Brèves de Visa 16-30 mai / Chroniques d’une mairie brune

par | 30 juin 2021 | Extrême droite

16 mai. Après la présentation des candidats « ménardiens » aux élections départementales pour les trois cantons de Béziers, Henri Bec, militant royaliste et conseiller départemental sortant de Béziers 1, a tenu à réagir aux propos du maire de Béziers. Ce dernier avait dit à propos des 4 nouveaux candidats (sur 6) : « Il y a besoin de renouvellement. Certains peuvent être usés et d’autres n’ont pas fait leur travail ».

Henri Bec affirme que « ces propos, proprement scandaleux et désobligeants, illustrent le mépris qu’il [Ménard] peut avoir pour ceux qui le côtoient ou l’ont côtoyé et défendu pendant six ans, sans qu’il émette la moindre critique. Mais Robert Ménard n’aime pas ceux qui ont des idées. Ils risquent, trop facilement, de lui faire de l’ombre. C’est le signe classique d’un autoritarisme très préoccupant, antithèse parfaite d’une véritable autorité naturelle. Ces propos sont en outre, comme bien souvent, incohérents. Chacun a pu constater que les critiques virulentes qu’il proférait à l’égard du Rassemblement national et de sa présidente, et la menace réitérée pendant des semaines, de présenter une liste aux élections régionales, ont brusquement cessé à l’approche d’un nouveau scrutin. Parce qu’il sait, bien sûr, ne pas pouvoir émerger sans leur appui. Et l’on est surpris, pour quelqu’un qui ne veut plus entendre parler de parti politique, de le voir figurer aujourd’hui sur les tracts du RN ! Explication : comme le pratiquent ceux qui n’ont aucun amour-propre et font semblant de se racheter pour conserver une parcelle de pouvoir. » Et le conseiller départemental conclut : « Je ne me sens ni usé et encore moins responsable d’une absence d’implication dans le travail départemental. » Et dire que cette dénonciation vient du même camp…

18 mai. Trois organisations syndicales (CGT, FSU et Solidaires) ont appelé à un rassemblement pour protester contre la violence de la police contre des lycéens intervenue le 5 mai dernier devant le lycée Henri IV à Béziers. Ils dénoncent une violence disproportionnée car certains lycéens ont été mis en joue par des agents armés de flash-ball et d’autres ont été blessés. À la fin de cette charge, trois jeunes de 16 ans ont été mis en examen, risquant jusqu’à trois ans de prison. Expliquant que les jeunes sont inquiets pour leur avenir scolaire et professionnel, les organisations syndicales ont demandé que « lumière soit faite publiquement sur les conditions de l’envoi d’un déploiement disproportionné et inhabituel de policiers armés devant le lycée Henri IV », ainsi que la levée des poursuites judiciaires contre les trois lycéens. De leur côté, (et sans vraiment remettre en question leur violence) les syndicats de policiers SGP police FO et Alliance ont rappelé que « la manifestation était illégale et que certaines directions d’établissement leur avaient demandé d’empêcher l’accès des élèves à l’intérieur des établissements ». Ils affirment également que « les violences ont été faites contre les forces de l’ordre et pas l’inverse » et qu’il faut « arrêter de dire que nous avons provoqué les incidents parce que nous avions des casques et boucliers ».

19, 20 et 21 mai. Tirs croisés de toute l’extrême droite française contre le retour de Karim Benzema dans l’équipe de France de football, mais aussi contre le rappeur Youssoupha qui a interprété l’hymne de l’équipe de France pour l’Euro-2020 (qui se produira en juillet 2021). Tout a commencé par le sénateur RN de Marseille, Stéphane Ravier, qui avance tranquillement : « Karim Benzema est un Français de papier, mais se dit lui-même Algérien par le coeur : il n’a qu’à jouer pour l’équipe algérienne. Mais les salaires sont bien moins importants en Algérie ». Et d’affirmer : « La France a été championne du monde sans lui. On pourrait très bien s’en passer ». Ensuite, c’est le vice-président du Rassemblement national, Jordan Bardella, de commenter : « Benzema avait un jour dit que Didier Deschamps cédait à une partie raciste de la France [pour l’exclure de l’équipe de France]. Eh bien je pense qu’on a cédé aujourd’hui à une partie racaille de la France en choisissant Youssoupha », a déclaré le candidat du RN aux régionales en Ile-de-France. Dans la foulée, Gilbert Collard (député européen RN) et Robert Ménard ne sont pas restés inaudibles dans ce concert de campagne politique… Gilbert Collard dénonçant les propos insultants du rappeur vis à vis des femmes en voulant foutre « en cloque cette chienne de Marine Le Pen ». Quant au maire de Béziers, il a ironisé sur un plateau TV à propos de l’entraîneur de l’équipe de France de football, Didier Deschamps et de Karim Benzema : « Je suis très content qu’ils s’aiment. Ils n’ont qu’à s’embrasser sur la bouche et tout va bien. Mais c’est pas mon affaire » avant de regarder ses fiches qui ne sont visiblement pas à jour pour attaquer : «Vous vous rappelez au temps de Jacquet (sélectionneur de l’équipe de France 98), Cantoni (sic) n’est jamais revenu en équipe de France. Pourquoi ? Parce qu’à cette époque-là, et aujourd’hui encore, on sait que porter le maillot bleu de l’équipe de France, ce n’est pas simplement être un excellent joueur. Eric Cantoni (resic) ce n’était pas n’importe qui et on s’en est passé. Benzema il faut s’en passer. Car en 2015 au lendemain des attentats du Bataclan, la Marseillaise retentit avant un match en Espagne et ce type qui est adorable, sympathique et respectueux de tout, crache pendant la Marseillaise ». Les journalistes tentent alors de comprendre qu’il confond Piantoni et Cantona et affirment que Benzema n’a jamais craché pendant la Marseillaise et que c’était une fake news. Poursuivant dans son discours mensonger : « Quand tu vois Paul Pogba (autre joueur de l’équipe de France) tweeter avec le drapeau du Hamas…. Ce Hamas ce sont des terroristes, les assassins de Samuel Paty ». Ce qui est faux car le joueur de foot avait simplement mis le drapeau palestinien pour afficher son soutien envers ce peuple opprimé. Alors, face aux réponses des journalistes invoquant la liberté d’expression, Robert Ménard passe de lui-même à l’hymne officiel des Bleus pour dire : «Youssoupha vous savez qui c’est ? Il dit qu’il met un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour et a été condamné pour ça… Et c’est lui qu’on choisit pour chanter l’hymne français. Vous rigolez ? ». Là aussi, visiblement les fiches du maire de Béziers ne sont pas à jour car si Youssoupha a bien perdu en première instance face à Éric Zemmour, il a gagné en appel. Le lendemain, c’était au tour de Marine Le Pen de dénoncer l’appel au meurtre du rappeur contre Éric Zemmour (alors qu’il a seulement voulu dire qu’il se taise) et elle a demandé à la Fédération française de football de « renoncer au choix du rappeur Youssoupha, dont les propos insultants et outranciers choquent bon nombre de Français. »

20 et 21 mai. Procès pendant deux jours du commando d’extrême droite qui avait délogé violemment les étudiants de l’université Paul Valéry en grève contre Parcoursup d’un amphi de la faculté de droit de Montpellier en mars 2018. Petit rappel des faits : Il est un peu plus de minuit lorsque les portes de l’amphi s’ouvrent brutalement. Des individus encagoulés, déchaînés et armés de bâtons, taser, morceaux de palette, entrent. Les coups fusent dans tous les sens. Des filles par terre reçoivent des coups de pied dans la tête, d’autres occupants sont tabassés avec des bâtons. C’est un véritable raid mené contre des étudiants. Tout va très vite, la salle se vide en cinq minutes et la faculté ferme ses portes.
Seulement cinq personnes sont accusées de violences volontaires pour avoir directement participé au passage à tabac des étudiants :
– Mathieu Rolouis, un jouteur sétois membre du Rassemblement national
– Thierry Vincent, ancien colonel de l’armée à la retraite et signataire de la tribune des militaires publiée dans Valeurs Actuelles
– Jean-Luc Coronel de Boissezon, ancien prof de la faculté de droit, royaliste assumé, photographié à l’un des meetings du groupuscule identitaire La Ligue du Midi. Il a rejoint depuis l’Institut de Sciences Sociales Économiques et Politiques (ISSEP), l’école de Marion Maréchal Le Pen
– Martial Roudier, membre de ce même groupe, emprisonné pour avoir poignardé un jeune antifasciste
– Thierry Puech, sympathisant Ligue du Midi, porteur d’un taser

Patricia Margand, compagne de Jean-Luc Coronel de Boisson, directrice de campagne du RN aux législatives de 2017, et Philippe Pétel, ex-doyen de la faculté de droit, répondent quant à eux d’une simple « complicité de violences ». Pour info, les enquêteurs ont trouvé des photos de casques du IIIème Reich, dans le portable de Mathieu Rolouis. Quant à Martial Roudier, il a nié sa présence autour de la fac de droit, malgré un faisceau d’indices accablants : témoignages divers, bornage téléphonique, premières déclarations de certains des prévenus le confondant. Face à la réalité, il finit par avouer avoir été présent pour aider son ami Jordi Vives Carcelles à couvrir les événements pour le site identitaire Lengadoc-Info. Jean- Luc Coronel de Boissezon, alors que de nombreux témoignages le situent en tête de la colonne d’hommes cagoulés dira s’être contenté de quelques gestes de boxe. Pour la première fois depuis le début de l’affaire, l’ex-doyen Pétel a reconnu avoir été au courant de l’expédition punitive. À noter également que l’avocat du commando Maître Begoc, présent également à la réunion de la Manif pour tous (le jour où Patricia Margand a entraîné une partie de la troupe) a dit sans l’ombre d’un doute : « Ils sont passés à l’action avec civisme et tact sous l’autorité du doyen… Nous sommes à un tournant de notre société. À l’avenir, les citoyens vont être obligés d’intervenir à la place de l’État complètement défaillant, le point de non-retour est atteint ». Finalement quatre mois fermes et six avec sursis ont été requis contre Mathieu Rolouis, Thierry Vincent, et Thierry Puech. Un an ferme pour Martial Roudier, que le procureur voit comme le leader des gros bras. Un an avec sursis pour Patricia Margand. Dix-huit mois de prison avec sursis et une interdiction pendant cinq ans d’exercer un emploi public ont été demandés contre l’ex-doyen Philippe Pétel, déjà sous le coup de mesures similaires après des procédures de condamnations administratives internes au monde universitaire. Et Jean-Luc Coronel de Boissezon, dix mois ferme et cinq ans d’interdiction d’exercer toute fonction publique. Les peines de prison ferme requises ne le sont pas avec mandat de dépôt. Ils porteront un bracelet électronique. Et la décision sera rendue le 2 juillet prochain.

21 mai. La Pieuvre du Midi annonce que l’ancien directeur de cabinet de Robert Ménard, le très identitaire André-Yves Beck, se présente aux élections départementales à Orange sous les couleurs du RN. Chose intéressante à noter, il était très connu dans cette ville comme directeur de communication du maire ex-FN Jacques Bompard mais aujourd’hui, il va s’opposer à son fils Yann Bompard, membre d’un petit mouvement régional d’extrême droite : la Ligue du Sud. D’autre part le journal annonce que depuis que Ménard est à la tête de l’Agglo, « on assiste à de nombreux départs de l’ancien personnel. Cela peut être de sa propre initiative comme par exemple l’ancien DGS, Jean-Luc Bertoglio ou subi comme le directeur de l’office de tourisme Jean-Jacques Micoud ». Il y a eu aussi « Serge Hoiban, directeur adjoint de l’Office de tourisme, et maintenant c’est Sophia Gavault, ancien responsable du pôle économique et la chargée de communication Amélie Firmin… Ajouté aux médiateurs qui sont partis sur Sérignan, on peut remarquer que la vague de départ se poursuit activement à l’agglomération ».

29 mai. Pour ceux qui pensent qu’il y a de grandes différences entre l’extrême-droite violente et l’extrême-droite dite institutionnelle type RN, eh bien sachez qu’il n’en n’est rien. Après l’histoire du commando de la fac de droit de Montpellier, il y a l’irruption dans l’hémicycle du conseil régional d’Occitanie, à Toulouse, en mars dernier. Un ancien conseiller régional RN du Lot, Emmanuel Crenne, (démissionnaire seulement depuis 2019) fait partie des quatre personnes poursuivies pour cette action. D’après le procureur, « une autre élue régionale du RN aurait été complice des activistes de l’Action Française dans leur intrusion dans l’hémicycle » et il ajoute qu’il « ne s’interdit pas de poursuivre d’autres personnes ». L’audience a été fixée au 10 décembre. De son côté, Carole Delga (PS) explique que quelques semaines à peine après cette intrusion, des collaborateurs du groupe Rassemblement national ont invité au sein de l’Hôtel de Région à Toulouse des membres de Génération Identitaire, pour une visite des lieux. Et elle explique également que depuis le début de son mandat comme présidente du conseil régional d’Occitane, elle a reçu plusieurs menaces de mort à son domicile, par des appels ou des courriers anonymes.

30 mai. Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Guillaume Peltier, vice-président délégué Les Républicains (LR), s’est exprimé sur le soutien que lui a apporté Robert Ménard sur Twitter. « Il me fait très plaisir et c’est un très bon maire » a assuré le numéro deux des Républicains tout en confirmant « avoir les mêmes convictions que lui ».

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