« À la demande du ministère de la Transition écologique, la Dreal Occitanie organise sur le territoire de la région une large consultation des acteurs de la biodiversité, dans le but d’alimenter la réflexion du gouvernement en vue de l’élaboration de la Stratégie nationale de la biodiversité 2021-2030. » Ainsi commence un texte de la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (Dreal), texte qui sur 12 pages tente de dresser un état des lieux des risques pour la biodiversité en Occitanie.(1)

Il se termine par la liste de ces fameux acteurs de la biodiversité où l’on trouve à côté d’une pléthore de missions, offices, agences et organismes de recherches, deux syndicats patronaux (Medef et Cgpme) dont on ignorait qu’ils œuvraient dans le domaine de la biodiversité (les syndicats ouvriers n’étant pas cités, on peut penser qu’ils ne sont pas intéressés). On trouve aussi RTE, le responsable des réseaux électriques, qui, lui, œuvre bien dans la biodiversité mais plutôt côté destruction.

Entre temps la Dreal dresse un paysage de la biodiversité dans notre région. Elle note que « l’Occitanie est ainsi un territoire particulièrement stratégique pour la conservation des habitats et des espèces. L'Occitanie est une des régions métropolitaines les plus consommatrices de surfaces naturelles, agricoles et forestières, avec 3 000 ha artificialisés par an en moyenne. »

En ajoutant cette image - qui ne peut être évoquée que par un technocrate obsédé par sa bagnole et pensant que le commun des mortels ne sait plus compter en mètres carrés ou en hectares - : « Chaque année, c’est l’équivalent d’un parking de 2,7 millions de places qui est artificialisé en Occitanie, soit 5 places de parking par minute (y compris la nuit et le week-end !) ». Sic !

La Dreal liste ensuite les pressions sur la biodiversité qui sont résumées comme suit : « Certaines activités sont à la fois potentiellement fortement impactantes et très présentes en Occitanie : agriculture, urbanisme et construction, tourisme, production et transport d’énergie... »

Tout y est sauf que dans le détail du texte la seule source d’énergie pointée comme dommageable est l’hydroélectricité. Pourtant Il n’y a plus de projet de grands barrages depuis très longtemps et l’impact de ceux qui existent est malheureusement connu mais difficilement réversible. Ce sont donc les micro-centrales qui sont visées !!!

En revanche, pas un mot sur l’éolien qui pourtant stérilise les sols, avec les socles de béton, les pistes de 20 mètres de large pour acheminer les machines, le compactage des aires de travail, les tranchées pour enterrer les câbles qui évacuent l’énergie produite, les locaux techniques… et aussi augmente fortement la mortalité d’espèces protégées comme les chiroptères ou les rapaces que la Dreal a en charge de protéger. Pas un mot non plus sur les nuisances dues au photovoltaïque industriel sur des terres agricoles.

Mais alors que la Dreal consacre justement tout un long paragraphe sur l’avifaune qu’elle a en charge de protéger, elle précise joliment : « Si le projet ou l’activité est susceptible de porter atteinte aux espèces protégées qui sont nombreuses en Occitanie, sous certaines conditions, une dérogation aux interdictions est envisageable pour permettre sa réalisation. »
Et hasard ou pas : elle ne parle donc pas des éoliennes alors que leurs promoteurs demandent souvent ces fameuses dérogations pour pouvoir massacrer à chaque fois plusieurs dizaines d'espèces protégées d'oiseaux et de chiroptères, dont certaines en grand danger.
La question est donc : pourquoi la Dreal, qui connaît l’impact de l’industrie éolienne et photovoltaïque sur la biodiversité, les exclut au moins par omission de l’étude ? Le débat pourrait être du rapport inconvénients/avantages mais non, le sujet n’existe pas.

Une illustration de plus de l’exclusion des politiques énergétiques du champ du débat démocratique.

 

(1) Se reporter à : https://ofb.gouv.fr/la-strategie-nationale-pour-la-biodiversite

Photo: la photo de présentation montre le chantier de Bouriège : comment un tel chantier pour la construction d'éoliennes industrielles n'impacterait-il pas la biodiversité ?