Canal du Midi : navigation, irrigation et restriction 

par | 7 septembre 2025 | Politique locale

Le canal du Midi souffre sur la totalité de son parcours d’un déficit de débit d’eau qui met en concurrence navigation et irrigation.

Les préfets de l’Aude, de l’Hérault et de la Haute-Garonne ont une véritable patate chaude entre les mains, celle de l’interdiction de la navigation.

Avec les effets du changement climatique les réserves hydriques qui l’alimentent (les retenues de St Ferriol, du Lampy et d’Alzeau) sont actuellement en déficit.

Si ces réserves continuent de baisser il n’est pas exclu que la navigation soit rapidement interdite avant la fin de la saison, en novembre prochain.

L’état d’alerte sur le niveau de l’eau a été lancé depuis 2 à 3 ans, mais le sujet n’a jamais été autant d’actualité.

Si les pluies du printemps ont permis de remplir à plein les réservoirs d’alimentation, la canicule et la sécheresse qui sévissent depuis juin ont entrainé un effondrement des stocks hydriques.

Actuellement toutes les réserves sont consommées avec un mois d’avance.

Le responsable de VNF (voies navigables de France) donne une date de l’entrée en situation de crise : le 15 août. Depuis cette date les prélèvements d’eau pour la navigation sur les stocks existants ont baissé de 70 %.

Au même moment le 12 août, la préfecture de l’Hérault indiquait maintenir en « alerte renforcée » la situation dans la portion du Canal qui traverse le département.

Quelques jours plus tard, la partie située entre Toulouse et Agde a réduit les plages de navigation de 2 heures (de 8 heures à 6 heures).

D’autres mesures sont envisagées, comme regrouper plusieurs bateaux lors des passages des écluses.

Conséquence logique de cette pénurie, les conflits d’usage sont à deux doigts d’éclater. Car le canal ce n’est pas seulement la navigation.

L’eau y est aussi prélevée pour l’irrigation.

Pour Jérôme Barthes président de la FNSEA de l’Aude il y a une priorité, c’est l’agriculture. Dans la bataille qui s’annonce, il indique : « L’agriculture c’est 15 emplois induits alors que le tourisme n’en représente que 5 ».

La Coordination rurale est encore plus vindicative : « Pour chaque passage d’écluse ce sont 800 à 1 000 m3 qui partent à la mer ».

D’un autre côté, l’industrie du tourisme met en garde contre l’interdiction de la navigation. Elle indique que le classement patrimonial (UNESCO) du canal du Midi est lié à la navigation. Elle chiffre la perte du label et ses retombées sur la région Occitanie à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Le conflit est à deux doigts d’éclater, car la fermeture totale à la navigation et sa transformation en canal d’irrigation est une hypothèse hautement plausible dans les jours qui viennent. 

Le pire serait que cette question soit tranchée par les seuls lobbys agricole et touristique. Car c’est plutôt la logique « d’open-bar permanent » qui doit être questionnée.

Ne pas intégrer cette donnée c’est nier le réel du changement climatique.

Changement climatique qui percute toutes les réserves hydriques, puisqu’au même moment, la Garonne a bénéficié de lâchers massifs pour maintenir son étiage et satisfaire tous les besoins de son bassin versant (y compris l’eau potable).

Pour satisfaire ces besoins, les lâchers massifs ont doublé en 5 ans. Cet été 40 % de l’eau qui passait dans la Garonne à Toulouse provenait des lâchers d’eau des retenues pyrénéennes.

Ces réserves sont majoritairement gérées par EDF et le coût des lâchers va s’élever à 4 ou 5 millions d’euros suivant la durée de la sécheresse en cours.

L’établissement public « Garonne, Gascogne et affluents pyrénéens » tenait un comité stratégique ce 2 septembre.

Il y sera obligatoirement débattu du stockage de l’eau si les pluies à venir ne sont pas suffisantes.

Avec là aussi la même question que pour le canal du Midi : une logique « d’open bar permanent » est-elle encore possible ?

La question n’est pas que technique, elle est aussi politique et citoyenne.

La réponse nous la connaissons, il va falloir apprendre à faire mieux avec moins, car on ne peut pas demander à la nature de gérer ses stocks comme un supermarché.

Partager sur

En Bref

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

[sibwp_form id=1]

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

COLLOQUE ASSOCIATION HENRI GUILLEMIN 8 novembre 2025

Voici un colloque avec des participations qui vont être passionnantes ! « Gens de biens / Gens de rien » – Silence aux pauvres Réalités contemporaines du capitalisme ultra libéral 8 novembre 2025ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE – salle Dussane45, rue d’Ulm 75005 Paris Le...

LA MÉMOIRE DE THOMAS SANKARA

Le 15 octobre 1987 était assassiné le capitaine Thomas Sankara, élu président du Burkina Fasso quatre ans plus tôt. Un militaire, comme Chavez, lui aussi portant des idées plutôt de "gauche" disons, collectivistes, ce qui est cohérent si on y pense vraiment. Comme...

GUERRE ET PAIX

Pause dans le génocide, libération des otages. Les tyrans pérorent. Les discours de Trump et Netanyahou à la Knesset furent une tragédie qui aurait été comique (façon Brecht et Ionesco) s’il s’agissait d’une pièce et qu’elle n’impliquait pas autant de victimes....

Collectif de lutte contre l’extrême droite, Sète/Bassin de Thau

Préparation du colloque du 6 décembre Tous les intervenants sont d’accord pour venir : Nadia Belaoui de l’ODED (Observatoire départemental contre l’extrême droite), Régis Catinaud (vote sur Sète). Christèle Lagier sur une analyse des votes du RN et des raisons de...

Au bout du fil de la presse libre

Défendons la presse libre

 A lire

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1036929
Total Users : 1036929

lundi 27 octobre 2025, 18:53

Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers