Dans "chronique d'une mort annoncée", Gabriel García Márquez raconte comment l’ingénuité, la rancœur et les sentiments contradictoires d’une population ont permis et même facilité la volonté aveugle du destin et la mort d'un homme.

En écoutant la presse, commentant sondage après sondage l'inéluctable victoire du Front National dans les prochaines échéances électorales, je me sens replongé dans cet univers des frères Vicario annonçant leur intention meurtrière, la rumeur alertant finalement le village entier, à l’exception de Santiago Nasar. Et pourtant, à l’aube, ce matin-là, il sera effectivement poignardé devant sa porte.
Pourquoi le crime n’a-t-il pu être évité ? Les uns n’ont rien fait, croyant à une simple fanfaronnade d’ivrognes ; d’autres ont tenté d’agir. En vain !

Nous en sommes là ! cette chronique d'une victoire annoncée par la presse m'interpelle et m'interroge.

Sommes-nous destinés à subir cette lente, progressive et mortifère mise en condition qui laisserait penser qu'il n'y a rien à faire, à dire, à revendiquer, à dénoncer,  à crier ?

Sommes-nous à ce point de passivité qui nous ferait accepter par avance ce qui n'est qu'un objectif de la fraction la plus rétrograde de nos populations ?

Sommes-nous à ce point fatigués d'exercer nos derniers droits démocratiques pour laisser les rênes de notre destin à des fous furieux qui n'ont de l'humanité qu'une définition discriminatoire ?

Sommes-nous à ce point égoïstes pour ne pas penser à ce que nous allons laisser à nos enfants comme exemple du laisser faire et de l'abandon de la fierté républicaine ?

Certes, voir l'extrême droite à plus de 35% fait froid dans le dos et laisse entrevoir un avenir peu radieux pour une frange de la population qui souffre déjà et subit le plus lourd tribut de la folie de ce monde.

Toutes les explications sur ces comportements électoraux approchent une partie de la vérité. Si la colère est une émotion saine à réhabiliter d'urgence, il semblerait qu'elle se trompe de côté pour s'exprimer et  la question est pourquoi ?

La colère assume, dit-on, deux fonctions principales et complémentaires : impressionner un adversaire et  préparer notre corps à se battre si nous y sommes contraints

Alors,

Mettons-nous en colère pour impressionner les gouvernants, les exploiteurs, le capital, la fachosphère,

Mettons-nous en colère car nous allons être contraints à nous battre pour préserver nos libertés, notre soif d'égalité et de solidarité, nos objectifs d'émancipation, les valeurs universelles que nous portons.

L'ennemi est tout proche, il se cache sous son visage le plus populiste. On connait ses objectifs mais aussi ses méthodes alors c'est vraiment le moment de se réveiller, pour nous, pour les autres, pour l'humanité.

Pourquoi les partis de gauche, qui prônent plus de redistribution, ne profitent-ils pas électoralement de la forte montée des inégalités que connaissent, depuis plus de quarante ans, les pays démocratiques ?

Comment accepter que la haine des étrangers soit devenu  le centre de nos préoccupations quotidiennes ?

Comment accepter que se développe une information biaisée, haineuse et xénophobe, ethno centrée, toute orientée contre les idées humanistes et solidaires ?

Comment accepter qu'on nous impose le silence, distille la peur, impose la passivité et la renonciation ?

Notre démocratie est malade (voir l'abus de l'utilisation du 49.3), les violences policières ont atteint un  niveau inacceptable, les opposants sont devenus des ennemis de la nation, des terroristes et on voudrait nous faire croire que c'est l'extrême  droite, héritière des factieux, des pétainistes et autres collabos  qui détient la solution ?

A propos de racisme et pour finir une citation d'Edgar Morin : "Le grand remplacement est celui des idées humanistes et émancipatrices par les idées suprématistes et xénophobes".

Il est grand temps de se réveiller !

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