Nous  n'avons jamais connu autant de défaites si rapprochés dans le temps: Gilets Jaunes, Retraites, Grève du climat, révolte des quartiers après la mort de Nahel, Loi sécurité globale, mouvement anti pass sanitaire...

La liste est longue et incomplète. Le constat est glaçant, et nous oblige à nous questionner.

La dernière défaite majeure reste la réforme des retraites. Qui pense vraiment qu'il existait un scénario qui ferait plier le pouvoir sur ce point ?

Le mouvement a tout eu : une durée inédite, des mobilisations massives, des actions hors manif, des aspects insurrectionnels et clairement offensifs, un soutien important de la population....

La réalité, c'est que le pouvoir actuel avait décidé de passer sa réforme réactionnaire coûte que coûte. Et que désormais, dans notre société, il est "accepté" qu'un pouvoir fasse passer (en 49.3 en plus) une réforme dont la majeure partie de la population ne veut pas et qui met des millions de personnes dans la rue pendant des mois.

Le pouvoir actuel le sait et en profite. Et les prochains gouvernements feront de même. Idem du côté des Gilets Jaunes. Comment pouvait-on imaginer qu'une telle révolte n'aboutisse à aucun changement politique, pas même un remaniement ? Le pouvoir a tremblé, s'est barricadé, mais n'a concédé que des miettes.

C'est aussi la force de ce système : non seulement il ne cède pas aux protestations sociales, mais il arrive à se renforcer à chaque séquence, notamment sur son volet répressif, sécuritaire et liberticide.

On se retrouve donc avec l'équation suivante : chaque mouvement de lutte semble voué à l'échec, et donne l'occasion au système de renforcer son arsenal répressif et autoritaire. Faut-il en rajouter ?

Pour autant, il ne faut ni blâmer les personnes qui luttent, ni décourager les prochains mouvements. Mais il faut rester lucide sur cette situation inédite.

L'horizon est-il totalement bouché ? Suffit-il de crier à la convergence des luttes ? Faut-il continuer cette stratégie de l'échec comme  une sorte d'art de perdre* ?

Soyons réalistes, notre société n'accepte plus que la rue puisse donner son avis et influer sur le cours de l'histoire. Le "peuple" est "invité". à "participer" au cérémonial des élections. Mais le taux de participation montre que cette fausse démocratie ne marche pas en terme d'adhésion. Pour que la mascarade marche, il faut un minimum de costumes et les costumes rétrécissent.

Et donc ces élections ne sont en aucun cas une issue pour sortir du système et du monde que nous combattons.

Pour changer la donne, il faut donc changer le système. Et pour changer le système, il faudra le détruire si on pense qu'il n'est plus réformable.

Comment y parvenir ? La question reste ouverte. En sachant que les puissants qui en profitent ne laisseront pas les choses changer sans qu'ils y soient contraints.

* : L'art de perdre, Alice Zéniter, prix Goncourt des lycéens, 2017, Editions Flammarion

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