La ferme des 1000 vaches est le nom d’une exploitation bovine laitière industrielle construite vers Abbeville dans le département de la Somme. Conçue pour exploiter 1000 vaches laitières, elle devait être doublée d’une usine de méthanisation d’environ 1,5 mégawatt.

À partir de 2009, des producteurs laitiers de Picardie décident de faire passer leurs fermes à l’ère industrielle. Ils se regroupent dans une Société civile d’exploitation agricole (SCEA).

Signe de leur respect des normes, le terrain de l’exploitation est acquis à l’insu et sans l’accord de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER).

La première demande administrative est déposée en février 2011. En août 2011, une enquête publique démarre, elle émet un avis favorable.

Le même mois des citoyens opposés au projet décide de créer l’association Novissen (Nos villages se soucient de leur environnement).

Le 18 février 2012, une première manifestation réunit 700 personnes à Abbeville.

En février 2013, les services administratifs autorisent une capacité de 500 vaches. En mai 2013, l’association Novissen dépose un recours suspensif au tribunal administratif d’Amiens, elle est déboutée.

Le 12 septembre 2013, la Confédération paysanne tente de bloquer le chantier.

Le 28 mai 2014, le même syndicat agricole tente de démonter les machines de traite.

En juin 2014, le Conseil d’État rejette les demandes de pourvoi de Novissen.

La première traite industrielle a lieu le 13 septembre 2014. À partir de là, et pendant 3 jours, les opposants bloquent les accès à la ferme industrielle.

Les 4 et 5 octobre 2014, 2 vaches de l’exploitation meurent de mauvais traitements.

Le 28 octobre 2014, une manifestation de soutien aux opposants réunit 4 000 personnes à Amiens.

En juin 2015, un employé licencié révèle que le site dépasse le seuil autorisé des 500 vaches autorisées. Le directeur d’exploitation reconnait les faits.

Saisie par les opposants, la préfète de la Somme décide le 28 août 2015 d’appliquer des sanctions :

  • 780 euros d’amende,
  • Astreinte quotidienne de 780 euros jusqu’au retour au seuil des 500 vaches autorisées.

Une étude sanitaire indépendante est ordonnée.

Saisie par les exploitants de la ferme la commission d’enquête donne un avis favorable à l’extension (passage à 800 animaux).

En mars 2016, les associations « L214 et Écologie sans frontières » réclament une visite sanitaire. Elles sont déboutées.

En décembre 2020, la ferme annonce l’arrêt de sa production de lait pour janvier 2021, production qui n’est pas rentable.

Le 22 septembre 2021, le Conseil d’État confirme définitivement et rétroactivement l’amende infligée de 780 euros.

L’abandon du grand projet inutile de la ferme des 1000 vaches aura été un coup de semonce aux lobbies agroalimentaires qui industrialisent le monde paysan. Ces « patrons voyous » qui font fi des normes administratives, ont rencontré une opposition tenace qui a su conjuguer actions sur le terrain et actions judiciaires.

C’est aussi l’abandon d’une production confinée dans un espace clos, doublée de forts risques sanitaires, ainsi que d’un modèle économique qui s’est révélé non viable et destructeur pour le prix du lait dans la profession.

(Cette série « Histoire de l’abandon des grands projets inutiles » sera interrompue pendant l’été, elle reprendra début septembre)

 

 

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