance de la crise viticole sur les prix, la baisse de la consommation, les arrachages massifs conduisent à la ruine. Les ravages des pesticides conduisent à la mort. Il faut changer le modèle économique viticole dominant.
La viticulture fait face à une crise majeure : les coûts de production augmentent, les revenus restent inférieurs aux charges et les prix de vente s’effondrent. Cette crise n’est pas passagère, elle est structurelle et durable elle va faire des ravages dans la profession.
Il y a ceux qui vont quitter le métier, il faudra les accompagner. Il y a ceux qui vont rester, il faudra aussi les accompagner dans la modification des cépages et dans l’abandon de la monoculture qu’est la vigne dans notre région.
On se doutait que l’heure n’est plus à produire davantage, elle est à reconfigurer le secteur et les pratiques.
L’enquête PestiRiv publiée le lundi 15 septembre pose comme irrémédiable cet impératif.
Lancée en 2021, l’étude PestiRiv, menée par Santé publique France et l’Anses, visait à évaluer l’exposition aux pesticides des viticulteurs et des riverains.
4 % de la population française vit à moins de 200 mètres d’une vigne, ce pourcentage est triplé dans l’ex Languedoc-Roussillon. La vigne est une des cultures où l’usage des pesticides est le plus important.
Les populations qui vivent à proximité des exploitations viticoles sont plus exposées ; les enfants de 3 à 6 ans y sont particulièrement sensibles.
En période de traitement l’augmentation du niveau de contamination des urines peut atteindre 60 %, celle concernant les poussières peut monter jusqu’à 700 %.
265 sites répartis dans 6 régions (dont l’Occitanie), ont été analysées dans le cadre de l’enquête.
Le groupe « riverain » est constitué de personnes résidant à moins de 500 mètres d’une vigne et plus d’un kilomètre de toute culture. Le groupe de comparaison, éloigné de toute culture, comprenait des habitations à 1 km d’une culture quelconque et à 5 km d’une vigne.
Deux périodes ont été sélectionnées pour l’étude : d’abord entre octobre et février 2022, puis entre mars et août 2022 (période de traitement des vignes).
Au total 56 substances ont été mesurées dans l’air et les poussières à l’intérieur des maisons, ainsi que dans l’urine et les cheveux des participants des deux groupes. Certaines de ces substances sont cancérigènes.
Le lien est donc directement établi entre l’épandage des pesticides dans une exploitation viticole et sa présence chez des riverains.
D’autres facteurs peuvent augmenter l’exposition, comme le fait de passer du temps à l’extérieur ou d’aérer longtemps son logement.
L’enquête PestiRiv est une confirmation officielle d’une contamination des populations (vignerons et riverains) que les associations écologiques dénoncent depuis des années.
Santé publique France et l’Anses se bornent à « limiter l’utilisation de produits phytosanitaires au strict nécessaire, avec une mise en œuvre de la stratégie nationale Écophyto 2030 ». Les associations de l’environnement demandent quant à elles leur interdiction.
Quand un modèle est obsolète d’un point de vue économique et sanitaire, il faut le changer comme le demande la Confédération Paysanne.