Visa 34 vient de sortir son nouveau bulletin consacré à la gestion des 4 villes tenues par l'extrême droite en Occitanie : Perpignan, Moissac, Beaucaire et Béziers. Ce bulletin a été élaboré à partir des réponses faites par des militants syndicaux et associatifs de ces quatre villes. Nous publions aujourd'hui le bilan consacré à Béziers.

BÉZIERS (Hérault 34)

Robert Ménard, réélu maire en 2020 de Béziers (Hérault) au 1er tour avec 68.74%.

Les syndicats

Lors de la précédente mandature une quinzaine de cadres furent licenciés. Le Directeur général des services (DGS) avait lancé l’offensive contre les organisations syndicales, en déclarant sur un ton menaçant : « Il est fini, le temps où les syndicats ouvrent les portes de la DRH à coups de pied. (…) Nous avons, nous aussi, les moyens de durcir le dialogue social, nous espérons ne pas avoir à les mettre en œuvre. »

Le maire a voulu expulser les syndicats de la Bourse du travail. Il a dénoncé le bail signé en 2007 pour 30 ans.  Aujourd’hui il n’y a plus d’agents d’accueil dans ce lieu.

Un camarade CGT, délégué syndical à la Mairie de Béziers explique : « Je pensais qu'avec l’ancien maire avoir touché le fond de la piscine... mais Robert Ménard m'a démontré que l'on pouvait encore creuser (et profondément) […] Ils se font élire par les franges populaires de la population, se disant défenseurs de leurs intérêts, mais une fois aux affaires, ils n'ont de cesse de s'en prendre à leurs acquis sociaux en mettant en œuvre une politique d'austérité pour les salariés. ».

 Le personnel de la mairie

Des suppressions de postes ont été effectuées à la mairie et à l’agglomération. Il y a eu près de 200 emplois en moins sur 1600 à Béziers alors que le nombre de policiers municipaux a fortement augmenté.

Pour justifier le licenciement de l’ancien directeur de la médiation, le maire avait d’abord invoqué des divergences politiques et « des modalités de confiance ». Le tribunal administratif de Montpellier a considéré ce licenciement comme injustifié.

D’autre part, le maire a décidé d’augmenter le temps de travail des ATSEM et d’imposer des restrictions budgétaires à la Médiathèque et au CCAS.

 Centre-ville

Autre élément dans la gestion de la ville : une volonté manifeste de privilégier le centre-ville (voir l’hyper centre-ville) au détriment des autres quartiers. L’important c’est le paraître : « Tout pour le visible, pour la com’ » dit-on dans la ville. C’est ainsi que la moitié du personnel de nettoiement est déployé sur l’hyper centre-ville. Les autres quartiers sont quasiment abandonnés, hormis les artères à grand passage. Dans le quartier de la Devèze (quartier populaire de 8500 habitants à la périphérie de la ville), il n’y a qu’une seule équipe de cinq à six personnes, il peut donc se passer trois à quatre mois sans qu’il y ait d’intervention…

 Histoire

Au cours d’un meeting du RN pour les élections régionales dans le Var, le maire de Béziers a indiqué vouloir « retrouver notre France, celle de Louis XIV, de Napoléon et si le ministère de l'Intérieur me l'autorise, de Charles Martel. Je veux continuer à vivre dans un pays où l'on parle français et non une espèce de sabir de banlieue, je veux continuer à me promener dans les villages bâtis à l'ombre des églises ». Les époux Ménard sont bien obligés de défendre Jean Moulin, né dans cette ville mais en même temps dans leur livre La Censure des bien-pensants ils demandent l’abrogation de la loi Gayssot condamnant toute contestation de crimes contre l’humanité. Pour eux « Faurisson doit pouvoir s’exprimer ».

Aujourd’hui, ils mènent un combat contre la perte de l’Empire colonial français et commémorent, chaque année, le massacre du 5 juillet à Oran, devant une stèle en l'honneur de quatre assassins de l'OAS (Dovecar, Piegs, Degueldre et Bastien-Thiry). Pour lui c’est « la stèle de ceux qui ont combattu jusqu'à la mort pour l'Algérie française » Et les traîtres sont ceux « qui ont vendu l'Algérie française…

Le 19 mars, jour anniversaire des accords de paix en Algérie, la mairie met les drapeaux en berne et le maire a débaptisé le nom de la rue « du 19 mars 1962 » pour le remplacer par celui du « Commandant Denoix de Saint-Marc », défenseur inconditionnel de l’Algérie française ayant participé au « Putsch fasciste des généraux d’Alger » du 21 avril 1961.

Discriminations et racisme

Le maire, a publiquement affirmé : « il y a 64,6 % d'élèves de confession musulmane dans les écoles publiques de Béziers » prétendant que la mairie disposait de ses propres statistiques en la matière, « grâce aux noms et prénoms ». Il est venu avec des policiers municipaux pour dire à des familles réfugiées de Syrie : « Vous n’êtes pas les bienvenus, vous devez partir ! » remettant en cause l’extension d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (géré par l’État) de 40 places dans la ville.  La mairie s’est illustrée (et a été condamnée) pour avoir publié, dans le journal municipal, une photo de migrants montant à bord d’un train en Macédoine avec l’inscription : « Béziers 3.865 km » et un gros titre : « Ils arrivent ! ».

Après l’élection de Sadiq Khan, à la mairie de Londres, fils d’un chauffeur de bus d’origine pakistanaise, Robert Ménard a tenu des propos racistes, expliquant que cette élection « symbolise le grand remplacement en cours ».

 Associations

Le maire a expulsé l'association biterroise contre le racisme (ABCR) de la Maison de la Vie associative (MVA) en l’accusant d’utiliser une boite aux lettres pour les "clandestins". Puis d’être une association "politique". Là aussi, il a perdu son procès.

D’autre part, la mairie a supprimé les subventions au centre social Arc en ciel du quartier populaire de la Devèze qui a été obligé de fermer ses portes.

 L’extrême droite intégriste dans la ville

Dès le début de son mandat en 2014, Robert Ménard, a décidé d'ouvrir la Féria par une messe dans les Arènes de la ville. Ensuite, il a tenu à recevoir en mairie, et de façon très médiatisée, Ludivine de La Rochère, catholique « ultra » et présidente du mouvement « La Manif pour tous ». Enfin depuis plus de 6 ans, il a imposé une crèche dans le hall de la mairie, en dépit de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État.  Pour lui cette crèche représente « notre attachement à nos valeurs fondatrices, à nos vraies racines ».

Il soutient aussi activement l’association d’extrême droite SOS Chrétiens d’Orient, créé par Benjamin Blanchard.

Robert Ménard a eu, et a encore, des relations avec le courant identitaire, via son premier chef de cabinet, Christophe Pacotte, un des anciens dirigeants du Bloc identitaire. Puis d’André-Yves Beck, fondateur de Nouvelle Résistance, groupe nationaliste-révolutionnaire après avoir été successivement Directeur du service Communication d’Orange et directeur de cabinet à Bollène, deux mairies RN. Robert Ménard était dans le comité de soutien aux membres de Génération Identitaire responsables de l’occupation du chantier de la mosquée de Poitiers et des locaux de SOS Méditerranée. Évidemment, il est également ami avec Renaud Camus, celui qui a développé l’idée du « grand remplacement ».

Très rapidement, Robert Ménard a institué un cycle des conférences pour « libérer la parole » en invitant des gens comme Éric Zemmour, Philippe de Villiers ou Alain de Benoist. Le maire a aussi organisé, en 2016, les rencontres « Oz la droite » regroupant divers courants de l’extrême droite (RN, mouvance identitaire, catholiques traditionalistes) mais aussi des représentants de la droite (Denis Tillinac, Yves de Kerdrel pour Valeurs Actuelles, Jean-Frédéric Poisson issu de la droite sarko-boutiniste)

Pour se démarquer du RN qu’il ne considère pas assez libéral, il cherche à regrouper droite extrême et extrême droite. Ainsi, il a voulu se lancer dans les régionales avec la maire de Montauban, Brigitte Barèges membre des Républicains.

Enfin, dès son élection à Béziers en 2014 puis après au sein de l’Agglo en 2020, Robert Ménard a lancé une mutuelle privée « Ma mutuelle ma santé » dirigé par des proches des milieux catholiques traditionalistes mais aussi par un ancien néo-nazi, Robert Ottaviani. Il n’est pas étonnant de retrouver cette mutuelle dans plusieurs villes dirigées par l’extrême droite.

 École

Robert Ménard avait traité un enseignant de « petit con » ajoutant quelques jours plus tard qu’il ferait déplacer l’enseignant de « sa » ville, et que ce dernier « mériterait une gifle ». L'enseignant a porté plainte et Robert Ménard a été condamné en première instance et en appel. Cette attitude agressive et dépensière n’arrête pas le maire de Béziers car il utilise en fait les plaintes comme des arguments politiques. Cela ne lui coûte pas grand-chose puisqu’il s’agit de l’argent des contribuables.

 La presse

Robert Ménard sait pertinemment l’importance des médias sur l’opinion publique. C’est pourquoi il a créé son journal de propagande municipale (et maintenant dans toute l’Agglo) qu’il diffuse à 78000 exemplaires tous les 15 jours. Et c’est pour cette raison également qu’il a multiplié les dénonciations des journalistes du Midi Libre, allant jusqu’à faire voter le conseil municipal ou à s’en prendre nominativement aux journalistes via la page Facebook de la mairie. Cet ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontière, est devenu aujourd’hui le pire des censeurs de la presse. Il supprime le journal satirique local de la Médiathèque car trop critique envers lui et se réclame contre toute aide à la presse au nom de la liberté (alors que le journal de la ville est entièrement payé par les contribuables biterrois).

 Police

Robert Ménard aime l’ordre, la propriété privée et la vie très policée. Dès 2015 il a lancé une campagne d’affiches municipales : un pistolet 7.65 automatique accompagné de ce commentaire : « La police municipale de Béziers a un nouvel ami ». Puis, il a voulu créer sa propre milice, la Garde biterroise. Il s’agissait pour le maire de « recruter d'anciens militaires, pompiers, policiers, gendarmes ou responsables de sécurité pour circuler dans la ville en uniforme afin de rassurer la population ». Heureusement le préfet de l’Hérault a porté plainte et la délibération votée au conseil municipal a été annulée. Cela dit, la police municipale à Béziers est déjà suffisamment reconnue pour jouer les cow-boys. Et le drame est arrivé en avril 2020 pendant le couvre-feu imposé par la mairie. Ce jour-là, il est 22h et Mohamed Gabsi est interpellé par les policiers municipaux. La scène est violente. Les policiers le font monter à l’arrière de leur véhicule en le maintenant sur le ventre… L’homme est amené au commissariat de la ville. Il est inconscient et tout bleu. Mohamed Gabsi est mort. Aujourd’hui 3 policiers sont mis en examen mais laissés en liberté et travaillent toujours pour la mairie.

Ce que les Biterrois connaissent moins c’est le prix de ce service municipal au détriment d’autres services publics, les charges de personnel de la police municipale ont progressé de 144 % les 3 premières années du mandat de Robert Ménard. En effet, depuis 2014, le nombre de policiers municipaux a été multiplié par 3 (de 41 on est passé à 116 agents). Sans compter les caméras de surveillance qui elles ont été démultipliées dans la ville passant de 90 en 2017 à 200 fin 2020.

 Agglomération

Très récemment, Robert Ménard a obtenu la délégation de plusieurs compétences au conseil de l’agglomération. Derrière cette formulation, il y a une vraie dépossession des pouvoirs au Conseil communautaire. Ainsi Robert Ménard pourra : préparer, passer, exécuter, régler ou résilier tous les marchés. Composer les jurys de concours, les convoquer, indemniser leurs membres. Intenter toutes actions en justice, fixer et régler les honoraires des avocats...  Louer ou donner à bail tout "meuble ou immeuble".  Attribuer toute subvention inférieure ou égale à 23 000€. Procéder à la réalisation de tout emprunt et ouvrir toute ligne de trésorerie dans la limite de 12 M€.  Ou encore exercer le droit de préemption.

 Culture

De nombreuses manifestations culturelles ont été supprimées dès la 1ère mandature. La politique culturelle municipale relève davantage du divertissement ou renvoie au cultuel. Certaines manifestations sont orientées idéologiquement (exposition sur les Gaulois, Sons et lumières « Béziers l’esprit de résistance », conférence sur « Olympe de Gouges et les massacres de 1792 » à la Médiathèque). De nombreux services offerts pas la Médiathèque ou les musées de la Ville ont été supprimés et les heures d’ouverture restreintes.

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