Une autre histoire – 16 Octobre 1949, les communistes grecs rendent les armes

par | 15 octobre 2023 | Société

Le 16 octobre 1949, voilà exactement 74 ans, prend fin, faute de combattants, la guerre civile atroce qui a déchiré la Grèce pendant 4 ans, opposant communistes et troupes grecques gouvernementales soutenues par l’Angleterre puis par les Etats-Unis.

Au sortir de l’occupation allemande, la résistance au nazisme  a surtout été le fait de l’ELAS, la branche armée du mouvement de résistance communiste qui a été créé en septembre 1941. Il bénéficie d’une forte implantation dans le pays.

En mars 1944, arguant de la légitimité conférée par sa lutte contre l’envahisseur, l’ELAS met sur pied un «gouvernement des montagnes». Il ne veut pas reconnaître le roi Georges II, exilé au Caire sous protection britannique et auquel il reproche notamment son soutien à l’ancien dictateur Metaxás.

Le roi répond en formant avec le libéral Georges Papandréou un gouvernement de coalition exilé au Caire.

Churchill, qui appréhende un basculement de la Grèce dans le camp  communiste, veut à tout prix l’empêcher. De passage à Moscou le 10 octobre 1944, il convient avec Staline d’un partage des Balkans qui laisse la Grèce aux Occidentaux.

Aussitôt après, le 18 octobre 1944, les Allemands venant tout juste de battre en retraite, un corps expéditionnaire gréco-britannique installe à Athènes le nouveau gouvernement d’union nationale,  sous tutelle d’un gouverneur militaire britannique.

La Résistance grecque, l’une des plus actives et efficaces de l’Europe occupée par les nazis refuse rapidement cette situation. Elle se rebelle le 3 décembre 1944.  Churchill demande au gouverneur militaire d’écraser la rébellion. Le 12 février 1945, après de nombreux combats et de bombardement l’ELAS rend les armes. L’ordre règne à Athènes …pas pour longtemps.

Beaucoup de jeunes résistants communistes prennent alors le maquis et engagent la lutte armée contre les Britanniques et les Grecs royalistes, dans un contexte de mise en place des blocs soviétique et occidental en Europe. Les communistes prennent le contrôle de presque toute la Grèce.

Cependant, Staline, pousse les communistes grecs à accepter la trêve en février 1945 qui  prévoyait des élections et un référendum sur la nature du régime. Le 27 septembre 1946, le roi Georges II rentre d’exil, après un référendum organisé le 1er septembre précédent.

Les mouvements de résistance communistes grecs refusent cette fois encore le rétablissement du régime royaliste que soutient la Grande-Bretagne. Les Anglais voient en effet dans la monarchie hellène la meilleure garantie du maintien du pays dans leur zone d’influence.

N’acceptant pas ce retour du roi, les communistes grecs établissent un gouvernement révolutionnaire en Épire. Conduits par le commandant Markos, ils s’opposent militairement au régime en place : c’est la guerre civile

En ce début de «guerre froide», les Soviétiques leur apportent leur soutien, par l’intermédiaire de la Yougoslavie et de la Bulgarie qui ravitaillent  en armes en particulier les résistants grecs.

En 1947, les Américains prennent le relais des Britanniques. Le président Truman proclame sa volonté d’aider la Grèce «à sauvegarder son régime démocratique» et «d’endiguer le communisme». La Grèce est le dernier pays des Balkans à ne pas se trouver sous domination soviétique et occupe une place charnière. Voisine de la Turquie, elle constitue  une zone stratégique et économique de première importance pour barrer la route à la domination soviétique en Méditerranée orientale et protéger les ressources pétrolières du Moyen-Orient.

Des combats féroces font rage pendant près de trois ans. Certains villages, fuis par leur population, basculent successivement dans un camp puis dans l’autre.

Mais la rupture entre Tito et Staline en 1949 est fatale aux insurgés communistes. Elle les coupe de leurs sources de ravitaillement.

Le 16 octobre 1949, les communistes doivent renoncer à la lutte et accepter un cessez-le-feu. Beaucoup sont arrêtés, d’autres partent en exil. La guerre civile grecque prend fin. Trois ans plus tard, la Grèce fait son entrée à l’OTAN. Depuis, après la période de dictature des colonels, elle a intégré l’Union Européenne et la zone euro.

Tout ce qui est advenu après 1949, est en germe dans cette histoire tragique de la Résistance grecque : de la dictature des colonels à la mise à mort récente du pays, sommé de payer « sa dette »

… mais c’est une autre histoire !

Partager sur

En Bref

Brèvinfo du 30 juillet – Silences criminels et coupables ?

Ce n'est pas la culpabilité de l’occident à l’égard d’Israël justifie le silence des premiers et les crimes impunis du second. Nous pensons plutôt que ce sont les intérêts géopolitiques et économiques des premiers et du second qui leur donnent, à leurs yeux, tous les...

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

ADRVA : classement de la Villa Antonine

Chers adhérents, amis et sympathisants de l’ADRVA,      Nous revenons vers vous afin de vous communiquer les conclusions de Mme RIVOLIER, commissaire enquêtrice diligentée par le Tribunal administratif de Montpellier, concernant la modification 2.1...

Lithium : communication de la mairie de Mourèze (34)

La commune de Mourèze près du lac du Salagou est située dans la zone du permis de recherche de lithium. La mairie a publié sur son site son positionnement. Nous vous en livrons quelques pages et vous invitons à le consulter sur son site. C'est un exemple de...

Au bout du fil de la presse libre

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1025461
Total Users : 1025461

jeudi 31 juillet 2025, 7:25

Robert Martin